Un nouvel éclat de rire amusé s'échappa des lèvres du bel homme aux cheveux rouges, alors qu'il considérait Neydrinella avec un regard amusé et tendre. Cela lui avait manqué de discuter de tout et de rien, et surtout des nouvelles, avec la jolie Banshee. Cette fois, bien sûr, il était mieux positionné que jadis pour connaître toutes ces rumeurs, et également leurs fondements même. Il porta son verre à ses lèvres, savourant son vin – blanc, alors qu'il l'avait demandé rouge, mais qu'importait tant qu'il était bon ? – tout en réfléchissant à comment répondre, et en commençant par où.
« Je crains que vous soyez restée trop longtemps loin des événements et que vous aillez de bien mauvaises sources d'information, ma Dame. Ellianne est bel et bien mariée, depuis un bon moment même. Je pense même qu'elle a dû vous parler de ses fiançailles, à l'époque, car elles eurent lieu du temps où vous étiez encore toutes deux dans la Guilde du Phénix. »
Cette évocation ramena d'ailleurs un souvenir à la surface, qu'il fit tourner quelques instants dans son esprit avant de le remettre au jour, se disant que de toute façon c'était là une conversation amicale, rien de plus et rien de moins.
« Je ne pourrais bien sûr en jurer, mais si je ne m'abuse elle vous en parla même en séance publique lorsque vous rejoignîmes la Guilde... J'ai étudié toutes ses apparitions en tant qu'officielle, vous le pensez bien, et j'ai lu ce compte-rendu avec d'autant plus d'attention qu'il se rapportait à vous. Vraiment, je suis surpris que vous ne le sachiez pas... »
Le Spectre balaya néanmoins ce soucis d'un simple haussement d'épaules, se disant que la Banshee devait avoir bien des choses à penser, après tout, et sourit plutôt.
« En fait, ce que peu de gens savent encore – mais vous êtes de la famille, je peux vous faire confiance – c'est qu'elle attend même des enfants, pour bientôt. Mais chut, attention. Ce n'est pas encore une information publique et assez de rumeurs courent déjà sans qu'on parle de futures héritières pour le Trône... même si ce devrait bel et bien être le cas. »
D'un rapide coup d’œil circulaire autour d'eux, le Premier Conseiller vérifia qu'ils étaient encore seuls dans l'établissement, avant de revenir à son verre, rassuré. Aucune oreille indiscrète n'avait visiblement entendu cette confidence.
« À l'inverse, je crains de devoir vous détromper, je ne suis pas marié, encore moins à une pirate, sauf si on a omis de m'en avertir ! Ou plutôt si, je suis marié, puisque nous n'avons jamais divorcé, mais c'était il y a bien, bien, bien des années, bien avant Orkandia même, et je ne l'ais plus revue depuis tout ce temps... Je lui suis encore fidèle de cœur, néanmoins, et je dois bien vous dire que je ne me remarierais jamais plus après elle. »
Un doux soupir un brin mélancolique s'échappa de ses lèvres, avant qu'il ne se secoue et prenne une troisième gorgée de vin pour se changer les idées. Tout cela était bien loin. D'autres temps, d'autres lieux, et un autre lui également...
« Mais je m'égare... Pour en venir aux terroristes dont vous parlez, je dois encore une fois mettre en cause vos informateurs. Il y eut effectivement des attentats il y a peu, ou plutôt un seul, mais nullement populaire. À vrai dire, c'est plutôt Oradroth, le Roi-Félon du Dorthonion, que nous pensons être le commanditaire, qui ferait mieux de ne pas tomber entre les mains de la plèbe. Personne n'avait jamais osé frappé Etemenorkia la Neutre, sauf les Sombres Héros au seuil de la dernière guerre, et cette attaque contre le symbole de sécurité du peuple couplé au rappel de ces sombres circonstances ont mis le royaume auto-proclamé indépendant en bien mauvaise position politique. Les patrons de la pègre eux-mêmes ont mis à prix la tête de leur monarque, ainsi que celle de ses exécutants, qui doivent probablement être déjà morts... »
Bien sûr, personne ne lui avait apporté leurs têtes, mais c'était bien improbable qu'ils aient réussi à échappé aux plus grands criminels du Centre couplés aux services impériaux. Avec un petit sourire, il secoua doucement la tête et fini son verre.
« Mais dites-moi, où avez vous entendues des nouvelles aussi déformées ? Je sais que la rumeur dit tout et n'importe quoi, mais à ce point-là, tout de même... »