par Les ruines du village fumaient, tandis que le nuage de poussière retombait. Les corps des habitants, taillés en pièces, parfois torturés ou violés, mais en tous les cas tous finalement massacrés, gisaient au détour de chacune des masures en flammes, sur les routes terreuses qui se croisaient au village. Les champs, tout juste moissonnés, n'avaient laissé aucune cachette, pas même pour les enfants.
Au loin, la troupe avançait, lourdement chargée: les charrettes et les animaux de trait volés permettait de transporter le butin, essentiellement composé d'outils de travail des champs, et surtout des récoltes: de nombreux sacs pleins à craquer de céréales, de légumes, d'herbes aromatiques...
Les deux capitaines en tête de la troupe, un gobelin minuscule et un humain presque aussi large que haut, marchaient côte à côte -ou plus exactement, le gobelin trottinait à côté de l'humain qui se forçait à aller moins vite. Le gobelin parlait vite, et avec une voix stridente, très désagréable.
- Ça va vite, pas vrai ? A ce train, on sera prêts pour l'offensive contre les Intalamans deux fois plus tôt que prévu ! Ces imbéciles de paysans sont tout justes bons à exploiter la terre pour nous. Mais pourquoi on les tue, dis ? On devrait les garder en vie, ils continueraient à exploiter la terre, pour nous ! Et puis, une fois les Intalamans annexés, on pourra se tourner vers des objectifs encore plus importants ! On aura donc besoin de ressources sur nos arrières ! Hein ? Dis ! Dis !
- Hummmmmmm...
L'humain semblait fatigué par son nerveux collègue. Sa voix faisait songer à celle d'un Ent, et il répondait presque aussi lentement.
- En prenant les biens de ses bouseux, nous les empêchons de toute façon de survivre ici. Ils s'en iraient, et grossiraient plutôt les rangs de nos ennemis. D'un côté, nous nous assurons qu'ils ne serviront jamais nos adversaires...de l'autre...
L'humain, avec un sourire, se passa la langue sur les lèvres, goulûment.
- ...on leur offre une mort rapide. C'est charitable, pas vrai ? D'ailleurs, on a bien prit du plaisir par la même occasion, avec ces deux filles...toi autant que moi.
Le gobelin fronça les sourcils et balaya le viol d'un geste: ses actes n'étaient que les derniers d'une longue liste, comprenant des choses bien pires. Et il ne comptait pas s'arrêter en si bon chemin.
- Je maintiens que c'est contre-productif, et...
- ET SURTOUT...ce sont les ordres. Arianor veut qu'on terrorise la région. Et il a raison: la peur est le seul moyen de régner sur un peuple...et l'argent le seul moyen d'attirer des gens comme nous.
L'or qu'il voyait déjà comme la récompense de ses services brillait dans les yeux de l'humain. Il jeta un coup d’œil sur la colonne d'une soixantaine de soldats derrière lui: surtout des humains et des orques, mais aussi quelques drows, gobelins, et même trois nains qui fermaient la marche. Une association qu'à son avis, seul l'or permettait de réaliser. Tous, comme leurs deux capitaines, étaient vêtus de cuirasses en cuir ou en métal peint en noir ou en brun. Les nains portaient le seul emblème du groupe: une main rouge crochue, sur leurs trois boucliers.
- Eh, les gars !! Accélérez le pas, on est attendus ailleurs !!
Le gobelin, qui allait déjà aussi vite qu'il le pouvait vu sa petite taille, grommela mais ne dit rien.
- Une fois les tribus et seigneuries annexées à Armor...la puissance de l'Armor sera suffisamment forte pour préparer des expéditions vers le Nord. Là, effectivement, le ravitaillement devra être assuré: les paysans ne pourront de toute façon pas survivre dans les longues plaines herbeuses, sans eau ni nourriture sur d'innombrables lieues. Seules nos armées, dûment ravitaillées, pourront traverser ces régions vides...
Une énième fois, le gros humain se passa la langue, avec avidité sur les lèvres. Ses yeux brillèrent plus encore.
- ...et ainsi s'emparer des richesses de l'Empire d'Eternia !
Le gobelin sourit à nouveau, et les plus proches de leurs hommes murmurèrent. Eternia ! Cet empire au Nord, un mythe depuis plusieurs siècles ! Un monde immensément riche, prospère...et dévoré par des guerres intestines, ravagé ces dernières décennies à deux reprises par des guerres d'une rare violence...bref, un endroit où les richesses n'étaient plus que mal protégées.
Car en ces lointaines contrées au Sud d'Eternia, où discutait cette bande de pillards, une poignée de pièces de cuivre constituait déjà une richesse immense ! Les gens se payaient davantage en échangeant des denrées ou des objets utilitaires. Un seigneur pouvait lever une armée équivalente à celle d'un seigneur d'Eternia rien qu'avec des sacs de blé, tellement les gens crevaient de faim; mais ici, une armée au sens premier du terme, c'était le nom donné à cinquante hommes armés de haches de bûcherons...
Enfin, tout ça, c'était jusqu’à récemment. Jusqu'à ce qu'Arianor, le Roi-Sorcier, ne s'empare violemment de la Principauté Royale d'Anat, déchaînant une puissance magique qui avait balayé les quelques dizaines de soldats composant l'armée de la Principauté. Le Prince-Roi lui-même avait survécut: Arianor l'avait forcé à lui lécher les pieds et à l'implorer, puis en avait fait un serviteur, enchaîné par le cou, à la porte du château -l'un des rares châteaux en pierre de cette région. Puis Arianor s'était proclamé Roi-Sorcier d'Armor, créant de toutes pièces son État, et ensuite il avait levé des armées de mercenaires avec des richesses inimaginables et incalculables, sorties dont ne sait où. Il imposait dans les rangs de ses hommes la crainte, de par ses pouvoirs; la fidélité, de par l'argent qu'il possédait; l'espoir et le désir, de par les richesses qu'il promettait de distribuer quand ils s'empareraient d'Eternia; et la confiance et la foi, de par ses étranges pouvoirs.
Après s'être emparé d'Anat, le Roi-Sorcier avait expliqué ses intentions à ceux sous ses ordres: fédérer toutes les tribus nomades et seigneuries éparses mais nombreuses; puis, avec cette puissance et ces nombreux serviteurs, il s'attaquerait à Eternia, ce royaume où la vie facile faisait les mauvais combattants, et où les richesses abondaient. Il n'avait pas été difficile au souverain auto-proclamé de créer et rassembler rapidement de grandes armées de fanatiques et d'avides. Arianor montait peu à peu un culte de sa personne -un culte sombre comme l'ombre qui l'entourait perpétuellement, où la dévotion devait être totale et l'obéissance la plus absolue.
La troupe à pied continuait son chemin, comme les centaines qui, ailleurs, pillaient également les terres des rivaux d'Arianor, où se regroupaient pour prendre les seigneries les unes après les autres...
Au loin, la troupe avançait, lourdement chargée: les charrettes et les animaux de trait volés permettait de transporter le butin, essentiellement composé d'outils de travail des champs, et surtout des récoltes: de nombreux sacs pleins à craquer de céréales, de légumes, d'herbes aromatiques...
Les deux capitaines en tête de la troupe, un gobelin minuscule et un humain presque aussi large que haut, marchaient côte à côte -ou plus exactement, le gobelin trottinait à côté de l'humain qui se forçait à aller moins vite. Le gobelin parlait vite, et avec une voix stridente, très désagréable.
- Ça va vite, pas vrai ? A ce train, on sera prêts pour l'offensive contre les Intalamans deux fois plus tôt que prévu ! Ces imbéciles de paysans sont tout justes bons à exploiter la terre pour nous. Mais pourquoi on les tue, dis ? On devrait les garder en vie, ils continueraient à exploiter la terre, pour nous ! Et puis, une fois les Intalamans annexés, on pourra se tourner vers des objectifs encore plus importants ! On aura donc besoin de ressources sur nos arrières ! Hein ? Dis ! Dis !
- Hummmmmmm...
L'humain semblait fatigué par son nerveux collègue. Sa voix faisait songer à celle d'un Ent, et il répondait presque aussi lentement.
- En prenant les biens de ses bouseux, nous les empêchons de toute façon de survivre ici. Ils s'en iraient, et grossiraient plutôt les rangs de nos ennemis. D'un côté, nous nous assurons qu'ils ne serviront jamais nos adversaires...de l'autre...
L'humain, avec un sourire, se passa la langue sur les lèvres, goulûment.
- ...on leur offre une mort rapide. C'est charitable, pas vrai ? D'ailleurs, on a bien prit du plaisir par la même occasion, avec ces deux filles...toi autant que moi.
Le gobelin fronça les sourcils et balaya le viol d'un geste: ses actes n'étaient que les derniers d'une longue liste, comprenant des choses bien pires. Et il ne comptait pas s'arrêter en si bon chemin.
- Je maintiens que c'est contre-productif, et...
- ET SURTOUT...ce sont les ordres. Arianor veut qu'on terrorise la région. Et il a raison: la peur est le seul moyen de régner sur un peuple...et l'argent le seul moyen d'attirer des gens comme nous.
L'or qu'il voyait déjà comme la récompense de ses services brillait dans les yeux de l'humain. Il jeta un coup d’œil sur la colonne d'une soixantaine de soldats derrière lui: surtout des humains et des orques, mais aussi quelques drows, gobelins, et même trois nains qui fermaient la marche. Une association qu'à son avis, seul l'or permettait de réaliser. Tous, comme leurs deux capitaines, étaient vêtus de cuirasses en cuir ou en métal peint en noir ou en brun. Les nains portaient le seul emblème du groupe: une main rouge crochue, sur leurs trois boucliers.
- Eh, les gars !! Accélérez le pas, on est attendus ailleurs !!
Le gobelin, qui allait déjà aussi vite qu'il le pouvait vu sa petite taille, grommela mais ne dit rien.
- Une fois les tribus et seigneuries annexées à Armor...la puissance de l'Armor sera suffisamment forte pour préparer des expéditions vers le Nord. Là, effectivement, le ravitaillement devra être assuré: les paysans ne pourront de toute façon pas survivre dans les longues plaines herbeuses, sans eau ni nourriture sur d'innombrables lieues. Seules nos armées, dûment ravitaillées, pourront traverser ces régions vides...
Une énième fois, le gros humain se passa la langue, avec avidité sur les lèvres. Ses yeux brillèrent plus encore.
- ...et ainsi s'emparer des richesses de l'Empire d'Eternia !
Le gobelin sourit à nouveau, et les plus proches de leurs hommes murmurèrent. Eternia ! Cet empire au Nord, un mythe depuis plusieurs siècles ! Un monde immensément riche, prospère...et dévoré par des guerres intestines, ravagé ces dernières décennies à deux reprises par des guerres d'une rare violence...bref, un endroit où les richesses n'étaient plus que mal protégées.
Car en ces lointaines contrées au Sud d'Eternia, où discutait cette bande de pillards, une poignée de pièces de cuivre constituait déjà une richesse immense ! Les gens se payaient davantage en échangeant des denrées ou des objets utilitaires. Un seigneur pouvait lever une armée équivalente à celle d'un seigneur d'Eternia rien qu'avec des sacs de blé, tellement les gens crevaient de faim; mais ici, une armée au sens premier du terme, c'était le nom donné à cinquante hommes armés de haches de bûcherons...
Enfin, tout ça, c'était jusqu’à récemment. Jusqu'à ce qu'Arianor, le Roi-Sorcier, ne s'empare violemment de la Principauté Royale d'Anat, déchaînant une puissance magique qui avait balayé les quelques dizaines de soldats composant l'armée de la Principauté. Le Prince-Roi lui-même avait survécut: Arianor l'avait forcé à lui lécher les pieds et à l'implorer, puis en avait fait un serviteur, enchaîné par le cou, à la porte du château -l'un des rares châteaux en pierre de cette région. Puis Arianor s'était proclamé Roi-Sorcier d'Armor, créant de toutes pièces son État, et ensuite il avait levé des armées de mercenaires avec des richesses inimaginables et incalculables, sorties dont ne sait où. Il imposait dans les rangs de ses hommes la crainte, de par ses pouvoirs; la fidélité, de par l'argent qu'il possédait; l'espoir et le désir, de par les richesses qu'il promettait de distribuer quand ils s'empareraient d'Eternia; et la confiance et la foi, de par ses étranges pouvoirs.
Après s'être emparé d'Anat, le Roi-Sorcier avait expliqué ses intentions à ceux sous ses ordres: fédérer toutes les tribus nomades et seigneuries éparses mais nombreuses; puis, avec cette puissance et ces nombreux serviteurs, il s'attaquerait à Eternia, ce royaume où la vie facile faisait les mauvais combattants, et où les richesses abondaient. Il n'avait pas été difficile au souverain auto-proclamé de créer et rassembler rapidement de grandes armées de fanatiques et d'avides. Arianor montait peu à peu un culte de sa personne -un culte sombre comme l'ombre qui l'entourait perpétuellement, où la dévotion devait être totale et l'obéissance la plus absolue.
La troupe à pied continuait son chemin, comme les centaines qui, ailleurs, pillaient également les terres des rivaux d'Arianor, où se regroupaient pour prendre les seigneries les unes après les autres...
