Empire d'Eternia

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Empire d'Eternia

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    Diplomatie militaire

    Lupus
    Lupus


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    Message par Lupus Sam 1 Jan - 22:52

    [HRP: pardonnez, mais Medar a une grosse envie de RPiser, je plie donc à ses désirs ^^]

    Divisés en compagnies de cent hommes, les cavaliers lorrains chassaient à travers tout Orkandia. Sans relâche, leurs montures géantes, aux robes d'ébène, amenaient leurs flèches, leurs hallebardes et leurs épées à portées de leurs nombreuses proies. Une fois à portée, les lorrains enjoignaient leurs proies à se rendre: si elles refusaient, le sang coulait aussitôt, aucun refus n'étant toléré.
    Les lorrains n'étaient pas seuls, bien sûr, à poursuivre ce gibier. Les fuyards et survivants des armées Impérialistes et Coalisées étaient traquées par une grande partie des forces de la Blanche Alliance, qui refusait de les voir former des zones de résistances, ou se transformer en bandes de brigands.

    Mais une plus grande force avait été levée, pour une occasion particulière. Entre le Sud du Mil'dor et le Nord de la Forêt de Shanod, le gros de l'Armée Impériale insoumise campait, désormais.
    L'Armée Impériale... Symbole de puissance et de mort. Symbole d'Orkandia. Qui détenait l'Armée Impériale, pouvait facilement détenir tout ce continent: Amras l'avait prouvé, lors de la presque mythique Quête De Succession; il s'était assuré le contrôle de l'Armée Impériale, avait rapidement fait tomber Etemenorkia, et ainsi s'était emparé du Trône Impérial.

    Aujourd'hui, une armée de lorrains et d'alwinionais se dirigeait vers cette force impériale.
    L'armée envoyée par la Blanche Alliance comptait "seulement" cinquante milles soldats; en face, l'Armée Impériale comptait environ deux cent milles soldats impériaux, force d'élite, certes: toutefois, coupés de toute autorité, ils étaient désorganisés et très mal approvisionnés.
    De fait, l'armée de la Blanche Alliance n'était là qu'en dernier recours...

    Car, à sa tête, chevauchait le représentant qu'avait choisit la Blanche Alliance pour traiter avec les généraux impériaux: Calarenne, Comte de Stergen, bombardé chef de l'Armée Impériale un certain temps auparavant. Il était environné par de nombreux soldats alwinionais; toutefois, le gros des troupes était composé de cavaliers lorrains, menés par Vosgiens Elemanquia, qui était placé sous les ordres de Calarenne pour cette mission.

    L'énorme troupe de l'Alliance avançait dans la neige, en une longue colonne. Dépassant enfin la lisière Nord de Shanod, l'armée se déploya sur le haut plateau sur lequel elle venait d'arriver. La première ligne resta en retrait de la descente, cachée à l'immense campement placé au centre de la vallée...
    Le campement s'étendait dans toute la longue et large vallée. Les tentes étaient ordonnées, et des feux brillaient ça et là sur la neige blanche; mais il y avait peu de sentinelles, et d'ailleurs les rares impériaux visibles vaquaient à des occupations qui n'avaient rien de martial: aucun éclaireur n'avait donc prévenu de l'approche d'une grosse armée... En fait, malgré son ordonnancement, le campement montrait les traces d'un certain laisser-aller: ici et là étaient des tas de détritus, et les chevaux étaient laissés sans gardes et libres de leurs mouvements, à bonne distance des tentes: cible facile s'il en est...

    Vosgiens et une dizaine de ses hommes s'avancèrent au bord du plateau. Le lorrain se tourna vers Calarenne, qui, a ses côtés, était également environné de sa garde alwinionaise.


    - Alors, mon Maréchal ? Quand pensez-vous ? On y va à la charge tout de suite, ou l'on tente de négocier ?
    Ellianne
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    Message par Ellianne Dim 2 Jan - 1:15

    La guerre avait été sanglante, dans bien des sens du terme. Elle avait saignée à blanc le continent Orkandien, et réduit le puissant Empire d’Amras Telemnar à l‘état de ruine fumante. Les Sombres Héros n‘avaient peut-être pas réussi à prendre le pouvoir, mais ils avaient tout de même semés le chaos et l‘anarchie. C‘était la raison pour laquelle, après la reprise d‘Etemenorkia la Fière, le symbole de l‘unité d‘Orkandia aujourd‘hui en cendre, alors que l‘Empereur et le Gouverneur était introuvables, et que les Gardiennes se retiraient ou ne donnaient plus de nouvelles, il avait rejoint, en tant que Chef des Armées Impériales et représentant de Pouvoir Impérial, la Blanche Alliance. Son autorité avait suffit à faire déposer les armes aux soldats de l‘Armée Impériale présents dans la Capitale ou qui arrivaient en retard à la bataille, et même à leur faire joindre les forces de cette nouvelle puissance.

    Vu que les forces de la Coalition avaient été écrasées à Etemenorkia, que les Anti-Héros étaient pour la plupart morts ou en fuite aux quatre vents aux dernières nouvelles, et que les troupes Impérialistes, majoritairement affiliés à l’Ordre du Phénix ou aux Gardiens de la Forêt, s’étaient rangées sous l‘autorité combinée d‘Ombre et d‘Ellianne, dernières représentantes « joignables » de leurs deux alliances, la paix avait pu être instaurée. Une paix pourtant fragile, et il s’était mis à la tâche, avec d’autres, pour la consolider au plus vite. D’autres se chargeaient de traquer les différents seigneurs encore possiblement animés d’intentions belliqueuses. Lui avait proposé et obtenu de gérer ce qui était sans doutes la plus grande des menaces : l’Armée Impériale. Il suffisait qu’un Général ou un Capitaine de Régiment réussisse à prendre la tête d’une partie assez conséquente de cette puissante Armée, et le conflit recommencerait tôt ou tard. La puissance de l’Armée Impériale, si elle était assemblée en un seul endroit, écraserait la Blanche Alliance.

    Mais l’Armée Impériale était fragmentée entre de nombreux lieux de l’Empire. C’était cette division, nécessaire à la sécurité du territoire impérial, qui avait permis cette folie des Sombres Héros. Mais c’était également sur elle qu’il avait tablé pour rassembler les lambeaux de cette force si puissante autours du nouveau pouvoir qui se bâtissait en Etemenorkia. Aux dernières nouvelles, Ombre avait été nommée Régente, et les Lorrains rédigeaient une Charte Impériale qui devait mettre sur pied un régime matriarcal pour un nouvel Empire. De là à penser que la Drow serait sacrée Impératrice dans un avenir proche, il n’y avait qu’un pas, mais cela ne le regardait pas. Il avait négocié de façon plus ou moins officiel un haut rang dans la nouvelle Armée Impériale, celui de Maréchal, et Ellianne, comptant sur un rand de Duchesse ou d’Archiduchesse, qui devaient être les plus hauts de la hiérarchie du nouvel Empire, et l’avait nommé Comte dans la foulée, pour lui donner une certaine autorité si nécessaire. Leur position serait donc aussi bonne que dans l’ancien Empire, peut-être meilleure…

    En attendant, il fallait réussir à le fédérer, cet Empire. Et deux cents milles Soldats Impériaux, l’élite des forces armées Orkandiennes, groupés en un campement, assez proche de la Capitale pour l’attaquer, pourraient être un sérieux frein à cette fédération. C’était pourquoi il chevauchait, entouré de sa Garde, et d’une force de cinquante milliers de Lorrains, montés eux-aussi. Sa propre escorte ne comptait qu’une centaine de guerriers Centaures, plus une dizaine de Guerrier d’Argent, nés pour la Bataille d’Etemenorkia et qui n’étaient pas tous morts dans le combat, montés sur des Licornes des Brumes qui semblaient les accepter comme des cavaliers naturelles pour elles. Il avait également avec lui cinq autres Impériaux, trois officiers et deux hérauts rescapés du massacre, affin de mieux asseoir son autorité. Et, bien sûr, passé à l’un de ses doigts, à côté de sa veille bague d’intendant, le symbole des Gardiennes et de l’Empire. Le plus important.

    Le campement impérial fût décevant, même si cela servait leurs buts. Une fois que l’Empire serait lancé, de grandes réformes devraient être faites. Certains officiers dataient encore de l’époque d’Asahi ou du début de l’Empire d’Amras, et n’étaient en poste que par le soutiens qu’ils avaient témoigné à l’Empereur lors de son arrivée au pouvoir. Il comptait bien réformer en profondeur tout cela, et faire en sorte que des forces bien plus importantes ne soient laissées aux abords de la Capitale. Aux premiers jours, Etemenorkia avait été un symbole que nul n’aurait osé attaqué, tant elle était l’incarnation de la liberté et de la victoire sur les ténèbres. Ils avaient cru que seule l’absence de quelqu’un au pouvoir avait permis la déferlante de violence lors de la Quête de Succession qui avait suivit la disparition d’Asahi, et qu’avec un Trône fort le symbole serait encore assez puissant pour tenir à distance les foudres de guerre qu’abritait le continent. Ils avaient eût tord, l’assaut de la Coalition des Sombres Héros et du Concile d’Antion l’avait prouvé. Ils ne ferraient plus la même erreur.

    D’une légère pression de ses genoux sur les flancs de son si fidèle destrier, qui ne l’avait pas abandonné même au cœur du Palais occupé par les forces ennemies, il partit de concert avec le commandant lorrain, placé sous son autorité. Il était heureux que ce soit lui, car c’était sans doutes le lorrain qu’il respectait le plus, entre tous. Assez expérimenté et assez doué pour avoir son respect, tout en ne faisant pas partie de la famille d’Ellianne, comme Julius ou Caïus, qui de toute façon lui paraissaient toujours bien jeunes. Les dix Guerriers d’Argents l’accompagnaient, ainsi que les cinq Impériaux, alors que dix Lorrains suivaient le Comte de la Frontière de l’Est, jusqu‘au bord du plateau surplombant la vallée où campait l‘Armée Impériale.


    « Alors, mon Maréchal ? Quand pensez-vous ? On y va à la charge tout de suite, ou l'on tente de négocier ? »

    Et maintenant c’était Vosgiens qui lui donnait du « Maréchal ». Il était assez vieux et désabusé pour y trouver un amusement cynique, et il hésita même un instant à lui rendre la politesse, avant de se dire qu’il valait mieux prendre les bonnes habitudes tout de suite...

    « La charge ? Bien sûr que non. Nous sommes sensé régler ceci pacifiquement, sire de Arnis. L’Empire que nous avons prétentions de fonder sur les ruines de la puissance Orkandienne a besoin tant de vos hommes sur sa frontière orientale que de ceux-ci dans ses casernes. Même si présentement il ne payent pas de mine, ils n’ont sans doutes pas jeter leur équipement aux orties, et ils ont reçu le meilleur entraînement de l’Empire. Point ne remet en doute la bravoure des Enfants de Lorraine, mais un combat ici présent ne serait pas forcément à notre avantage, et dans le meilleure des cas nous ne gagnerions que des dizaines de milliers de morts dans les deux camps. »

    Les Soldats Impériaux étaient en effet quatre fois plus nombreux, et une fois que le combat aurait commencé, ils se reprendraient et riposteraient. Ils n’étaient peut-être pas capables de se commander seuls et leurs officiers étaient sans doutes peu compétents, mais les simples soldats de cette armée ne se rendraient pas sans combattre, et les pertes auraient été terribles.

    « Le bon droit est pour nous, car je suis porteur de la volonté impériale, ou de ce qu’il en reste. C’est l’autorité de l’Empereur Telemnar qui m’a nommé Chef de ces Armées, et la plupart m’obéiront par devoir. S’il en reste pour se rebeller contre nous, une fois décompter ceux qui suivront simplement le poids du nombre, nous pourrons les écraser à moindre frais en vie. Ne gaspillons pas les hommes qui seront ferments de la stabilité du nouveau pouvoir. »

    Il fit un signe aux deux hérauts, tout en prenant son air de commandement absolu, encore plus rigide et autoritaire que d’habitude, l’air d’un seigneur commandant aux bouseux, l’air d’un Général s’adressant à des inférieurs. Celui que comprendraient les Impériaux.

    « Que vos hommes se tiennent prêt à se déployer en vue du campement, de la façon la plus impressionnante qui soit à votre signal, et à charger à un autre. Et à s’arrêter à un troisième, tant qu’à faire. Vous, vous m’accompagnez. Allons. »

    Sur ce dernier mot, les hérauts portèrent leurs cornes à leurs lèvres et firent tonner le signal des Armées Impériales pour celles qui étaient en contrebats. Les choses étaient claires : il venait en tant que représentant officiel de l’Empire. L’un des derniers, pour un Empire en ruine, mais ils étaient dans le même cas. La surprise provoquée par ces cornes et cette petite trentaine de cavaliers descendant vers eux derrière lui serait au moins aussi grande que celle qu’aurait généré cinquante milles cavaliers les attaquant. Il connaissait les Impériaux : au fond, il en était un…
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    Message par Lupus Dim 2 Jan - 9:03

    « Que vos hommes se tiennent prêt à se déployer en vue du campement, de la façon la plus impressionnante qui soit à votre signal, et à charger à un autre. Et à s’arrêter à un troisième, tant qu’à faire. Vous, vous m’accompagnez. Allons. »

    Vosgiens fit un signe de main à l'un des lorrains qui appartenait à la première ligne de l'armée. Celui-ci se mit aussitôt à distribuer des ordres par geste, et bien vite il disparut à la vue de la troupe qui descendait du plateau.
    En cas de problème, les lorrain chargeraient sur deux lignes, donc longues chacune de vingt-cinq milles hommes. Ce serait peut-être suffisant pour enfoncer les premières lignes de soldats impériaux et permettre à Calarenne de se retirer, en cas de problème.
    Car dans le fond, cette force de cavaliers tous vêtus de noir n'avait aucune chance de l'emporter: chacun d'eux le savait parfaitement. A moins que les impériaux se laissent tailler en pièces, l'armée envoyée ici ne vaincrait pas. Il ne s'agissait que d'une protection pour Calarenne, et éventuellement d'un premier moyen de saigner cette armée adverse. Les lorrains estimaient que face à l'Armée Impériale, avec une grande charge, ils pouvaient causer autant de pertes chez l'ennemi que l'ennemi leur en infligerait... Ils étaient habitués aux combats suicidaires, depuis la Quête De Succession...

    En descendant, Vosgiens se mit à grommeler. Il n'aimait guère les soldats impériaux. Rares étaient les lorrains qui les aimaient: trop d'entre eux avaient de sombres souvenirs de la Quête De Succession, et en premier lieux la trahison des impériaux envers le camp Loyaliste au profit du camp d'Amras et Gorath. Et la Controverse d'Etemenorkia n'avait que renforcés ces sentiments.
    Vosgiens considérait qu'une armée qui avait trahit une première fois était tout à fait capable de trahir une seconde fois. Aucun soldat impérial qui avait servit autrefois les Loyalistes ne semblait être resté en vie: tous ceux qui restaient avaient donc rejoint le camp d'Amras ou avaient été recrutés sous lui. Voilà comment réfléchissaient les lorrains: le seul engagement qu'ils avaient trahit était un engagement imposé, et qui était devenu caduque quand ils avaient apprit l'existence de certaines machinations...
    Bref, il ne fallait pas trop s'étonner qu'il soit prêt à tuer sans discuter les hommes du campement vers lequel il descendait, fût-ce au prix de sa propre vie et sans discutailler.
    Et puis, Calarenne lui avait donné du "sire de Arnis"... Vosgiens avait certes ce titre, mais il ne l'aimait guère. Tout comme Lupus préférait se faire appeler par son nom, Vosgiens préférait qu'on l'appelle par son prénom.
    Et surtout, même si c'était vrai, Calarenne avait appelé Amras "l'Empereur"...on ne conteste malheureusement pas un supérieur pour la langage qu'il emploie, même si sur le coup, Vosgiens avait eu envie de montrer ses longues canines d'un blanc pur...

    Bref ! Les voici donc qui arrivaient enfin aux tentes. Des gardes impériaux, hâtivement armés et casqués, les arrêtèrent. Ils déclarèrent qu'ils voulaient voir le plus haut responsable, et les impériaux les escortèrent vers une tente un peu plus grande que les autres.
    Les soldats lorrains restèrent en selle, silencieux dans leurs longs manteaux noirs; Vosgiens démonta avec raideur, atterrissant lourdement sur le sol. Nerveux, il suivit Calarenne et ceux qui les accompagnaient sous la tente, dont un soldat impérial tenait ouvert un pan.

    L'intérieur de cette grande tente ronde était recouvert de lourdes tentures ocres et vermeilles. Le mobilier était pour sa part très simple, hormis deux coffres, dont l'un, ouvert, laissait apparaître les éléments d'une lourde armure de guerre rouge sang -ou était-ce les tentures qui se reflétaient sur le métal ? Après quelques dizaines de secondes d'attente, celui qui était de toute évidence leur "hôte" entra à son tour.
    C'était un grand ourouk-haï, presque aussi grand qu'un lorrain. Vosgiens croisa fugitivement le regard orangé avec ses yeux jaunes. L'ourouk-haï était vêtu d'une tunique et d'un pantalon également rouges, confirmant ses goûts: jusqu'au fourreau et à la poignée de l'épée, presque tout sur lui était de cette couleur, avec quelques variances dans les tons. Les cheveux noirs et longs étaient serrés en un chignon à l'arrière de la tête. Le nez aplatit reniflait longuement, comme en témoignaient les pincements réguliers et longs des narines. Les crocs de l'orque n'étaient pas découverts.
    D'autres officiers impériaux entrèrent à leur tour: certainement son état-major: un autre orque, aux yeux blancs et à la langue rouge vermeil qui léchait ses lèvres noires ; deux humains qui semblaient servir de paladins, assez quelconques dans leurs traits ; un nain qui fixait tour à tour les visiteurs en jouant nerveusement d'une hachette ; trois elfes, dont un aux cheveux sombres qui était sans aucun doute une Ombre ; une dryade et un minotaure ; et même un hobbit. Vosgiens ne put s'empêcher de noter l'absence de représentation des races qui avaient beaucoup servies dans les rangs des Coalisés: peuple maudit, démons, peuple marin et elfes noirs...

    Tout cela ne dura qu'un instant. Les impériaux firent rapidement face en une ligne aux représentants du nouveau pouvoir; l'ourouk-haï était en avant de ses compères. Vosgiens se redressa discrètement de toute sa haute taille: seul le minotaure le dépassait.
    Mais qui devait s'incliner en premier ? Les généraux impériaux d'une puissante armée, ou le chef d'une armée membre du nouveau pouvoir ? La question était sans doute plus épineuse encore vis-à-vis de Calarenne: si les impériaux refusaient de s'incliner en premiers, c'est qu'ils ne reconnaîtraient certainement pas le pouvoir du Maréchal... De son côté, Vosgiens n'avait aucune envie de courber le dos devant ces impériaux qui avaient servit des ennemis des lorrains...
    Finalement, après quelques secondes d'hésitation, le lorrain s'inclina le premier, avec raideur, déglutissant avec aigreur...
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    Message par Ellianne Dim 2 Jan - 15:47

    Calarenne était au fait des sentiments particuliers des Lorrains pour l’Armée Impériale. C’est-à-dire envers lui, au fond. Car il faisait partie des officiers impériaux qui, au temps de la Quête de Succession, avaient trahis le camp qui se réclamait « Loyaliste » pour le camp ennemi, qui n’était alors pas clairement celui d’Amras mais un assemblage nébuleux de force cherchant le chaos ou le pouvoir, et dont les représentants étaient plutôt Gorath ou Nabuchodonosor. Il ne l‘avait pas vraiment fait pour aucun d‘entre eux, quoiqu‘il aurait volontiers suivit l‘Elfe Sombre si l‘occasion c‘était présenté pour lui de saisir le pouvoir, mais bien plutôt pour lui-même. Il était alors, dans la vacance entre le départ de Medar et l‘arrivée d‘Ellianne, le seigneur de fait de ce qui était l‘Anok, et il n‘avait jamais cru en la cause des « Loyalistes ». Il avait simplement manœuvré pour que Lupus de Lorraine, qui assurait alors le commandement forces extérieures qui s‘étaient rassemblées pour secourir Etemenorkia, lui accorde sa confiance et le charge même d‘assurer une partie de l‘assaut… Partie qu‘il c‘était fait une joie de saboter, tirant partit de cet acte autant que de son rang et de son soutient pour assurer sa position.

    Pourtant, lui non plus ne se considérait nullement ni comme un félon ni comme un traître. Il n’avait nullement juré fidélité au camp « Loyaliste ». Seulement à Asahi, et aux Cinq en haut de leur Tour, dont elle tenait son pouvoir. Une fois la Dame disparue, il n’en devait donc qu’au Cinq, dont les représentants encore présents sur la scène politique étaient Gorath, Nabuchodonosor… et Amras. Tel était son point de vue à lui sur la fondation de l’Empire Orkandien qui avait succédé au règne de la Dame Asahi. Les Gardiens des Clés avaient assurés, comme il se devait, la charge du pouvoir. Mais aujourd’hui les Gardiens étaient perdus on ne savait où, et les Cinq avaient eux aussi mystérieusement disparu. Il considérait donc comme arrivés a terme ces serments qui l’avaient lié au pouvoir de la Tour, ce qui expliquait sa présence ici, en tant que porte-parole d’un nouvel Empire naissant des ruines de l’ancien. De nouveaux serments devraient être prononcé, et les anciennes trahisons effacées. Car pour lui, les Lorrains avaient bel et bien trahis lors de la Seconde Bataille d’Etemenorkia… Non pas que ça le gêne. La trahison faisait partie de la nature humaine… ou approchante.

    Et ainsi Vosgiens de Lorraine, le second de Lupus, chevauchait-il à ses côtés ce jour, alors qu’il descendait vers l’Armée Impériale, entouré de ses Impériaux et de sa Garde d’Argent. Il avait eût au cours de ces derniers mois un bon aperçu de la société « Lorraine » dans son ensemble, et il avait lu les rapports. Il savait les sentiments au moins des héritiers de l’homme-loup pour leurs titres de noblesse, et particulièrement leur plus ancien. Mais ce n’était pas ça qui allait l’empêcher de lui rabattre du « sire de Arnis », puisqu’il avait attaqué en lui donnant son grade. Autant qu’il s’habitue tout de suite au formalisme impérial s’il voulait en user lui-même, et puis, même s’il savait que la trahison était humaine, si on lui donnait de petites occasions de « piquer » les Lorrains, comme en leur rabattant leurs propres titres, appartenant à leur propre culture, ou en rappelant qu’Amras Telemnar avait été le Premier Empereur d’Orkandia et le Second Souverain d’Etemenorkia… Il n’allait bien entendu pas s’en priver. C’était mesquin, mais la mesquinerie aussi été humaine, et cela faisait partie des choses qu’il partageait avec eux, comme la fourberie ou diverses autres petites choses agréables et utiles…

    Leur petit groupe arriva finalement devant une troupe d’Impériaux qui s’étaient armés à la hâte, et ils stoppèrent leur monture. Le plus gradé de ses officiers demanda à voir le Haut-Commandement local, et, en vue de leur uniforme, avec leurs grades bien visibles, et de la façon dont-ils s’étaient annoncés, les soldats ne discutèrent même pas. Ils se contentèrent de les mener vers une tente un peu plus grande que les autres, reconnaissable aux oriflammes de la Légion qui claquaient au vent au-dessus de ses piquets. Les Lorrains restèrent à cheval devant la tente, sauf Vosgiens, qui mit pied à terre, alors que tous les hommes de Calarenne, Impériaux et Alwinionais, entraient tous dans la tente avec lui. Une tente tendue de lourds draps pourpres. Avec, dans un coffre, une armure couleur de sang, d’excellente facture et à la forme évocatrice pour le Spectre. Cela, plus les bannières qui claquaient au vent, dehors, suffit à le renseigner sur l’identité de celui qu’ils allaient rencontrée. En tant que Capitaine de la Garde, dans la Capitale, et possédant sa propre unité, il connaissait les autres puissants Capitaines, les plus importants… Ceux qui étaient susceptibles de prendre le commandement en tant que Généraux dans des situations telles que celles-ci…

    Il ne fût donc pas surprit de voir entrer un puissant et colossal Orque Uruk, tout de rouge vêtu, qu’il savait être l’un des plus sanguinaire, même parmi les Capitaines Orques. C’était pour cela, disait-on, qu’il avait fait du rouge sa couleur fétiche. Il était fier, aussi, ce qui n’arrangerait sans doutes pas les choses. Son état-major entra à sa suite, comportant un autre Orque de moindre envergure, deux Humains, trois Elfes, dont un Ombre, un Nain, une Dryade, un Minotaure et un Hobbit. Il les connaissait de vue, et plus particulièrement l’Ombre et le Nain de réputation. Quant au Hobbit et à la Dryade, il les connaissait mieux encore. C‘était lui qui avait fait entré le Semi-Homme dans l‘Armée Impériale, et la Dryade était l‘une de celle qui avaient suivit Nabuchodonosor de Babel au temps de la Quête de Succession, et s‘était rangées du côté d‘Amras lors de sa prise de pouvoir. Même si de l‘extérieur elle semblait généralement impénétrable, hermétique et cloisonnée, l‘Armée Impériale était tissée de ce genre de relation, comme toutes les grandes armées, et comme tous les organes politiques. Ainsi en était-il du temps d‘Asahi, ainsi en serait-il aussi sous ce nouvel Empire.

    Lui et l’Uruk se regardèrent un long moment en chien de faïence, chacun jaugeant l’autre. La dernière fois qu’ils s’étaient croisés, ils étaient du même rang, et faire se soumettre cet animal ne serait sans doutes pas une mince à faire. Le silence se fit peu à peu pesant, mais chacun des deux grands Capitaines fixait l’autre dans les yeux. Finalement, Vosgiens s’inclina avec raideur devant le commandement de l’armée assemblée. Comme s’ils n’attendaient que cela, les Guerriers d’Argent suivirent le mouvement. Après quoi, dans un ensemble parfait discrètement initié par la Dryade, les Impériaux saluèrent-ils, tous les quinze, tant ceux qui étaient venus avec lui que ceux qui étaient là.


    « Gloire à l’Empire ! »

    « Gloire à l’Empereur ! »

    « Gloire à l’Empereur ! »

    Les deux officiers supérieurs saluèrent à leur tour à la façon des Impériaux, leur poing frappant leur cœur avant qu’ils ne s’incline militairement. Ainsi le protocole était-il respecté : d’abord les non-Impériaux, puis les Impériaux, puis les commandants. Comme s’il ne c’était rien passé… Mais ils savaient tous que c’était bien loin d’être le cas…

    « Gloire à lui en effet, mais qui est Empereur ? Nous avons reçu des nouvelles d’Etemenorkia. On dit que l’Empereur Telemnar a trouvé la mort dans la bataille, ainsi que Gorath le Semi-Orque. Au nom de qui nous sommes nous salués, Calarenne de la Garde des Vétérans ? »


    « Vos nouvelles sont erronées, alors. L’Empereur Telemnar est porté disparut, nous ne savons ce qu’il est advenu de lui. En attendant qu’il revienne ou que lui soit trouvé successeur, nous nous sommes salués au nom de l’institution impériale, Grak-Kul de la Garde Rouge. »

    Leur ton à tous les deux était raide et formel, car chacun d’eux était habitué à commander et à être obéit, et chacun d’eux savait la valeur de l’autre. Calarenne ne se voilait pas la face : les Uruks étaient les plus intelligents des Orques, et si Grak-Kul était arrivé à son post, ce n’était pas par ses seuls exploits guerriers sur le champ de bataille, mais aussi par sa ruse et sa valeur de commandant. La discipline c’était certes grandement relâchée, l’Orque n’étant pas un grand amateur de celle-ci, mais si on lui laissait cinq minutes il écraserait la force Lorraine en un instant.

    « Et que fais-tu avec ce traître, Calarenne ? Les Lorrains nous ont tourné le dos à Etemenorkia, si cette information-là n’est pas fondée sur du vent. »

    « Elle ne l’est pas, mais une grâce a été prononcée par le Gouvernement transitoire. »


    « Et quelle est son autorité ? »

    « La mienne. Et à travers moi celle de l’Empereur. Ou bien tes informateurs ne t’auraient-ils pas rapportés que j’ai reçu le commandement conjoint des Armées à Etemenorkia ? Si ce n‘est pas le cas, laisse moi te le montrer par ce gage. »

    Il leva la main droite, où l’Anneau de Saphir brillait de mille feux à côté de son antique bague d’Intendant qui luisait doucement pour mieux souligner la pierre bleue. L’Uruk hocha la tête, non sans une certaine raideur toutefois.

    « De plus, je suis, comme tu le sais, attaché à la Dame Ellianne. Sœur adoptive de son Altesse Firios, fils et seul héritier de l’Empereur Telemnar. Vu que le Prince Firios c’est retiré pour l’heure avec sa mère, Dame Sélène, Gardienne de la Capitale, après avoir confié la garde à ma suzeraine, et que les autres Gardiennes n’ont pas donné signe de vie, ma Dame est donc par lignage la plus proche représentante de Sa Majesté Impériale. »

    « Et tu comptes bien la mettre sur le Trône, hein ? »

    « Elle n’a pas besoin de moi pour ça, crois-moi, Sélène l’a élevée… En outre, les forces de la Blanche Alliance formée pour combattre les derniers éléments avides de guerre des deux camps, la majorité des Impérialistes, les Impériaux restant du centre et les trois-quarts à peu près des Impériaux de l’Extérieur nous ont déjà rejoint sous la même bannière. »

    Les chiffres étaient à peu près vrais, la prétention d’Ellianne… bah, c’était pas vraiment faux, en fait il n’en savait rien. Mais l’important c’était qu’il se range aussi sous cette bannière, une fois l’Armée dans ses casernes il ne pourrait plus faire grand-chose…

    « Que veux-tu ? »

    « Savoir si tu veux rester fidèle à l’Empire et nous rejoindre ou devenir félon en continuant de proclamer ton indépendance. J’ai ici une armée, et si même tu parviens à la vaincre j’ai d’autres troupes pour te faire rendre gorge. Tu peux nous rejoindre et conserver ton rang, voir l’augmenter, ou nous combattre, nous causer de grands tracas et finalement mourir... »

    Les choses étaient clairement posées, et sa proposition faite derrière l’apparence de la simple déclaration : plus de pouvoir si l’Uruk rejoignait la bannière du nouvel Empire…


    Dernière édition par Ellianne le Dim 2 Jan - 19:04, édité 1 fois
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    Message par Lupus Dim 2 Jan - 18:48

    Intérieurement, Vosgiens bouillait. Il eût été un homme du tempérament de Lupus, de Caius ou de Julius, il se serait déjà transformé en loup et aurait sauté à la gorge de l'ourouk-haï...heureusement pour le lorrain, il était d'une naturel beaucoup plus prudent et méfiant que ses proches. Se faire qualifier de traître par un soldat impérial...aux yeux des lorrains, évidemment, les impériaux méritaient au moins autant qu'eux-mêmes ce genre d'épithètes.
    Et puis, les lorrains avaient apporté au nouvel Empire l'allégeance d'une partie des armées Coalisées, comme Ombre et Ellianne avaient apportée celle du gros des impérialistes: Lupus était le dernier des Sombres Héros, même sans l'être tout à fait. Dans les deux cas, seules des bandes de fuyards étaient poursuivies...si ça, ce n'était pas une preuve d'union...
    En tous cas, Vosgiens s'énervait, même s'il n'en montrait rien. Une grâce ? Et puis quoi encore ! Comme s'il y avait quelqu'un pour le gracier, à Etemenorkia ou ailleurs ? Un soldat n'avait à répondre que devant son propre seigneur. Et ces deux-là le savaient parfaitement, le lorrain en était persuadé...

    De même, la proposition de Calarenne à Grak-Kul l'énervait au plus haut point. Les lorrains, à la société basée sur l'armée, ne connaissaient que la méritocratie. Même si certains seigneurs orkandiens pouvaient considérer Lupus habile orateur, ce n'était en rien un politicien manipulateur. En diplomatie, un lorrain ne cachait rien: il restait poli et courtois...ou essayait, sans plus.
    Aussi, proposer à cet orque un plus haut rang avec pour seule justification qu'il ait rejoint le "bon camp", voilà qui n'ajoutait qu'au ressentiment de Vosgiens.

    Et autre chose s'ajoutait. Il coula un regard furtif vers Calarenne, pendant moins d'un dixième de seconde.

    "Génial ! Imbécile de pauvre crétin d'alwinionais ! Rien de mieux que de lui révéler que nous avons une armée derrière nous, au lieu de lui laisser penser qu'on est seulement cette délégation restreinte !"

    Quant aux prétentions d'Ellianne...quelle valeur avaient-elles, au fond ? Amras lui-même ne s'était emparé du pouvoir que par la force et la traîtrise...sa légitimité ne tenait que de sa victoire à Etemenorkia. Quiconque le jugeait véritablement légitime héritier de la Reine Asahi se voilait la face. Sa seule légitimité, celle que n'importe qui sur cette terre pouvait brandir, c'était celle de la force. Et sur ce point-là, il n'y avaient que les circonstances qui avaient été favorables à la Blanche Alliance et à Ellianne...

    Finalement, estimant que s'il en entendait plus, il ne pourrait se contenir, Vosgiens éleva sa voix rauque et éraillée:

    - Excusez-moi, mon Maréchal...Capitaine...mais je ne vous sers à rien ici. Je vais me retirer et vous attendre dehors.

    "Mon" Maréchal, parce qu'il avait été placé sous les ordres de Calarenne. "Capitaine", parce qu'il n'avait aucun devoir envers l'orque. Et sans attendre, le lorrain sortit: il n'appartenait pas à l'Armée Impériale, et considérait donc que les ordres que Calarenne pouvait lui donner se limitaient à la stratégie et au combat avant tout, pas à ses sentiments personnels.

    Sitôt le pan rabattu, le lorrain rabattit la capuche sur sa tête, plongeant son visage couvert de cicatrices dans l'ombre. Il se planta à côté des autres lorrains, toujours sur leurs montures, immobiles: le groupe était à une vingtaine de mètres de la tente.
    Un autre lorrain bougea enfin, se laissa glisser avec aisance de sa selle et vint se planter aux côtés de Vosgiens. Tous deux fixaient le bord du plateau, où était toujours dissimulée l'armée.

    - Je n'aime pas ça, grand-père.
    - Parce que moi j'ai l'air d'aimer, ma petite Siana ?

    Leurs manteaux les recouvrant, leurs capuches rabattues, Vosgiens et sa petite-fille étaient semblables à tout autre lorrain: une grand ombre noir, à la face dissimulée. Ils parlaient à voix basse.
    - Que fiche Lupus ? On aurait dû rester peinards sur notre territoire !
    - Je sais, je sais. A mon avis, tes deux crétins de "cousins" l'ont influencé...voire même lui ont forcée la main.
    - 'Sont trop idiots pour pouvoir faire ça, allons !
    - Vrai. Mais depuis qu'ils sont amoureux, ils sont plus vraiment les mêmes...


    Les deux ombres soupirèrent en même temps et d'une même voix.

    - Dire qu'on risque nos hommes dans cette affaire. Lupus est vraiment un crétin de nostalgique et de sentimental, quoi qu'il en dise ! On aurait dû rester dans les ordres donnés après sa "mort": ne pas quitter la Lorraine !
    - Je sais, je sais ! Tu crois que ça m'amuse, moi, de venir ici ? On se tape le sale boulot, et qui va récolter les fruits ? Ben les alwinionais, entre autres !

    - Chuut ! Imagine qu'ils t'entende !
    - Quoi ? C'est la vérité, ils peuvent bien entendre s'ils veulent ! Qu'on en finisse, à la fin ! On se tape depuis si longtemps la protection d'Orkandia à l'Est ! Et il faut qu'en plus on aille se faire tailler ici par des coalisés, là par des impérialistes, et plus loin par des impériaux ! J'te jure...


    Ils se turent, fixant à nouveau le bord du plateau. Vosgiens ne souhaitait rien de moins qu'un messager arrive, avec pour ordre de retourner en Lorraine sans combattre. Que les orkandiens "du centre" règlent leurs affaires entre eux !
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    Message par Ellianne Dim 2 Jan - 23:40

    Calarenne non plus n’était pas, par essence, diplomate. Oh, il avait une certaine aisance de parole, acquise au cours de tout ce temps passé sur les champs de batailles, pour entraîner les troupes à sa suite ou redonner du cœur au ventre aux soldats. Mais s’il avait dû devenir orateur, c’était uniquement contraint et forcé. La ruse militaire et la politique étaient assez proche pour qu’il ait apprit à s’y couler avec aisance, l’expérience l’aidant dans ce domaine, comme dans tous les autres. Sa voix puissante et autoritaire, habituée à donner des ordres et à les relayer en pleine, avait ainsi raisonnée dans les salles de la Tour, puis des Ambassades des diverses alliances. Ainsi il avait apprit à manœuvrer au sein de l’Armée Impériale et des politiciens orkandiens comme il savait manœuvrer dans les batailles les plus barbares et les plus sanglantes. On s’habituait à tout, après tout, et pour quelqu’un comme lui, ne pas s’adapter signifiait généralement la mort, alors il s’était adapté…

    Malgré tout, la délicatesse et le ménagement n’étaient pas ses premières qualités, et bien qu’il connaisse la mentalité Lorraine et qu’il ait déjà eût au fil des ans des occasions d’entrevoir celle de Vosgiens, et plus encore ces derniers temps, pour les deux, il n’avait pas fait le moindre effort pour éviter de choquer la sensibilité de l’homme-loup. Ce n’était plus, comme un peu plus tôt, pour enfoncer spécialement le clou, c’était une question de stratégie. Il avait besoin des troupes de Grak-Kul dans les rangs de la nouvelle Armée Impériale, et il avait plus encore besoin que ces troupes ne se trouvent pas dans un autre camp. Les fuyards pourraient facilement se fédérer s’ils trouvaient une base formée par deux cents milles des meilleurs guerriers de tout Orkandia. Ors ils avaient déjà assez de problème comme ça avec les seigneurs Coalisés ou les Impérialistes trop fanatiques encore en maraudes pour qu’il risque de voir cette nouvelle plaie s’abattre sur eux pour ménager un Lorrain qui, de toute façon, était déjà rangé sous sa bannière et n’en partirait pas par lui-même. Il laissait la confirmation de l’adhésion des Lorrains à Ellianne et Ombre, et à son frère. Lui, il était chargé des Impériaux.

    Il ne se formalisa donc pas du regard assassin de Vosgiens et continua son échange avec l’Uruk. Il ne savait pas ce qui mettait l’homme-loup en colère et ne chercha pas à le savoir, concentré sur l’Impérial. Les Lorrains avaient leur vision, et il ne cherchait pas à l’épouser : ils avaient amplement démontrer, par l’exemple, que quand cette vision divergeait de la sienne, les faits leurs donnaient toujours tord à eux et raison à lui, sous les murs d’Etemenorkia…


    « Excusez-moi, mon Maréchal...Capitaine...mais je ne vous sers à rien ici. Je vais me retirer et vous attendre dehors. »

    Et, alors que les deux hommes tournaient brièvement leurs regards vers le colosse à la voix éraillées après son intervention subite, celui-ci tourna les talons et sortit de la tente, sans prendre la peine d’attendre qu’on lui donne congé.

    « Mon Maréchal, hein ? »

    « Je te l’ais dit, ceux qui rejoindront le nouvel Empire avec un apport suffisant n’ont pas à craindre de voir leurs privilèges spolié, que du contraire… »

    « Et c’est où, « maréchal » dans votre nouvelle hiérarchie ? »

    « Au deuxième rang. Au-dessus il y aura juste un responsable de la Guerre… Donc pour un militaire comme nous, le plus haut auquel on puisse prétendre… »

    « Mais je pourrais saisir bien mieux que cela par la seule force, et tu le sais. Je n’ais peut-être pas le niveau de tes petits copains de l’Est pour faire l’appel et pour m’occuper des parades et de tout le reste. Mais tu sais que je si on en viens à la guerre mes capacités s’exprimeront dans un tout autre registre. J’ai toujours aimer la guerre. »

    « Je le sais, Grak-Kar. C’est pour ça que je suis venu te parler en personne. Tu peux choisir de te tailler un morceau de ce que tu pourras, et espérer rallier les renégats. Tu me coûteras cher en vies et en efforts, mais tu sais que je finirais pas t’écraser. Tu sais que plus de la moitié des généraux de l’Extérieur s’inclineront devant mon anneau et l’autorité de ma Dame, et qu’au final tu trouveras la mort dans le sang et les tripes répandues au sol. »

    Le mensonge… Cela, il n’avait pas eût besoin de l’apprendre, c’était un art qu’il connaissait depuis très, très longtemps. Il n’avait pas su qui campait là, ni quelles compagnies ni qui avait été choisit pour les commander. Le reste par contre était vrai, et ils le savaient tous les deux. C’était ça un bon mensonge bien dosé : juste ce qu’il fallait au milieu de la vérité, pour pousser celle-ci dans le bon sens. Il avait toujours été fier, souligner sa valeur ne ferait pas de mal, loin de là.

    « Tu sais te montrer convainquant quand tu veux. J’ai donc ta parole d’officier impérial qu’aucun d’entre nous, ici présent, ne sera dégradé ? Et que notre loyauté envers ceux qui à présent assument le pouvoir impérial ne sera pas oubliée. »

    « Tu l’as. »

    Il recueillit rapidement les regards de ses confrères, qui semblaient majoritairement approbateur, quoique l’Orque ait l’air déçu et le Nain méfiant. L’Ombre en profita pour jeter un long regard à Calarenne, qui le lui rendit sans ciller un instant. Grak-Kar s’avança donc d’un pas, et saisit l’avant-bras tendu du Spectre en un salut martial qui, pour des gens comme eux, voulait tout dire. L’Empire les avaient fait devenir des animaux politiques, mais ils restaient des guerriers et des officiers au fond de leurs sales âmes tourmentés et sanglantes.

    « Bien, donc… »

    L’Urukaï n’eût pas le temps de poursuivre, car il fût coupé par un soudain brouhaha s’élevant de l’extérieur, dans le campement. Intérieurement, Calarenne soupira profondément. Qu’est-ce que ces foutus Lorrains ou ces fichus Impériaux avaient encore été inventer…
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    Message par Lupus Lun 3 Jan - 13:30

    A quatre pattes et tous muscles tendus, la gigantesque louve blanche, qui dépassait largement à l'encolure la moitié d'un lorrain, grondait vers le Tortionnaire et le Chevalier. Aux côtés de la louve blanche, Vosgiens était à moitié transformé en loup gris. Six des lorrains tentaient de toutes leurs forces de retenir la louve blanche, tandis que les trois autres ceinturaient à grand-peine Vosgiens.
    L'elfe noir et l'humain qui faisaient face aux lorrains raillaient toujours, mais cette fois ils avaient portée leurs mains vers leurs lames. Quelques autres gardes impériaux s'étaient approchés, méfiants, portant aussi les mains à leurs armes diverses. Deux archers avaient même déjà encochées leurs flèches.


    - Regardes-moi ça, Illàin ! Non seulement leur chef est une loque, mais ce sont des sorciers et des animaux, ces trucs ! Même pas normaux !

    L'elfe noir hocha la tête, un sourire doucereux sur les lèvres.

    - Oui. Je t'avoues que je les mettrais volontiers en cage ! Après un peu des traitements que j'ai fait à ce gros empoté de Lupus, ils seraient de parfaits chiens savants, ou conviendraient pour des combats de chiens...

    Le Tortionnaire se lécha les lèvres, et son compère humain se plia en deux de rire. Au même instant, Vosgiens termina sa transformation, et deux des hommes qui s'occupaient de Siana durent changer de cible pour l'empêcher de bondir sur les deux impériaux.
    La rage qui les rendait incontrôlables associée à leur forme animale dotée d'une force phénoménale permit aux deux bêtes titanesque d'avancer peu à peu, centimètres par centimètres, repoussant les neuf soldats lorrains qui tentaient de plus en plus vainement de s'opposer à leur avancée. L'un d'eux rompit le silence qui semblait l'habitude en toute circonstance des colosses de l'Est: sa voix grave s'éleva, et elle était entrecoupée, prouvant qu'il respirait à fond, bien qu'en silence, dans son effort pour empêcher ses deux supérieurs de commettre une erreur:


    - Fermez-la, imbéciles ! Ils vont finir par vous sauter à la gorge !!

    Les deux impériaux s'esclaffèrent de nouveau.

    - On attend que ça ! Histoire de couper du loup et du lorrain: deux en un, c'est gagné !
    - Ouais ! Aller, quoi: ils ont peur de nous ? Peut-être qu'ils craignent qu'on leur brise aussi les côtes une à une, ou qu'on leur plonge des tisons brûlants à travers le corps, comme à leur patron ?


    A ces mots, trois des soldats lorrains, l'un sur Siana et les deux autres sur Vosgiens, lâchèrent prise et tirèrent leurs lames vers les deux impériaux. Les immenses épées sombres étaient enserrées dans des gants d'armure d'un métal tout aussi sombre.
    Mais la faute était là: d'un coup d'épaule, Vosgiens se dégagea, et Siana glissa entre les jambes de deux des hommes qui tentaient encore de la retenir. Tous deux bondirent en un de ces sauts spectaculaires et longs des loups: le premier sur l'elfe noir, qui dégaina aussitôt et leva son sabre, la deuxième sur l'humain qui brandit son épée sur son flanc.

    La scène sembla se figer un instant, comme les deux loups semblaient tomber sur deux des anciens tortionnaires de Lupus...
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    Message par Ellianne Lun 3 Jan - 20:16

    Finalement, ce n’était pas les Impériaux ou les Lorrains, c’était, comme de bien entendu, les deux à la fois. On ne pouvait pas les laisser cinq minutes seuls sans qu’ils se mettent à faire des âneries ! Et dire qu’à une époque les deux factions avaient été proches… Il sortit de la tente en même temps que l’Uruk, en tête… Mais trop tard. Trop tard pour les empêcher de se faire du mal. À temps, par contre, pour voir deux loups de bonne taille qu’il savait être les Elemanquia sauter à la gorge de deux soldats de l‘Empire, les armes dégainées… Fichue famille de tarés !

    « Djengaï ! »

    L’ordre avait claqué comme un coup de fouet, et les dix Guerriers d’Argent réagirent comme un seul homme. Dépassant les Capitaines, ils saisirent les belligérants sans se soucier de leur confort ou de ménagement, deux pour chaque humains et trois pour chaque loups, les ceinturant de façon appropriés pour chacun d’entre eux. Ils venaient des Forêts de la Brume après tout, et étaient capable de maîtriser tant les puissants Minotaures comme les bêtes sauvages bien plus… étranges que deux loups métamorphes. Après avoir jeté les Impériaux un peu plus loin, le groupe de quatre s’interposa devant les autres Lorrains, pour parer à toute éventualité.

    « Aussi idiots l’un que l’autre ! Fichue famille de loups barbares, vous voulez faire tuer tous les hommes placés sous votre commandement ! »

    Sa voix n’était pas plus douce que précédemment, mais il avait fait claqué les paroles qu’il pensait le plus à même de leur faire rentrer un peu de plan dans leur cervelle de louveteaux attardés. À quoi pensaient-ils, en plein campement impérial ! Il se tourna pour gueuler de la même façon sur les Impériaux, qui avaient sans doutes chercher ce qui leur était arriver pour avoir fait se transformer ces deux andouilles, mais, prouvant combien leur crétinisme était grand, ils étaient déjà en train de se relever, et se préparaient à se ruer sur les deux Lorrains métamorphosés et immobilisés. Ce qui était stupide, bien sûr. Avant d’avoir fait deux pas, ils s’écroulèrent, une longue dague argentée plantée dans leur gorge à chacun, alors que la rétine de la plupart des gens présents enregistrait seulement un flou aux confins de leur champ visuel qui avait été le mouvement d’une des meilleures parmi les Ombres de l’Armée Impériale d’Orkandia.

    Au moins ça, c’était fait. Malheureusement, il y avait aussi, dans la même zone du même champ de vision, un groupe d’autres soldats de l’Empire qui se rassemblaient, l’air pas vraiment contents que leurs camarades soient morts et que les Lorrains ne soient que modérément mis à mal. Il leur jeta un regard noir, mais ils étaient un groupe de cinq soldats particulièrement énervés, et ils pourraient facilement entraîner d’autres gens plus dangereux qu’eux… C’était ça le problème de la cohésion de groupe : dans les périodes troubles, il pouvait être unis… À mauvais escient.


    « ESPÈCE DE BANDE D’ASTICOTS DÉCÉRÉBRÉS ET ATTARDÉS !!! »

    Cette voix-là, étrangement, tonna beaucoup plus loin que la sienne. Grak-Kar n’était pas connu pour sa délicatesse verbale. Ou même sa délicatesse tout court. Quand les cinq humains, décidément bornés, amorcèrent un mouvement en avant, il leur sauta dessus, dégainant à deux mains sa puissante épée. Le combat fût bref. Et… surtout bref, en fait. L’Urukaï était l’un des plus puissants Capitaines Impériaux de l’Armée Impériale, et les Capitaines étaient eux-mêmes l’élite de l’élite et la crème de la crème. La façon dont il éventra et ou découpa de diverses façons les « insoumis » projeta du sang dans toutes les directions, mais eût le mérite d’être totalement efficace. À part peut-être un Zombi surchargé en énergie motrice, personne ne pouvait être vivant après ça…

    « D’autres contestataires ? »

    Grak-Kar, avec son air de barbare, les bouts de corps autours de lui, son immense et redoutable épée couverte de sang et ses yeux qui en étaient injectés, remportait toujours une adhésion quasi-immédiate dans ses troupes. L’air résolut des autres Capitaines, derrière lui, ajoutant encore du poids à cet « arguent », les Impériaux attroupés saluèrent à l’unisson.

    « Chef non chef ! »

    « Bien, alors retournez à vos tentes, et préparez-vous au départ… TOUT DE SUITE ! »


    Laissant l’Uruk à ses troupes, Calarenne c’était déjà retourné vers les deux Comtes Lorrains, les regardant avec des yeux peu amènes. Ce n’était pas aussi mauvais que ça aurait pu l’être : Grak-Kar reconnaissait au moins son rang et le droit de son escorte à ne pas être touchée, et peut-être même plus, avec une petite dose de chance…

    « Je ne veux même pas savoir pourquoi. Pas maintenant. Je veux juste faire en sorte que les victimes ne se comptent pas par dizaines de milliers. Avez-vous retrouvez vos esprits ? Ou bien dois-je vous faire tenir immobile par la force pour empêcher que ça tourne au massacre généralisé ? »


    Il avait parlé à voir relativement basse. Il se doutait bien que les Impériaux avaient dû faire quelque chose, mais ce n’était pas son problème pour le moment. Il avait déjà avancé un rude coup avec l’Uruk pour qu’il choisisse de ne pas se ranger du côté de ses hommes, et c’était tout ce qui comptait…


    Dernière édition par Ellianne le Lun 3 Jan - 23:10, édité 1 fois
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    Message par Lupus Lun 3 Jan - 23:07

    Durant la scène, les trois lorrains qui avaient dégainés leurs épées étaient restés face aux quatre Guerriers d'Argent; mais les six autres lorrains, sans se préoccuper d'autre chose, s'étaient jetés derechef sur leurs deux supérieurs, ajoutant leurs forces à celles des alwinionais. Avec les deux-là, on était jamais assez prudents.
    Toutefois, sitôt que Calarenne se mit à leur crier dessus, Vosgiens reprit sa forme humaine, son poil s'assombrissant puis s'étrécissant pour redevenir son long et noir manteau. Le vieil homme resta au sol, maintenu par ses hommes et les trois Gardiens. Il fixait Calarenne de son regard jaune, la face inexpressive.
    Par contre, Siana continua à gronder, les yeux fixer sur les deux impériaux. Sitôt qu'ils tombèrent au sol, morts, la louve blanche retourna sa rage contre Calarenne, tordant la tête entre les mains des lorrains et des Gardiens pour pouvoir fixer l'alwinionais. Les trois lorrains qui s'occupaient auparavant de Vosgiens lâchèrent le vieil homme, et s'ajoutèrent aux Gardiens d'Argent au maintien de la louve, sans un mot. Les trois derniers lorrains rangèrent leurs lames, passèrent au travers de ceux qui les gardaient et s'ajoutèrent également: il y avait à présent rien de moins que neuf lorrains et trois Gardiens d'Argent pour maintenir Siana au sol, qui continuait à gronder sauvagement.

    Grak-Kar tua cinq autres de ses hommes, qui se faisaient menaçants. Aucun lorrain n'accorda le moindre regard à l'orque, sauf Vosgiens qui tourna un instant la tête pour le fixer, avant de retourner son regard vers Calarenne. La voix était impersonnelle, sans le moindre ton quand il parla.

    - Je crois que pour moi, ça ira...

    Les Gardiens d'Argent le lâchèrent doucement. Il s'assit au sol, puis se releva en sautant sur ses pieds, avec une soudaine agilité. Sa barbe et ses longs cheveux volèrent au vent, tous comme les pans de son manteau: l'armure sombre portée au-dessous brilla, là où s'écartèrent un instant les pans.
    Le ton devint soudain froid, terriblement glaçant. Seuls des gens comme Calarenne ou Medar savaient résister à ce genre de ton, qui enfonce le mental, comme un pic de glace pénétrerait les chairs jusqu'au cœur.

    - Mais je vais vous dire une bonne chose, "mon Maréchal".

    Le visage demeurait neutre, mais le grade fut bien appuyé, avec une dérision aussi cassante que le ton.

    - Un, deux, trois, ou bien mille, dix milles, cent milles... Ça fait longtemps que j'en ai rien à fiche. Il me semble que vous avez certaines connaissances de mes "exploits" martiaux en "Lorraine", "mon Maréchal". Vous devriez savoir que nous pouvons mener des armées entières à une mort certaine sur un simple ordre, nous, les soldats "lorrains". Nous l'avons prouvé en Orkandia même, à plusieurs reprises.

    La face demeurait neutre, mais les yeux jaunes étaient glacés, toujours plus à chaque mot.

    - Alors, les victimes, je m'en moque éperdument. N'oubliez jamais ça. Nous n'oublions rien, Calarenne. Nous nous taisons, par diplomatie, mais nous n'en pensons pas moins. Vous avez autrefois servit Telenmar pour le profit de l'Alwinion, et mené à la mort des milliers de Loyalistes; et combien des impériaux ici présents ont tués leurs frères d'arme ou des lorrains lors de la Guerre du Trône ?

    Lentement, le vieil homme secoua la tête.

    - Silence, Siana !

    Le grondement qui servait jusque-là de fond sonore à la scène se tut: néanmoins, les lorrains devaient toujours lutter pour la maintenir au sol.
    Vosgiens, reprit, toujours parlant normalement et d'un ton glacial, sans prendre la peine de baisser la voix.

    - Je suppose que vous le savez, mais ça va me faire du bien de vous le dire: je fais ce travail uniquement sur ordre. La bande d'abrutis, là...

    Il désigna d'un geste du bras, sans les regarder, les lorrains aux face cachées et la louve au sol.

    - ...n'agissent également que sur ordre. Je serais ravi de vous plonger mon épée dans le corps, si j'en ai l'occasion. Soyez-en certain. Je serais ravi de crever au bout d'une lame d'un soldat impérial, si j'ai eu le temps d'en emporter avec moi auparavant. Je serais enchanté de massacrer des alwinionais. Mais tout cela, je ne le ferai pas...pour l'instant du moins...parce que j'ai reçu l'ordre de vous protéger. Ça me dégoûte, mais je le fais.

    Un frissonnement parcouru le corps du vieillard, qui ne cilla pourtant pas, le regard jaune toujours braqué sur Calarenne.

    - Un massacre généralisé n'aurait rien pour me déplaire, tout au contraire. Vous, ça ne vous contrarierait que par intérêt. N'essayez pas de me prendre avec des sentiments humanistes. Vous savez que moi et Siana ne pensons pas, ou plus, comme le crétin qui sert d'amant à votre dirigeante, ou comme son abruti de frère.

    Derrière, la louve s'assombrit puis revint progressivement à sa forme humaine. La capuche s'étant abaissée à cause de la métamorphose, la grande Siana Elemanquia, au visage pâle et aux cheveux d'un blanc presque blond, apparue, toujours maintenue au sol par ses hommes. Les Gardiens d'Argent s'écartèrent, et les lorrains desserrèrent leur prise, mais très légèrement seulement... La jeune femme gardait un visage crispé et haineux fixé sur Calarenne.

    - Je vous avoue que si j'étais à la place de Lupus, vous n'auriez jamais eu notre soutien. Il me ferait beau voir, alors, dans quel état serait Etemenorkia, et même Orkandia toute entière. Ça m'étonnerait fort que, même avec les restes des impérialistes fédérés derrière Ellianne et Ombre, et malgré la puissance de l'Alwinion, vous ayez seulement réussit à reprendre Etemenorkia. Et même là, vous auriez encore je-ne-sais combien de coalisés encore dans les pattes.

    Le coin gauche de la bouche de Vosgiens s'étira doucement.

    - Et ne me faites pas rire. Votre seul intérêt d'être ici, c'est de récupérer deux cent milles impériaux pour défendre votre précieuse gamine ! Vous n'avez rien à faire, ni des vies de mes hommes, ni de celles de ceux-là.

    Il désigna du menton quelques impériaux.

    - Je sais pas comment Medar a embobiné Lupus là-dedans, mais je trouverai bien le moyen d'arrêter ces âneries ! Soyez-en sûr !

    Il se tourna sans un mot de plus, et sa voix rauque claqua comme un fouet:

    - Siana ! Debout !

    Les lorrains la lâchèrent, et la jeune femme se remit debout, son regard toujours fixé sur Calarenne avec un air assassin.

    - Regardes-moi !

    Elle tourna lentement le regard vers son arrière-arrière-grand-père.

    - Il a...
    - Silence. J'veux plus t'entendre.

    La jeune femme lui lança également un regard assassin, puis releva sa main gantée de métal noir et rabattit sa capuche. Un instant plus tard, elle n'était plus qu'une ombre si semblable aux neuf autres qui se tenaient debout à côté.
    Vosgiens se retourna vers Calarenne, et cette fois lui lança à voix basse:

    - Si vous tenez à ce point à éviter le massacre, magnez-vous de faire le boulot pour lequel vous êtes ici.

    Le lorrain releva un peu le menton, puis rabattit à son tour son capuchon sur la tête. Les dix autres retournèrent à leurs chevaux.
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    Message par Ellianne Mar 4 Jan - 19:38

    Calarenne resta calme devant le discours de Vosgiens, un petit sourire venant lentement relever ses lèvres au fur et à mesure que les paroles se déroulaient devant lui. Le ton de l’homme-loup était peut-être efficace contre les Lorrains, mais il en fallait plus que cela pour ébranler ou même atteindre quelqu’un d’aussi vieux et solide que lui. Son âme, si toutefois on pouvait appeler ça ainsi, avait été si malmenée au cours de toutes ces longues, si longues années, en Orkandia ou ailleurs, qu’il avait depuis longtemps cessé d’être affecté par le ton que prenait les hommes. Derrière lui, Grak-Kar, l’Urukaï, regardait avec un mépris de plus en plus évident le métamorphe. Lui non plus n’était pas affecté par ce genre de petites subtilités linguistiques, pas plus que les Capitaines de l’Empire qui les entouraient encore, et dont le regard n’était guère plus avenant. C’étaient des Enfants d’Orkandia, des foudres de guerre, et la plupart d’entre eux étaient nés pour cette guerre, durcit encore au feu d‘un monde continuellement ensanglanté et couvert de ruines et de cadavres.

    Quant aux Guerriers d’Argent, il n’était même pas besoin d’en parler. Ils n’étaient pas « vivants » au sens où on l’entendait généralement, et l’âme qui les animait était bien trop noble, puissante et ancienne pour se soucier des aléas d’un mode de communication à peine digne d’elle.

    Le Maréchal nouvellement nommé avait laissé le Lorrain sortir tout ce qu’il avait a sortir, se contentant de sourire doucement. Il le laissa calmer sa progéniture, débiter tout son fiel, qui ne lui avait pas apprit grand-chose. Vosgiens était peut-être sincère, ou peut-être pas, mais il ne croyait pas que la plupart de ses confrères de Lorraine, en tous cas, aient cette désinvolture vis-à-vis de la mort des leurs. Y comprit sa descendante si grognante. Et quant au reste, il les connaissait assez pour deviner tout seul la rancœur mauvaise de l’homme-loup. Il trouvait ça stupide, pathétique et même pitoyable, mais c’était très prévisible. La colère de la jeune femme, dirigée contre lui une fois les deux Impériaux morts, l’intriguait plus. Non pas que cela le trouble, être haït faisait partie de son travail au fond, mais il ne voyait pas la raison de cette haine particulière. À moins que ce ne fût que l’éclatement d’une haine plus ancienne contre lui, qui là pouvait avoir quantité de raisons, même s’il ne se rappelait pas l’avoir vue ou avoir eût rapport au cours de la Quête de Succession, contrairement à Vosgiens ou Caïus par exemple… Enfin, avec les Lorrains ça ne voulait pas forcément dire grand-chose…

    Ce ne fût que quand Vosgiens se détourna finalement pour partir, étant sûr qu’il avait fini sa tirade, qu’il réagit enfin à ce flot de parole : il éclata de rire. Un rire âpre et rugueux, comme les vents du Sommeil, profond, reflétant une longue, si longue suite d’année. Un rire franc, et qui ne se moquait même pas et ne contenait pas un gramme d‘ironie ou de malice. Juste un rire. Ni plus, ni moins.


    « Je vous souhaite bien du plaisir, sir de Arnis. Il y avait des gens pour essayer de faire pareille chose bien avant qu’il n’y en ait pour porter votre titre, ou même pour s’appeler citoyens de votre patrie. Mais bonne chance quand même. »

    Quand il disait « patrie », ils savaient tous les deux de quoi il parlait, ou tout du moins il le supposait. Cela n’avait d’ailleurs pas grande importance. Il continua sur sa lancée, un sourire aux lèvres, et l’air pas inquiet le moins du monde.

    « Vos états d’âme ne m’intéresse pas. Ils ne sont pas bien dur à deviner. Je ne vous conseillerai pas d’avaler enfin votre bile, et de cesser de mâchonner le passer. Sans parler d’essayer de vous faire voir la vérité en face. Vos êtes Lorrain après tout. Mais par contre, évitez de me menacer. Vous avez vos ordres et moi les miens. »

    Son ton ne c’était même pas durcit. Il se fichait véritablement de l’avis d’un être comme Vosgiens, qu’il respectait comme officier mais qu’il trouvait de plus en plus pathétique comme homme au fur et à mesure que les années passaient… Peut-être qu’il le voyait mieux maintenant qu‘avant, avec la proximité et les événements charrié par le temps, ou peut-être que c’était ça, vieillir…

    « Mais si vous vous moquez de vos hommes, si vous avez vraiment oublié tout respect de votre propre peuple et des gens placés sous votre commandement, sachez que ce n’est pas mon cas. Deux cents cinquante milles c’est mieux que deux cents mille, au cas où vous auriez aussi oublié vos leçons de mathématique. »

    Il se détourna ensuite du vieil homme-loup et de ses compagnons. Il ne les croyait pas capable de l’attaquer dans le dos, et il croyait très capable certaines personnes ici présent d’être assez rapide pour les arrêter le cas échéant. Au-delà de ces enfantillages pitoyables et puérils, il avait des négociations à mener, si ces imbéciles mal grandit et trop vite aigrit voulaient bien arrêter leurs bêtises…
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    Message par Lupus Mer 5 Jan - 13:04

    Quand Calarenne rit, Vosgiens haussa des épaules. De tout le discours de l'alwinionnais, Vosgiens ne réagit pas, sauf au début: à "sire de Arnis", il émit une sorte de grognement contrarié. Calarenne ne savait que trop bien où frapper pour le vexer. Le lorrain se dit qu'il devrait faire en sorte que plus aucun alwinionnais ne soit formé par les lorrains, pour les quelques petites spécificités que ceux-ci pouvaient enseigner aux gens d'Ellianne.

    Quand Calarenne se détourna, sans doute le lorrain lui lança-t-il un regard assassin, ou du moins un regard de profond dégoût dans le dos; mais nul n'aurait pu le savoir, le visage barré de cicatrices étant plongé dans l'ombre. Il grommela vaguement:


    - Si je ne sais mes mathématiques, vous, du moins, ne savez quelles sont les vraies allégeances...


    Ce fut dit à mi-voix: sans doute Calarenne entendit-il, mais en-dehors d'eux, peu de gens, sauf peut-être des elfes à la bonne ouïe, ne pouvaient comprendre ce grommellement.
    Finalement, Vosgiens se détourna du dos de l'alwinionnais, et rejoignit le groupe de lorrain, se hissant lourdement et avec difficulté -c'était du moins ce qu'il apparaissait, et s'il était assez retors pour feindre, du moins Vosgiens était-il réellement très vieux- sur sa haute monture d'ébène.

    La lueur jaune du regard monta vers le plateau qui cachait toujours l'armée, puis retomba sur le sol, se fixant à une tulipe, qui n'était pas encore éclose...
    Aucun des onze lorrain ne devait plus rien dire, pour l'heure...
    Ellianne
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    Message par Ellianne Jeu 6 Jan - 0:50

    Calarenne entendit en effet le grommellement comme les paroles prononcées à voix basse, mais il ne releva ni l’un ni l’autre. Vosgiens pouvait bien être aussi en rogne qu’il voulait, ce n’était pas lui qui décidait des alliances de son peuple, ni des allégeances que celui-ci devrait respecter. Les Lorrains seraient encore les alliés de l’Empire au moins assez longtemps pour que la vie de ces cinquante milles hommes, cachés là-bas, pèsent dans la balance lors de la fondation dudit Empire. C’était tout ce qui l’intéressait. Ellianne n’était ni Asahi ni Amras, et il comptait bien faire en sorte qu’une nouvelle guerre civile ne puisse plus éclater de cette façon, cette fois. Mais en attendant il avait besoin de troupes, de beaucoup de troupes pour faire rentrer les Orkandiens dans le droit chemin, et les Lorrains qui étaient là aujourd’hui pourraient être employé à cela tout aussi bien que les Impériaux qu’il comptait bien ramener au terme de cette expédition. Son intérêt était aussi simple que cela, et en outre il n’aimait pas particulièrement gâcher des vies humaines qui n’étaient pas celles d’ennemis…

    Ne tenant donc pas plus compte du vieil homme-loup et de ses simagrées, il reprit le chemin de la tente, les autres lui emboitant le pas, non sans jeter parfois un coup d’œil méprisant au Lorrain. Sa façon de clamer le peu de valeur qu’il accordait à ses troupes était pour eux pitoyables, car, quoi qu’en puisse penser les habitants de l’Est, les officiers de l’Armée Impériale tenaient à leurs hommes, ne fût-ce, pour les plus égoïstes et pourris d’entre eux, que parce que leur position ne dépendait que d’eux. D’autres, plus dégoûtés encore, tenaient véritablement à leur compagnie, et trouvait pathétique ce pauvre fou qui les considérait visiblement comme interchangeable. Même si cela lui faisait sûrement plaisir, Vosgiens venait de se tailler une réputation de bâtard répugnant dans cette partie de l’Armée Impériale, réputation qui se transmettrait sans doutes de proche en proche. Aucun vrai militaire ne pouvait respecter un homme qui se proclamait traître - ils le voyaient ainsi - et capable de jeter ses hommes comme un marin jette sa paye, sans plus de regrets ou d’état d’âme.

    Une fois qu’ils furent tous entrés dans la tente, Grak-Kar essuya son épée sur un drap qui trainait, visiblement déjà usagé, puis la planta rageusement dans le sol où elle resta là, terrible et vibrante, manifestation de la mauvaise humeur et de la puissance de l’Uruk.


    « C’est ça tes alliés, Calarenne ! De pauvres déchets puants et débiles qui n’ont même pas le respect de la vie de leurs hommes et qui se croient supérieurs au reste du monde ! »

    « Calme-toi. Je n’ais pas choisit sa compagnie, ni lui la mienne, je crois que tu l’auras comprit. C’est un bon officier, quand il ne se laisse pas obnubiler par ces foutaises qu’il croit être son bon droit. »

    « Un bon officier respecte la vie de ses hommes ! Ne serait-ce que pour des sal’tés de raisons stratégiques, par toutes les âmes damnées ! »

    « C‘est un vieil idiot débile et pathétique, nous sommes d‘accord. Mais il a ses ordres et il ne les dépassera pas. Maintenant revenons-en à ces négociations. Il me semblait que tu étais prêt à marquer ton accord, non ? »

    « Si tous tes alliés sont aussi débiles, je me demande si ça vaut la peine… »

    « Les Lorrains sont les pires, tu le sais bien. Ils croient être les derniers fidèles d’Asahi… »


    « Foutaise ! Elle a disparu il y a des années, tu le sais aussi bien que moi ! On ne peut pas rester fidèle à une morte en crachant sur son héritage ! »

    « Je le sais. Pas eux. Et Vosgiens est le pire de tous. »

    « Mouai… »

    « En outre, je peux toujours le contenter et lui faire lâcher des vagues de kamikazes forcés avant que quelqu’un n’arrive pour lui mettre du plomb dans la cervelle. Ca me déplaira, à toi aussi, mais lui sera content et cette affaire sera bouclée. »

    « Ca va, ça va, monsieur le Maréchal. Conclu. Les ordres ? »

    « Tu vas te rendre ici… »

    Sur un geste de sa part, un des Impériaux qu’il avait amenés avec lui lui tendit une carte d’Orkandia, qu’il déroula sur la table, au centre de la tente, en calant les bouts avec ce qu’il trouvait. Il désigna l’un des points les plus faibles du système impérial actuel.

    « Il y a des agitateurs ici. Tu prendras la moitié de tes troupes avec toi et tu rendras la zone tranquille. Du sang seulement si nécessaire, il y a eut assez de mort. Un étalage de force, quelques massacres pour l’exemple si besoin, mais pas plus que nécessaire. »

    « Et les autres cent milles hommes ? »

    « Je les ramènes avec moi à Etemenorkia. Il est possible que tu croises de petites troupes d’Impériaux : tu leur explique la situation, tu leur fait changer d’emblème et tu les intègres dans ta troupes. Quand la zone est sécurisée, tu remontes sur Etemenorkia en laissant cinquante milles hommes en garnisons pour encrer un peu la paix dans leur petite tête. »

    « Nouveaux emblèmes ? »

    Et, pendant encore plusieurs heures, les deux anciens Capitaines, ainsi que leurs pairs de façon plus ponctuelle, discutèrent des détails, de quelles troupes et quels officiers iraient où, des précisions et des autres choses dont auraient besoin les deux armées. Il y eût ensuite des ordres à porter, des choses à expliquer, du repos à prendre, et milles et une choses, qui firent que ce ne fût que le lendemain, la matinée déjà bien avancée, que chacun se mit en route, cent milles hommes d’un côtés et cent cinquante milles de l’autre, sans ce soucier des états d‘âmes des soldats Lorrains…

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