Empire d'Eternia

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Empire d'Eternia

Forum Rôle-Play, thème médiéval-fantastique.

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    Quand le lorrain veut tirer sa révérence...

    Lupus
    Lupus


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    Message par Lupus Sam 26 Fév - 4:29

    Lupus inclina un peu la tête devant l'officier impérial qui le regardait, paraissant ainsi encore plus petit que d'ordinaire. A ses côtés, Vosgiens plissa les yeux, fixant son supérieur et ami, une moue de mécontentement sur le visage. Les deux hommes étaient vêtus de simples tuniques et pantalons noirs, leurs épées respectives au côté gauche.

    - Vous désirez, grand-duc ?
    - Rien d'autre que d'être annoncé à Sa Majesté Impériale, et d'être conduit devant tel est son bon plaisir.
    - Je vais voir...installez-vous dans cette antichambre.

    L'officier montra une porte aux deux lorrains. Lupus inclina la tête avec un sourire absent et une sorte de gratitude, puis s'avança à pas lents vers la porte, qu'il ouvrit et passa. Vosgiens hésita, puis suivit Lupus.

    L'antichambre contenait, entre autres, plusieurs sièges en bois de bonne facture, assez confortables. Les lorrains s'assirent silencieusement côte à côté du côté opposé à la porte de la salle, et qui donnait sur un balcon ouvert, avec vue sur Etemenorkia.
    Le regard vert de Lupus se perdit sur l'horizon de la ville, dans les méandres des ruelles et sur la mer de toits. Vosgiens grommela vaguement, puis s'enfonça, droit dans son fauteuil, bras croisés, toujours une grimace de mécontentement sur le visage. Lupus souriait, l'air absent, lourdement appuyé sur l'un des accoudoirs du fauteuil. Ses cheveux grisonnaient, alors que lors de la cérémonie du Sacre, quelques temps plus tôt, ils étaient encore d'un noir de jais absolu et parfait.

    Le seigneur lorrain cligna plusieurs fois des yeux, fixant Etemenorkia, puis murmura, bien plus pour lui-même que pour son voisin:

    - Cette ville...c'est le cœur de ce monde. Je puis le comprendre; mais, vu que je n'ai pas de cœur, je ne puis m'accorder à elle...

    Vosgiens jeta un regard à Lupus, mais préféra ne pas répondre, et attendre dans le silence qu'on les amène devant l'impératrice.
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    Message par Ellianne Ven 4 Mar - 17:42

    Une Salle du Trône, c’était bien joli. Ca impressionnait les foules, suscitait l’admiration du peuple et faisait se rengorger les seigneurs qui y étaient admis. Seulement, quoi que puissent en penser les chroniqueurs, c’était pas demain la veille que la marche d’une quelconque entité serait mené dans la Salle du Trône correspondante. Oh, on pouvait bien y faire des cérémonies, y jeter éventuellement les bases de quelques trucs, faire des serments, mais la vrai marge d’une entité politique ne s’opérait pas depuis un trône dans une salle luxueuse. Et certainement pas la marche d’une entité si importante que l’Empire d’Eternia, avec les dizaines de grandes seigneuries et les centaines de petites qui le composait, vassaux directs ou indirects, alliés à divers degrés, protectorats, territoires impériaux et autres. C’était un véritable casse-tête administratif, géré par une administration tout aussi compliquée, à laquelle chaque dirigeant ou responsable politique majeur avait apporté ses modifications, et dont certains fonctionnaires et institutions dataient de l’avènement du Règne d’Asahi, voir de certaines structures moindres et oubliées antérieures à la venue de l’Ennemi.

    Et au sommet de tout cela, il y avait l’Impératrice. Ellianne n’était plus une enfant, et elle ne pouvait totalement faire fonctionner l’Empire comme elle avait fait fonctionner l’ancienne Anok, l’Alwinion ou même son nouveau duché. Peut-être y arriverait-elle dans quelques années, mais pour l’instant il y avait encore de temps en temps des choses qu’elle devait voir elle-même. La procédure était simple : l’une ou l’autre de ses personnes de confiance - parfois plusieurs - examinait le dossier, elle faisait de même - souvent plus distraitement - et ils réglaient les problèmes ou arrêtaient les décisions. Celui sur qui cela tombait traditionnellement, c’était Calarenne, mais l’Anok et Stergen lui prenaient beaucoup de temps, et elle se reposait donc aussi assez souvent sur Julius, l’un ou l’autre de ses vassaux ou de ses officiers, ou Medar. Ce dernier assistait à tout ce qu’il avait envie de voir, puisqu’il était son Premier Conseiller, et quand il prenait les choses en main, il prouvait que son esprit sardonique savait encore voir au cœur des choses et que les années passées à exercées le pouvoir n’étaient pas plus oubliées que celles où il avait parcouru les champs de batailles.

    C’était justement un de ces cas, ce jour-là. Ils étaient seulement tous les deux autours de la table de travail, dans la petite pièce confortable qui servait de bureau et de cabinet à l’Impératrice cette fois-là, sa préférée. Servarion somnolait à demi dans un coin, sur une vaste couche préparée pour lui, dardant de-ci de-là un commentaire acéré comme le fil d’une lame, et engageant de temps en temps une joute de paroles et de pensées avec le Spectre. Ils s’étaient tous les deux entendus dès le premier instant, et Ellianne s’en réjouissait continuellement. Il y avait des gardes devant et derrière l’unique porte, et six le long des murs. Les huit hommes à l’intérieur étaient des Guerriers d’Argent. Medar lui-même avait proposé leur intégration dans la Garde Impériale, pour une raison toute simple. S’ils étaient aussi bon guerriers que les soldats d’élites composant ce corps, ils étaient aussi rigoureusement impassible. Un homme ou une femme peut être corrompu, on peu faire pression sur lui, il peut être choqué, avoir des idéologies ou opinions enfuies contraires, enfin, tout ce qui faisait « les délices de l’âme humaine » comme avait dit le Conseiller. Pas les armures vivantes qui avaient été invoquées pour la Bataille d’Etemenorkia, ce qui était toujours utile…

    Medar avait la même capacité que Sélène à réussir à intéresser la petite peste à ce qu’ils entreprenaient ensemble, lui faisant prendre plaisir à tout ça. Ils étaient assis côté à côté, penchés sur les documents et l’un sur l’autre, leur discussions si vive qu’elle aurait été difficile, voire impossible, à suivre pour quiconque ne les connaissait pas intimement. Il leur arrivait de ne même pas finir leurs phrases tant leurs pensées pouvaient être proche, et ils se disputaient aussi allégrement de temps en temps. Ils s’amusaient bien, l’un dans l’autre, et le travail avançait remarquablement vite pour deux êtres aussi rôdés à le fuir qu’eux, quand on toqua poliment à la porte. Etrangement, les gens avaient toujours tendance à toquer poliment à la porte de la souveraine absolue d’une bonne part des terres connues et habitables. Y a des étrangetés de l’âme mortelle, que voulez-vous…


    « Entrez. »

    L’homme, un Garde encore assez jeune, s’exécuta et salua martialement celle qu’il avait juré de servir et de protéger jusqu’à la mort ainsi que son imprévisible Premier Conseiller.

    « Votre Majesté Impériale, Monseigneur, le Duc Romanus Lupus de Lorraine et le Compte Vosgiens Elemanquia demandent à être reçus. »

    « Lupus est là ? Hé bien qu’attendrez-vous, allez me le chercher ! »

    « Oui, Majesté. »

    Et, saluant de nouveau, le garde se retira, laissant sa suzeraine avec un sourire étincelant auquel faisait écho celui plus fin et bien plus cynique du Spectre. Celui-ci marqua l‘affaire qu‘ils étaient en train de traiter et rangea les papiers sur un coin de la table, attendant les deux Lorrains en compagnie de la belle jeune femme qui était son Élue…
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    Message par Lupus Ven 4 Mar - 21:04

    Lupus et Vosgiens furent introduits dans le bureau par l'officier, le comte un pas en arrière de son duc et légèrement à sa droite -allusion à son statut de bras droit du duc.

    Arrivés à cinq pas d'Ellianne, tous deux s'inclinèrent: genou gauche plié, genou droit au sol, poing droit au sol, main gauche sur le pommeau de l'épée, tête et buste pliés et inclinés. Puis, après quelques secondes de pauses, ils relevèrent têtes et troncs, exactement au même instant, posant les deux mains sur la cuisse gauche, l'une sur l'autre, restant le genou droit au sol.

    Lupus conservait un sourire léger, fatigué et absent. Vosgiens gardait cet air sévère et sérieux qui quittait rarement son visage. Lupus éleva sa voix, une voix un peu faible, ayant perdu sa puissance d'antan; mélodieuse et douce, avec sa profondeur caverneuse qui restait la même; et surtout, traînante, et un peu hésitante.

    - Votre Altesse Impériale, Seigneur Medar, recevez tout le témoignage de mes respectueux hommages, et celui des miens.

    Vosgiens poursuivit aussitôt, de sa voix rauque semblable à un aboiement, dure et droite, sèche:

    - Votre Altesse Impériale, Monseigneur, à vos ordres...

    Lupus reprit:

    - Votre Altesse, je suis venu solliciter votre accord, pour assurer ma succession à la tête du Grand Duché de l'Est. Je me vois en effet contraint de quitter la souveraineté de mon territoire, car je suis quelque peu..."souffrant", et je ne veux pas que cela affecte la gestion de mes terres et le bonheur des miens...

    Le géant agenouillé se tut, attendant une réponse la l'Impériale Personne, avant que de poursuivre plus avant...
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    Message par Ellianne Ven 18 Mar - 17:42

    Ellianne leva les yeux au ciel, avec un air légèrement désespéré quand les deux Lorrains tombèrent à genoux devant elle. D’accord, le protocole était une chose importante, très importante même dans toute situation officielle, mais là, bon sang de bois, ils étaient en privé. Si elle c’était assise sur leur Trône et leur avait succédé à la tête du pays, elle n’était ni Asahi ni Amras, et n’avait pas pour coutume d’encourager les obséquiosité de la part de ses proches dans un tel cadre. Quant à eux, là, ils étaient de la famille, d‘une façon un peu spécieuse en ce qui concernait Vosgiens, certes, mais cela n‘empêchait rien et ne changeait pas d‘un iota la façon de voir les choses de la petite peste couronnée. Par toutes les Flammes de l‘Oiseau, quelques mois au part avant, Lupus la serrait encore dans ses bras en la voyant, et allait même jusqu’à l’embrasser affectueusement, elle n’allait sûrement pas le laisser ramper à genoux devant elle maintenant, serment de fidélité ou pas !


    Elle les laissa néanmoins poursuivre, comme ils étaient lancés, alors que Medar les couvait de son regard sardonique, visiblement amusé par la situation. Et quand ils eurent finalement fini, elle entreprit de se masser l’arrête du nez, visiblement préoccupée. Elle était au courant de la « maladie » de Lupus, via les invités qu’elle avait envoyé chez lui, mais elle ne pensait pas qu’il irait aussi loin. Si ce vieux fou se mettait à être malade sérieusement, maintenant, ou allait aller le monde…


    « Manquait plus que ça, tient… Roh, et relevez vous, tous les deux ! Vous allez finir par me donner la migraine avec vos « Altesse Impériale » et tout le toutime. Vous êtes de la famille, je vous le rappel, par les ailes embrasées du Phénix ! »


    La jeune femme accompagna cette exclamation d’un mouvement de la main excédé, tout en portant sur elle son regard, rouge, étincelant. Pour être un peu énervée de toutes leurs simagrées, elle n’en restait pas moins l’animal politique qu’avaient construit Servarion, Calarenne, Sélène et Medar avec les années et l’aide de quelques autres personnes de bonne volonté, et derrière la petite peste se cachait toujours l’Archiduchesse d’Anok et maintenant l’Impératrice de ce cauchemar politique qu’était l’Empire d’Eternia. Une Impératrice bien consciente de tout un tas de réalités criantes.


    « Quant à mon autorisation… Cela dépend, mon Oncle. Qui comptes-tu mettre à ta place, et quelles garanties aurais-je qu’il ne va pas foutre le camp de mon Empire en emportant la seule chose qui empêche ma frontière orientale de devenir une passoire à travers laquelle filtreraient des grandes bandes de barbares puants qu’il faudrait que j’aille combattre moi-même ? »


    Ellianne était peut-être une peste de première, elle pouvait avoir des caprices insensés, mais elle était bien loin d’être stupide. Elle n’avait pas cherché le Trône Impérial avant qu’Ombre ne se défile de façon si inopinée, mais maintenant qu’elle y était, elle comptait bien y rester, et de préférence à la tête d’une force politique et militaire digne de ce nom, pas d’un état en guerre perpétuelle contre des hommes sauvages et sans aucuns doutes rompus aux notions de combat. L’Empire se devait de rester une entité souveraine et toute-puissante, bien au-dessus des guerres, encore plus une guerre qui s’enliserait inévitablement, sinon tout foutrait le camp encore une fois, et elle était bien déterminée à ce que cette fois une pareille chose n’arrive pas.

    « Et puis je croyais que justement tu ne pouvais pas tomber malade ! Tu ne vas pas me dire que tu as trainé ta grande carcasse par mont et par vaux depuis avant la guerre contre l’Ennemi pour succomber à une maladie, quand même ! Les maladies, ça se soigne, et c’est pas demain la veille que tu me feras avaler que tu souffres de vieillesse ! Alors si tu veux te défiler de tes responsabilités, va falloir m’expliquer le pourquoi du comment, et dans les détails, ou trouver une autre raison. »


    Au fur et à mesure qu’elle encaissait la nouvelle, son esprit agile la décortiquait méthodiquement, et elle pouvait sentir sans avoir besoin de regarder le léger hochement de tête accompagné d’un sourire approbateur malgré la pointe de malice que lançait l’homme dans son dos. Un simple aspect parmi bien d’autres du lien si complexe qui les unissaient, tous les deux…


    « Sans compter que, même en admettant que je te donne cette permission, ce pour quoi il faudra d’abord me fournir pas mal d’explications et mon convaincre, aussi, il n’est pas question que tu t’en sorte à si bon compte. Tu es aussi impliqué que moi dans toute cette histoire, et je ne te laisserais pas te défaire comme ça de cette responsabilité là. Tu as fait tout un tas de promesses désobligeantes, lors de mon couronnement, et dis-toi bien que tu vas les tenir, même si je dois t’enchaîner à mon Trône pour que tu continues de servir le peuple d’Eternia. Alors, que comptes-tu faire pour remplir ce devoir, si tu te défiles de tes responsabilités, en Lorraine ? »


    Elle ponctua sa dernière question d’un haussement de sourcil interrogateur, lui indiquant par-là qu’elle avait fini de parler pour l’instant. Elle avait lancé suffisamment d’interrogations pour l’instant, et ce qu’elle voulait à présent, c’était avoir des réponses. Devenir Impératrice n’avait pas arranger sa patience dans ce genre de cas bien précis, et les lui fournir aurait, somme toute, été l’une des meilleures idées que puissent avoir les deux Lorrains devant elle. Celle-là, et aussi celle consistant à s’être relevé depuis la dernière fois qu’elle avait regardé vers eux…

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    Message par Lupus Mer 23 Mar - 17:30

    Au "relevez-vous, tous les deux !", les deux hommes se levèrent, Vosgiens se redressant de toute sa taille, raide, et Lupus lentement, restant un peu affaissé. Le Grand Duc écouta silencieusement, gardant le même sourire léger et fatigué, le sermon d'Ellianne -car ça semblait bien en être un. Quand elle eut finit, le lorrain répondit de sa voix douce, et de façon aussi méthodique qu'autrefois, dans la Tour des Débats et l'Ambassade Générale...

    - Pour répondre sur ma succession, c'est fort simple.
    D'abord, le Grand Duché de l'Est devient terre d'Empire, sur laquelle s'étend la suzeraineté pleine et entière de l'Impératrice d'Eternia en titre.

    Le lorrain avait dit ça si simplement ! Une simple information, comme s'il avait parlé du temps de la journée ou commenté les bruits de la ville.

    - Le représentant de l'Impératrice qui gouvernera en son nom et sous sa surveillance le territoire devra être lorrain, et si vous le permettez, il conservera le titre de "Grand Duc de l'Est" -sinon, ce titre s'ajoutera à la liste des titres de l'Impératrice, évidemment. Il aura autorité pour nommer les hauts fonctionnaires et militaires aux postes vacants, mais devra tout de même obtenir l'aval de l'Impératrice. Il pourra être secondé ou surveillé par un envoyé impérial qui pourra mener des enquêtes de fond et de forme sur l'administration, y compris l'armée.
    L'armée, elle-même, sera à disposition de l'Impératrice. Si sa vocation première est de protéger le Grand Duché contre les invasions des non-éterniens, elle peut cependant être mobilisée, hormis un noyau chargé du maintien de l'ordre et de la protection minimale des frontières, et être menée aux côtés ou à part des armées impériales contre tout ennemi de l'Empire, y compris en-dehors des frontières du Grand-Duché. Les armées impériales auront plein droit de passage sur les terres ducales, et pourront stationner temporairement dans les citadelles en temps de paix, et les utiliser pour combattre les ennemis de l'Empire en temps de guerre.
    L'intégralité du Trésor sera compris dans le Trésor Impérial, pour financer au besoin l'Empire; toutefois, en temps normal, seule la marge des entrées d'argent par rapport aux dépenses pourra être utilisée par l'Empire, à une hauteur maximale de quatre-vingt pour-cents, afin de permettre au Grand-Duché de continuer à fonctionner et de créer un fond de réserve pour financer ses projets infra structurels internes.

    En contrepartie, le peuple continuera à vivre selon ses lois, us et coutumes. Toute modification des chartes législatives actuellement en vigueur dans le Grand-Duché devra, comme c'est spécifié, être soumise à l'aval du peuple.
    Les impositions diverses resteront, comme précisé par ces chartes, à la discrétion du gouverneur lorrain en place, le reliquat des perceptions actuelles étant déjà fort conséquent.
    Pour finir, l'Empire s'engage à ne pas faire entrer de personnes étrangères au Grand-Duché pour qu'elles s'y installent, définitivement ou temporairement, sans l'accord du gouverneur en place, sauf s'il s'agit du représentant impérial, d'éventuels ambassadeurs, ou d'officiers militaires impériaux en mission.

    Peser le pour et le contre...le but était de préserver la tranquillité des lorrains: Ellianne -ou ses conseillers, et notamment Médar- allaient-ils penser que c'était cher payé, vu tous les avantages proposés et contrepartie ? Le Grand Duché de l'Est était si vaste...et sa richesse, si elle demeurait très importante, n'était qu'à peine exploitée, pourtant: un formidable réservoir d'hommes et d'argent, que les lorrains demandaient juste à voir ménagé, pour l'Empire...

    - Comme vous le savez, les lorrains sont dotés d'une fidélité extrême. Même si nous sommes en désaccord avec quelque chose, à moins de le trouver profondément injuste et dangereux, nous demeureront fidèles à ceux à qui nous avons juré aide et assistance, fidélité et amitié.
    Par conséquent, je vais vous demander d'introniser mon successeur comme Gouverneur de l'Est, et Grand Duc de l'Est si cela vous plaît également. Il vous jurera fidélité. C'est un homme sage, mesuré, capable de prodiges de diplomatie. C'est un guerrier émérite, et un stratège hors-pair. C'est un être fidèle et dévoué, même quand il est en désaccord...

    Vosgiens ne pu retenir un grognement. Lupus tourna légèrement la tête vers lui, un sourire amusé venant recouvrir, pendant une fraction de secondes, le sourire fatigué.

    - Je parle évidemment de mon fidèle ami et second, Vosgiens Elemanquia.
    Comme quoi, vous n'aurez nul besoin d'affronter vous-même les gens venant de l'Est du Grand Duché: Vosgiens s'en chargera. Il est trop respectueux des engagements pris pour briser aisément et sans raisons valables son service à votre égard...

    C'était vrai, comme l'avait prouvé Vosgiens en accompagnant Calarenne: il était souvent en désaccord avec l'Empire, mais un ordre était un ordre, et point à la ligne: on devait le suivre. En l'occurrence, l'ordre allait être d'administrer le Grand Duché pour l'Empire, tout simplement...et son hostilité à l'Empire serait garant d'un respect de celui-ci envers les lorrains, tout simplement là aussi.
    Ellianne et Médar cependant, avaient pu remarquer, durant tout le discours, ces réserves de Lupus: les lorrains pouvaient se révolter, s'ils ressentaient une trop grande injustice...cela rappelait évidemment les paroles murmurées par Lupus à Ellianne lors du sacre de celle-ci... Peu importe: les lorrains n'en démordraient jamais, ce n'était même pas nécessaire de revenir sur ce genre de choses -du moins, était-ce ce que les lorrains, et Lupus en premier lieu, pensaient.

    - Quant à ma maladie, comme vous dites...oh, disons...une grande fatigue, tout simplement...qu'il sera difficile d'éliminer avant longtemps...

    C'était vraiment très résumé...et minimisé...mais si Lupus refusait d'en dire plus même devant la gamine à laquelle il avait juré fidélité et obéissance, c'est que décidément il refusait de s'y éterniser.

    - Quant à moi-même, enfin...eh bien, je suppose qu'une maison dans Etemenorkia pour moi-même seulement et mes quelques affaires personnelles, plus une petite rente versée régulièrement par le Trésor lorrain, seraient suffisant à mon entretien et à ma vie.
    Et pour vous servir et vous plaire, Votre Altesse Impériale, étant donné que je demeurerai en Etemenorkia, il vous sera facile de me mander, selon votre bon plaisir, je suppose...
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    Message par Ellianne Ven 8 Avr - 18:05

    La jeune femme écouta en silence l’intégralité du discours de Lupus, sondant avec attention ses paroles comme ses attitudes. Depuis que la couronne avait été posée sur sa tête, il y avait toujours et à tout instant deux personnes bien distinctes dans ce fort joli corps : Ellianne et l’Impératrice. Généralement, ces deux personnages se mêlaient à part égales, mais il arrivait que l’une des deux ressortes plus, comme ici. C’était la Souveraine d’Eternia qui écoutait son vassal, même si elle conservait toujours certains traits d’Ellianne parlant avec son oncle par alliance. Son beau visage resta impassible alors que le Duc déroulait les grandes lignes du nouveau statut qu’il prévoyait pour la Lorraine, et si, quelque part dans un coin de son esprit, une petite voix sardonique fit remarqué que, cette fois, il avait eût le bon sens de ne pas en faire une déclaration publique, rien ne filtra dans son regard carmin. Ce ne fût que lorsqu’il eût fini qu’une légère moue vint étirer ses lèvres fines.

    « Hummmm… Intéressant… »

    Par certains côtés, elle ressemblait vraiment beaucoup à Medar dans ces moments là. Celui-ci, toujours aussi confortablement installé, se contentait de la regarder faire, ses yeux aussi rouges que les siens brillants de son cynisme coutumier et de choses que nul n’aurait su déchiffrer à Etemenorkia, sauf elle; car Calarenne se trouvait loin de là, à gérer l’Anok en son nom...

    « Reprenons dans l’ordre. Déjà, si ton Duché devient Terre Impériale, l’homme qui la gouvernera au nom de la Couronne ne saurait porter le nom de « Grand-Duc de l’Est ». Gouverneur de l’Est sera un bien meilleur nom et, comme tu le suggère, ton titre sera rattaché à ceux que possèdent déjà le Trône. N’y voit là aucune vanité personnelle, juste un soucis de clarté et de cohérence dans l’organisation de la noblesse globale d’Eternia. Un Duc est un vassal, alors qu’un Gouverneur est un administrateur, quoique, dans les faits, celui ou celle qui dirigera la Lorraine aura toujours le même rang à plus ou moins tous les niveaux… »

    Elle parlait là du décorum qui, s’il n’était pas la tasse de thé des plus orientaux de ses sujets, figurait parmi les préoccupations de bon nombre de membres de la noblesse éternienne. Il fallait croire qu’aucune terre ne pouvait être vraiment parfaite…

    « Que le Gouverneur, donc, soit lorrain, cela me paraît l’évidence même. Qui d’autre pourrait être capable d’administrer votre peuple si… spécial ? Vous avez de nombreuses spécificités, et il est beaucoup plus simple qu’un des vôtres vous gouverne. Au niveau des nominations, je suppose que tu parles aussi des nobles, n’est-ce pas ? Sinon, hé bien rajoutons-le. Les Comtes devront être choisis par le Gouverneur puis soumis à l’approbation directe du Trône, pour éviter tout problème. Pour toutes les autres nominations, l’aval de l’Ambassadrice, ou Ambassadeur d’Eternia au près de la Lorraine sera suffisant, et si celui-ci a un problème il pourra toujours en référé à la Couronne. »


    Ellianne, malgré sa familiarité, ne parlait pas en « je ». Elle voulait en finir avec ce temps où toutes les dynasties étaient éphémères, avec un seul représentant sur le Trône, venu par la victoire et tombant dans la violence. Elle comptait bien fonder sa dynastie, une dynastie qui durerait, et réglait déjà tous les traités en parlant toujours du Trône et de la Couronne, ou plus rarement du Sceptre Impérial ou de l’Impératrice, et presque jamais en son nom propre.

    « Quant au poste de Gouverneur lui-même, je refuse qu’il soit héréditaire, quoique je ne pense pas que tu ais eût l’intention qu’il le soit. Comprend bien que ce n’est pas un soucis immédiat, puisque je n’aurais rien contre la gouvernance de Siana après celle de Vosgiens, que du contraire, mais dans un cadre plus large. Dans le cas où il transmettrait le flambeau, comme toi maintenant, le Gouverneur, toujours comme toi, présenterait un candidat à sa propre succession au Trône, qui aurait droit de veto sur sa nomination, bien entendu. Dans le cas où il décéderait sans avoir proposé de remplaçant, les Comtes et Comtesses lorrains se réuniraient et présenteraient de la même façon leur candidat à la Couronne. En cas de non-acceptation immédiate, l’Impératrice discuterait soit avec le Gouverneur sortant, soit avec le représentant du conseil des Comtes pour trouver un candidat satisfaisant les deux parties en présence, le Trône et le peuple lorrain. »

    La jeune femme faisait du moins confiance aux lorrains pour demander l’avis de leur peuple s’ils l’estimaient nécessaire. Elle était assez bien placé pour savoir que, sous leurs dehors tout à fait convenables, ils avaient des relents de démocraties, tout de même…

    « Pour l’armée, c’est la logique même qu’elle protège la Lorraine des invasions externes puisque, justement, elle est et restera la protection de l’Empire lui-même contre toutes les invasions orientales. Ce d’ailleurs le premier devoir et la première charge du Gouverneur que d’assurer ladite défense. Tout le reste de ce que tu as dit me semble naturel et correct, et j’ajouterais seulement que, comme de bien entendu, le Gouverneur de l’Est pourra toujours appeler à l’aide l’Empire au cas où il serait débordé par les ennemis ou si une grande menace se présentait, auquel cas l’Armée Impériale, accompagnée éventuellement d’armées éterniennes, se portera au secours de la Lorraine, comme de toute terre Impériale ou sous le vasselage de l’Empire. »

    Avec ces fichus Lorrains, elle préférait toujours tout préciser avec soin. Ils étaient très différents de mentalité du reste d’Eternia et, si elle les comprenait mieux que n’importe quel autre étranger à leur culture, ou presque, elle avait aussi apprit que des bases claires étaient le meilleur moyen de traiter quoi que ce soit avec eux, dans quelque domaine que ce soit.

    « Alors, le Trésor… Je vois quelque chose de plus clair que ça. En temps normal, cinquante pourcent du bénéfice net du Duché sera annuellement versé dans les caisses de l’Empire. Celui-ci laissera à la discrétion du Gouverneur le prélèvement des taxes et tout autre moyen de faire rentrer de l’argent, ainsi que même ses comptes internes. »

    Ce qui voulait dire, en clair, que si les Lorrains voulaient honteusement flouer l’Empire, tant qu’ils n’étaient pas trop gourmands et donnaient assez au Trésor, ils auraient le champ libre pour le faire. Une preuve de confiance et de bonne volonté qu’elle était prête à fournir.

    « En temps de guerre importante ou de crise, d’un côté ou de l’autre, l’Empire ou le Duché pourra obtenir une plus grosse part de bénéfice. Ainsi, si l’Empire est dans le besoin, il pourra réquisitionné plus que les cinquante pourcents, sans jamais mettre l’Est en déficit, sauf pour des cas extrêmement graves et avec l’aval du Gouverneur. De même, si la Lorraine est en difficulté financière, elle pourra le signaler à la Couronne et ainsi voir sa charge diminuée ou effacée temporairement, voir même, si le budget Impérial le permet, recevoir une aide financière. »

    Des détails somme toute très classiques, mais qu’encore une fois elle préférait fixer, tout comme elle avait préféré fixé cinquante pourcents plutôt que d’en rester à un maximum de quatre-vingt. Du moins cela évitait-il les malentendus…

    « Le chapitre des lois me semble évident. Je vous connais assez pour savoir que vous ne vous laisserez pas imposer vos lois par le voisin. Le Trône aura bien sûr le droit de proposer au Gouverneur des lois, qu’il ratifiera comme bon lui semblera et selon les chartes ou constitutions lorraines, avec l’aval de qui il le jugera nécessaire. Toutefois, l’inverse sera aussi vrai. Nous examinerons, mon Conseiller ici présent et moi-même, les lois actuellement en vigueur en Lorraine avant de les ratifier, quoique je ne pense pas que nous y trouvions d’incompatibilités avec la loi éternienne classique. Tout futur ajout de loi devra être soumis à l’approbation de l’Ambassadrice ou Ambassadeur Impérial, ou de toute autre personne que l’Empire pourrait juger bon d’envoyer en Lorraine pour assumer certaines charges de façon séparée de celles diplomatiques. Comme pour les nominations, libre à lui d’en référer ou non au Trône, selon son jugement. »

    Elle voulait bien leur laisser le droit de contrôler leurs lois comme ils voulaient, mais pas sans avoir elle-même un droit de regard sur ce qui se ferait là-bas. Bien sûr, elle faisait confiance aux Lorrains… Pour l’instant. Mais qui pouvait savoir ce que réservait l’avenir.

    « Je suis également prête à accorder le contrôle de l’immigration vers le Duché au Gouverneur, comme tu le demande, car je connais vos rapports disons… spéciaux avec les étrangers. Et si l’Empire pourra bien entendu envoyer officiers, ambassadeurs ou autres représentants en mission ou pour assurer une permanence en cas de problème, l’établissement définitif de tout personnage impérial sera également soumis au jugement du Gouverneur, comme ce fût le cas pour l’Ambassadrice que l’Empire a présentement sur vos terres. Et si un problème se présente ultérieurement avec un représentant quelconque de l’Empire installé en Lorraine, le Gouverneur pourra toujours porter l’affaire devant le Trône. Je ne vais pas vous imposer sans raisons des gens avec qui vous ne vous entendez pas, ce serait contre-productif.  »

    Un fin sourire étira enfin et brièvement ses lèvres, un sourire amusé. Elle préférait de loin avoir une Kalio sur les terres lorraines qu’une parfaite étrangère qui se boufferait le nez avec Vosgiens à longueur de temps. D’ailleurs, à ce propos…

    « De plus, je voudrais vous exposer une close de mon cru. J’aimerais que l’Empire puisse envoyer, avec l’approbation du Gouverneur de l’Est, de jeunes gens en formation dans l’Armée lorraine, ou qui sait l’administration, afin qu’ils apprennent vos techniques sommes toutes remarquables mais aussi qu’ils vous connaissent mieux. J’ai été très contente du résultat produit sur Kalio et Valéria, et je pense que d’autres cas de ce genre seraient possible à l’avenir. Cela permettrait en outre de former des groupes connaissant votre culture et donc plus aptes, comme les deux damoiselles que je viens de mentionner, à traiter avec vous. Le Gouverneur serait bien sûr libre de refuser toute demande de ce genre. Oh, et si, par hasard, vous souhaites faire former de petits groupes de Lorrains par l’Empire, pour obtenir un effet analogue ou pour toute autre raison, la démarche pourra s’effectuer dans l’autre sens, quoique rien ne vous y obligerait. »

    Elle ne se voyait pas leur imposer ça, mais elle aurait vraiment voulu que ça passe. Enfin, se serait à voir, et peut-être à négocier. En attendant, elle leur sourit à nouveau, un sourire un peu plus grand et assez affectueux tout de même.

    « Je crois avoir fait assez d’allusions pour que vous compreniez que la candidature du premier Gouverneur de l’Est est dors et déjà accepté. Vosgiens, je sais que vous n’avez pas toujours été dans les meilleurs termes avec nous. Je sais toutefois que vous êtes un homme loyal et fidèle aux ordres autant qu’a vos principes, et que si vous me jurez d’administrer fidèlement le territoire de votre peuple, vous le ferez. J’ose aussi espérer que, notamment au contact de nos deux Ambassadrices, vous avez pu voir que l’Empire et l’Alwinion ne sont pas pourris jusqu’à la moelle. Je ne suis pas Amras, même si je me suis placé dans sa droite ligne pour plus de facilité, et j’espère sincèrement que notre collaboration sera fructueuse, pour nous mais aussi et surtout pour le peuple d’Eternia, Lorrains compris. »

    L’Impératrice n’aborda pas plus en avant le chapitre de l’indépendance des Lorrains et de leurs droits de rebellions. Elle les savait assez butés pour camper farouchement sur les positions, et de toute façon elle ne voyait pas ce qui aurait pu les empêcher de se révolter si cela leur semblait nécessaire, selon leur propre vision des choses, bien particulière…

    « Quant à toi Lupus, je veux bien croire que tu es fatigué, mais ne crois pas pouvoir passer ta vie à jardiner tranquille dans un quartier de ma cité. Tu viendras t’installer ici, où il te plaira, mais tu auras des appartements au Palais, et je tiens à ce que tu fasses partie de mon Conseil Impérial. J’aurais ainsi les deux plus anciens seigneurs d’Eternia à ma table de conseil, avec leurs points de vue particuliers, et cela ne pourra qu’enrichir d’autant la richesse des débats. »

    Il était vrai que la majorité de l’expérience éternienne la plus ancienne se trouvait rassemblé dans cette pièce, avec les trois hommes qui étaient en sa compagnie. Elle sourit doucement aux deux Lorrains, curieuse de voir comment ils allaient réagir à tout ça.

    « Alors, messieurs, qu’en pensez-vous ? »
    Lupus
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    Message par Lupus Sam 9 Avr - 0:14

    Tout au long de la diatribe d'Ellianne, Lupus avait peu à peu haussé les sourcils, étonné, et perdant même lentement son doux sourire fatigué, retrouvant inconsciemment son rictus de loup. C'est que les mises au point de l'Impératrice lui faisaient apparaître qu'elle quittait sa proposition d'un Grand-Est qui ne serait qu'une province impériale semi-indépendante à un Grand-Duché qui était un protectorat bien plus indépendant que la proposition initiale du géant. En fait, lui et Vosgiens s'étaient attendus à bien plus de résistance et de tractation avec Ellianne -raison qui avait motivé une offre très large, d'ailleurs. Même les trois jeunes -Siana, Julius et Caius- s'étaient attendus à davantage de négociations. Mais, dans le fond, c'était une assez bonne nouvelle. Lupus jeta un regard Medar, un de ces anciens regards perçants et acérés qu'il avait eu, autrefois, sous Asahi.
    Mais, enfin, Ellianne avait fini. Lupus reprit la parole, retrouvant son attitude douce et fatiguée, après avoir grimacé quand elle avait évoqué sa propre condition:

    - Je vous rappelle, Votre Altesse, que pour nous autres, la noblesse en tant que telle n'existe pas. Nos "nobles" ne sont en fait que des militaires ou des administrateurs...je précise, car la noblesse en Eternia est généralement héréditaire: pour nous, les titres de noblesse ne sont que des agréments pour les fonctions, afin de donner un équivalent aux autres seigneuries éterniennes Un "noble" lorrain peut être destitué.
    Le poste de gouverneur, tous comme les autres je viens de le dire, ne sera évidemment pas héréditaire. Nous n'avons aucun intérêt particulier à ce qu'une lignée s'installe à un tel poste -ni à aucun autre, d'ailleurs, dans le Grand-Est.

    Lupus hésita un instant.

    - Pour ce qui est des formations...

    Il hésita à nouveau, et tourna la tête pour regarder Vosgiens. Celui-ci agita vaguement la tête et haussa imperceptiblement les épaules, et Lupus retourna la tête vers l'Impératrice.

    - ...ma foi, nous pouvons tout à fait les accepter, je pense. Ça ne nous est pas contraignant.

    La demande d'Ellianne paraissait étrange aux deux lorrains...que comptait-elle faire de gens formés chez eux...? Bah, après tout...

    - Pour le reste des conditions exposées pour les lorrains et le Grand-Est...

    Une fois de plus, Lupus tourna la tête vers Vosgiens, qui hocha cette fois de la tête, sans hésiter.

    - ...nous les acceptons en bloc et sans contestation. Le titre de Grand-Duc, évidemment, nous ne nous y intéressons pas...pour le reste, vos conditions nous conviennent parfaitement.

    Le coin des lèvres de Lupus s'étira une fraction de seconde, puis il grimaça à nouveau.

    - Quant à moi-même...

    Il se tut, et retrouvant rictus et regard acéré, fixa un instant Ellianne, puis Medar. Puis il revint à Ellianne, et le visage et le regard reprirent leur aspect épuisé et maladif.

    - ...Bah, je suppose que ça ne sert à rien de contester, après tout, hein ?

    Le changement de ton était perceptible: un court instant, il serait presque revenu au tutoiement...

    "Cette gamine...elle a bien changé. Elle a mûrit. Qu'est-ce qui l'a changée à ce point ? Medar ? Ou bien a-t-elle été toujours ainsi, au fond ?"

    Soudain, Vosgiens avança d'un demi-pas, et éleva sa voix rauque.

    - Votre Altesse Impériale, je jure de ne pas vous faire défaut. Vous pouvez compter sur moi.

    Il fixa l'Impératrice de son regard jaune, qui scintilla. Puis un sourire soudain cassa le visage rude et autoritaire, et tira sur les nombreuses et fines cicatrices qui parsemaient le visage; et la voix se fit soudain chaude:

    - Je suis heureux de vous entendre dire à haute voix que vous ne vous placez dans la suite d'Amras que pour des raisons de praticité... Et je vous prie de m'excuser pour toute l'animosité dont j'ai pu faire preuve jusqu'ici à ce propos à votre égard.

    Des excuses de la part de Vosgiens ??!! Même Lupus manqua de s'étrangler, encore qu'il n'en laissa rien paraître, sinon un infime tressaillement, que sans doute seul Medar avait pu voir, Vosgiens ayant les yeux fixés sur Ellianne, et celle-ci donnant pour sûr la réciproque -encore qu'elle avait peut-être des yeux et des facultés plus nombreux et aiguisés que ne pouvaient même l'imaginer le géant...
    Le vieillard inclina la tête profondément, et recula d'un demi-pas, recouvrant sa position initiale. Lupus reprit la parole:

    - Eh bien, Votre Altesse, si vous le permettez et s'il n'y a rien de plu, nous allons nous retirer, et expédier rapidement les dernières opérations nécessaires à la transition de situation.

    Car, oui, ils avaient déjà procédé à la préparation. Dans les faits, il ne restait guère qu'à expédier les ordres pour que tout le système s'adapte aux changements, dans le fond assez minimes...
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    Message par Ellianne Ven 6 Mai - 22:13

    La vérité, la vérité simple et nue, franche, c'était qu'Ellianne ne voulait tout bonnement pas d'une simple province orientale que l'Empire gérerait et administrerait par procuration comme toutes les autres provinces qui étaient dans son girond direct, avec Vosgiens comme simple intermédiaire. Cela ne l'intéressait pas. Ce dont elle avait besoin, c'était d'un Duché de l'Est puissant et fort, qui continuerait de contenir les barbares d'Orient comme il l'avait toujours fait, en étant un protectorat de l'Empire rattaché à sa propre Couronne si besoin était. En fait, ce rattachement au pouvoir impérial n'était pas vraiment pour lui déplaire, que du contraire, car ce pourrait être très intéressant une fois inscrit dans la durée. Pour l'instant, toutefois, elle préférait voir la Lorraine tenir sa position, comme elle le faisait déjà lorsqu'elle était indépendante, comme elle le faisait déjà avant qu'elle-même n'arrive en Orkandia, cette terre qui maintenant avait changé de nom et était devenue sienne, pour le meilleur ou pour le pire.

    Cela expliquait son remaniement de la situation, pour créer un Grand-Est en équilibre entre la domination impériale et l'indépendance. De plus, elle comptait aussi avec la caractère lorrain qui, à plus ou moins brève échéance, aurait inéluctablement fini par rompre des chaînes trop lourdes. Avec les modifications apportées, elle gagnait des revenus et une importante réserve d'hommes potentiels, sur la vie desquels elle pourrait influer subtilement si le besoin s'en faisait sentir, tout en conservant le bouclier qui la servait si bien contre les menaces orientales. Et puis, malgré les apparences, Ellianne n'était pas un tyran et, quoiqu'en pense Lupus, elle comptait bel et bien les lorrains comme des habitants de l'Empire, comme faisant partie, par la même, de ses sujets, ceux dont elle avait juré d'assurer la prospérité, autant que c'était possible sur cette terre qui de toute éternité avait été une terre de guerre. Elle préférait de loin orienter doucement la Lorraine dans la direction des autres seigneuries d'Eternia plutôt que de forcer une intégration inefficace car imposée, accompagnée d'un joug trop lourde dans lequel elle n'aurait aucun intérêt.

    Ce n'était pas pour rien qu'elle était l'Élue du Spectre qui se tenait non loin d'elle, de l'approbation dans les yeux, ni qu'elle avait été l'élève de certains des nobles les plus subtiles de cette terre. Elle était subtile elle-même, quand elle choisissait de l'être, et en l’occurrence elle visait tout à la fois des buts à court et à long terme. Le fait d'avoir surprit Lupus était une petite satisfaction supplémentaire, et une preuve que, en définitive, il la connaissait bien mal. Aucun d'entre eux ne la connaissait totalement, même pas l'homme auquel elle avait unis son destin et qu'elle aimait pourtant si fort, plus que toute autre chose. Pas même lui, parmi tous les Lorrains, car, tout comme il y avait certaines choses qu'elle savait d'eux mais ne pouvait assimiler, et d'autres encore qu'elle savait exister tout en ne connaissant pas, ils étaient bien trop éloignés d'elle sur bien trop de plans pour pouvoir totalement la comprendre ou la connaître... Leur seigneur, ou ancien seigneur, maintenant, le prouva encore, en précisant leur point de vue sur la noblesse. Bien sûr qu'elle savait déjà cela, elle avait réglé quelque chose de différent en posant ce point. Mais qu'il continue de ne pas voir, et qu'il apprenne un peu. On ne pouvait apprendre que comme ça, parfois, même lui, même elle, en dépit de tout ce qu'ils étaient tous deux, chacun de leur côté.

    Après quoi Lupus confirma en trois étapes leurs acceptations des termes qu'elle avait posés, en consultant parfois Vosgiens, qui maintenant devrait présider aux destinées de la Lorraine, sous son autorité. Vosgiens, qui avait prononcé des paroles très dures contre elle, contre l'Empire, qui avait se propre convictions et ses propres motifs de combat, elle le savait. Un pari, peut-être, sans doutes même, mais elle avait dit ce qu'elle avait dit, et ne pouvait qu'espérer que cela porterait ses fruits. Elle perçu une irrégularité sur la fin de la prise de parole du vieux seigneur, mais ne la saisit pas tout à fait, et fit donc confiance à son compagnon pour le faire à sa place. Il en allait souvent ainsi, jadis, avec Servarion, et parfois encore maintenant, avec l'Aigle ou le Spectre, aussi bien. Medar lui était aussi familier que le rapace géant qui partageait son esprit depuis si longtemps, peut-être même plus, ce qui aurait dû être troublant mais ne l'était pas, pourtant.


    « Votre Altesse Impériale, je jure de ne pas vous faire défaut. Vous pouvez compter sur moi. »

    Et c'était Vosgiens, cette fois. Elle accepta ce serment d'un gracieux mouvement de la tête. Un instant plus tard, elle fût surprise à son tour, car le lorrain continuait avec des paroles qu'elle n'aurait jamais cru entendre dans sa bouche, et qu'elle salua d'un sourire étincelant. Même Medar avait été surprit, et peut de choses le surprenaient, maintenant, mais il vit le tressaillement de Lupus, car son regard était acéré pour ce genre de détails, et ce dit que, cette fois, il pouvait bien s'excuser, si même lui éprouvait de la surprise, alors qu'il était sans doutes celui qui connaissait le mieux le vieux métamorphe, à sa connaissance tout du moins.

    « Eh bien, Votre Altesse, si vous le permettez et s'il n'y a rien de plus, nous allons nous retirer, et expédier rapidement les dernières opérations nécessaires à la transition de situation. »

    Une petite moue pensive s'inscrivit sur les lèvres de l'Impératrice, alors qu'elle réfléchissait à la question. Il ne s'agissait pas d'oublier maintenant une chose pour laquelle elle devrait les faire revenir plus tard tous les deux, quand même...

    « Hum... Seulement quelques menus détails, comme de fixer une date pour l'officialisation de la chose, et votre allégeance toute aussi officielle à votre nouveau poste, Vosgiens. Sachez toutefois que ce que vous avez dit aujourd'hui est plus plaisant à mes yeux qu'aucune allégeance de cours. »

    Et c'était vrai, bien sûr, elle le lui fit savoir d'un doux sourire. Elle le vouvoyait encore, toutefois, une habitude encrée en elle, avec lui. Il semblait si... si... si lui, tout simplement ! Elle n'avait pas de mot pour décrire sa sensation, mais il lui semblait plus naturelle d'employer le « vous », avec lui, ce qui était assez inhabituel pour être souligné.

    « Oh, et il me faudra aussi savoir si vous comptez vous faire remplacer comme Comte, au vu de votre nouvelle charge, et si oui par qui. À part cela, je pense que ce sera tout. Medar ? »

    Elle se tourna vers elle, une interrogation dans le regard, pour la première fois de tout l'entretient. Le Spectre se redressa dans le fauteuil où il était confortablement installé, et prit la parole de sa belle voix mélodieuse, sa voix d'orateur, qui semblait innée sous cette présente incarnation et qui l'avait charmée dès la première fois. Il n'avait pas parlé depuis un long moment, la laissant faire.

    « Une seule chose, pour moi. J'aimerais m'entretenir en privé avec toi, Seigneur Conseiller, si tel est ton bon plaisir et celui de Sa Majesté, bien entendu... »

    Il parlait à Lupus, bien entendu, et Ellianne hochait déjà la tête pour donner son accord. Non pas qu'il ait été véritablement nécessaire, c'était plus une affectation qu'autre chose. Bien sûr qu'elle était d'accord, il en était presque toujours ainsi, avec eux. Ce n'était pas une question de domination, il n'y en avait pas entre ces deux-là, plutôt une sorte d'harmonie, et autre chose encore. En tous cas, l'approbation impériale était acquise presque à coup sur pour le Spectre, et cette fois ne ferait visiblement pas partie des exceptions à cette règle...
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    Message par Lupus Sam 14 Mai - 14:14

    - Me succéder comme Comte...ma foi, je vois bien pour cela l'actuelle vicomtesse Nomaliastas. Et sa vicomté sera rassemblée avec celle du vicomte Apius: cela facilitera les choses. Nomaliastas est une excellente commandante, elle fera merveille à l'Est. Les Ambassadrices Kalio et Valéria l'ont déjà rencontrée, vous le savez sans doute ?

    Les deux jeunes femmes devaient surtout se souvenir du prénom de Nomaliastas: Aequinaria.

    - Quant à une date de serment...je me présenterai à vous quand il vous conviendra. Mais j'avoue n'en pas voir l'intérêt pour les lorrains: le serment de Lupus, le jour de votre sacre, nous a lié à vous...alors, puisque notre duché et la fonction de Grand-Duc vous sont attachés, à nos yeux nous n'avons point besoin d'une cérémonie officielle, ou du moins publique, pour garantir notre fidélité. Mais, je vous le répète: à votre convenance, Votre Altesse.

    Vosgiens sourit doucement.

    - Et moi, je suis à votre disposition, Premier Conseiller. Votre Altesse Impériale...

    Les deux lorrains s'inclinèrent profondément -et pas raidement, ce qui témoignait de la confiance qu'ils plaçaient en Ellianne- devant l'Impératrice, en guise de salut.
    Lupus suivit Medar, et Vosgiens resta dans la salle, légèrement sur le côté, à disposition d'Ellianne -à défaut, il disposerait, si tel était son ordre.
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    Message par Ellianne Jeu 19 Mai - 21:19

    Ellianne avait hoché la tête devant la réorganisation proposée par Vosgiens, se souvenant vaguement des noms qu'il évoquait, et qu'elle avait déjà vu dans des rapports ou, pour certains, en effet, entendus dans la bouche de Kalio et Valéria, celles qui étaient maintenant Ambassadrices en Lorraine, et se verraient bientôt dotées de nouvelles responsabilités, comme elles le méritaient amplement du reste. Encore un côté positif à cette affaire, car l'Impératrice misait beaucoup sur ses deux « jeunes prodiges », et voyait donc d'un bon œil cette occasion qui lui était donnée de les rôder un peu plus et de pousser toujours plus en avant leur formation. Car, bien entendu, elle ne comptait nullement, pour l'heure, envoyer de responsables complémentaires chez les Lorrains, ce qui mettrait la Fée, avec le soutient et les conseils de la métamorphe, dans une position somme toutes bien plus importante que celle d'une simple ambassadrice, puisqu'elle serait l'unique représentante officielle de l'Empire, et donc de la Duchesse en titre du territoire.

    Un léger sourire s'inscrivit sur ses lèvres quand il parla de l'allégeance, juste après. Une des choses que les Lorrains n'avaient pas encore intégré à propos de ceux que l'on nommait maintenant les Eterniens ! Ils comprendraient peut-être un jour ce qu'était vraiment l'Empire, le sien comme celui d'Amras en son temps ou même d'Asahi. Elle ne dit rien sur le moment, toutefois, car elle sentait que le Spectre avait l'intention de commencer de suite sa petite « discussion ». Quand Lupus eût donné son accord, elle leur communiqua donc simplement le sien d'un mouvement de la tête, et les deux anciens seigneurs sortirent de la pièce. Ce fût seulement alors qu'elle se tourna vers Vosgiens, souriant toujours doucement, le sourire de la jeune femme et non celui de l'Impératrice.


    « J'approuve totalement les adaptations que vous projetés pour notre Duché. J'ai en effet eût des échos de mes deux ambassadrices, et vous semblez oublié que j'ai moi-même eût l'occasion de la voir à l’œuvre, quoique pas avec nos techniques éterniennes. Je ne doutes pas que l'actuelle vicomtesse sera à la hauteur de sa tâche. »

    Car elle avait elle-même été visité l'endroit où les filles avaient été formées sous la houlette de Siana, lors d'un de ses voyages au cœur des territoires lorrains, qu'elle avait tenu à découvrir, même en partie, pour essayer de mieux comprendre son époux, dans la période qui était venue s'intercaler entre la Guerre de Succession et sa propre arrivée au pouvoir.

    « Quant à l'allégeance... Ah, croyez bien que je me passerais volontiers de ce défilé de nobles de diverses envergures qui doivent me jurer fidélité ! Malheureusement, bien que je connaisse le point de vue lorrain, et que je puisse même le comprendre, vous ne devez pas oublier qu'Eternia est une mosaïques de fiefs plus ou moins grands. Aux yeux de tous ces seigneurs et gentes dames, il y a eût un changement drastique de politique dans l'Est, et un nouveau serment doit être prêté par vous de manière officielle, comme pour les autres seigneurs qui accèdent au pouvoir. Il faudra aussi officiellement attacher le titre de Duc de Lorraine à la Couronne, et tout un tas d'autres détails... Un pouvoir à peu près accepté par tous est à ce prix. »

    Si, d'un point de vue extérieur, une cérémonie d'allégeance avait tout de la grande occasion, c'était principalement parce qu'on y assistait somme toute assez rarement. Il était rare qu'un même seigneur prête souvent allégeance à un même suzerain, et il n'y avait un public conséquent qu'aux grandes cérémonies, qui impliquaient des nobles très puissants ou de grands changements dans les fiefs. Mais, avec la reconstruction d'Eternia, Ellianne avait vécu tellement de serments, depuis son couronnement, le moindre seigneur sous son vasselage direct devant le lui prêter, qu'elle avait finie par être complètement blasée de la chose...

    « D'ailleurs, j'ai bien peur que chaque nouveau Gouverneur ou chaque vassal direct de celui-ci, puisque la Couronne assumera le titre de Duc, ne soit obligé de venir prêter son propre serment. C'est une close que nous avons dû inclure dans la Loi générale, pour éviter qu'un fils se montre par trop méprisant de la parole de son père, ou d'un quelconque aïeul... »

    *************************

    Pendant ce temps, Medar avait guidé son nouveau collègue dans une autre salle, non loin de la première, un petit salon assez confortable, quoi que très raisonnable pour le Palais où ils étaient. Après avoir refermé la porte derrière lui, deux gardes venant presque automatiquement se poster devant, le Spectre ne se gêna pas pour s'installer dans un des fauteuils, faisant un geste vague de la main vers les sièges restant.

    « Je t'en prie, prend place... si tel est ton bon plaisir. »

    Ironique et cynique, n'aillant par là aucune prétention à l'étiquette dans un tel cadre, Medar savait bien que les Lorrains pouvaient souvent se montrer guindés, ou pire, quel que soit le milieu et de manière totalement imprévisible à autrui. Il se contenta donc de poser son regard rouge, à la fois amusé et songeur, sur celui qui était maintenant l'ex-Duc de Lorraine.

    « Bellement tramé, mon vieil ami... Vraiment. C'était très joli. J'espère néanmoins que tu ne pensais pas réellement m'abuser en quoi que ce soit... »

    Un sourire froid et cynique, presque cruel, fleurit sur les lèvres fines du Spectre, au cœur de ce beau visage aux traits fins qui était maintenant le sien. Au fond de son regard, toutefois, pour qui savait voir, au-delà de tout ce qui y brillait, et il y avait bien des choses, se cachait, comme toujours, une source profonde et ancienne, tellement ancienne...

    « Tu as changé véritablement, vieux loup... Serait-ce le fin de la route pour toi ? Ou bien as-tu enfin choisis de ton plein gré le seul camp qui ait quelque valeur dans notre très cher et éternel ballet cosmique ? Je pourrais te comprendre... Les Ténèbres et la Destruction ont tous deux tellement d'attraits... »

    Pas d'explications, bien entendu. Quand y avait-il jamais eût d'explications, avec lui, et surtout dans de telles circonstances ? Il se contenta de regarder le « vieil homme », le même sourire aux lèvres, semblant porter toute l'ironie du monde, et bien plus que cela...
    Lupus
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    Message par Lupus Ven 20 Mai - 0:29

    Vosgiens fit la moue, mais hocha, puis inclina, la tête.

    - Entendu, ma souveraine...

    L'appellation était d'une force extraordinaire, dans la bouche de cet homme-là...

    - ...il sera fait selon vos désirs. Une cérémonie, dans les règles de l'art, et avec tous les responsables lorrains.

    Après les saluts d'usage envers sa nouvelle "patronne", Vosgiens se retira enfin...

    - - - - - - - - - -

    Lupus resta debout, s'appuyant de ses mains sur le dossier d'un des fauteuils, bras tendus.

    Lui qui pensait que ce vieux Medar allait essayer de lui faire une morale quelconque, voire même de lui donner des instructions pour le futur, le voilà soudain sur la défensive...même s'il n'en laissait rien paraître. Le Spectre ne pouvait quand même pas soupçonner la réalité ? Non...tout au plus, sans doute, flairait-il quelque chose... Le géant préféra jouer la carte de l'incompréhension...mais trop de légèreté l'aurait évidemment trahit aux yeux de Medar, qui le connaissait depuis longtemps: Lupus préféra donc redresser légèrement la tête et plisser les yeux. La voix profonde se fit un peu plus agressive, même si elle était toujours fatiguée.

    - Même l'univers, mon cher, n'est pas éternel: je dois bien finir un jour.

    Évidemment, sachant certaines choses...

    - Mais, que me veux-tu, Medar ?

    Même si la note de fatigue demeurait, un peu de fermeté était apparue; d'ailleurs, le vouvoiement laissait place au tutoiement.

    - Occupes-toi de ta protégée et de tes affaires. Tu sais bien que je me soucies peu d'Eternia, alors si je tiens à crever sans porter un titre, laisses-moi finir ainsi. Tout ce que j'espère, c'est que ton Ellianne ne désespérera pas Julius.

    Le discours était assez dispersé...insaisissable, comme voulait l'être Lupus, finalement.

    - Depuis combien d'années devrai-je être mort ? Ou en tous cas, je devrai avoir rejoins les meutes les plus sauvages et solitaires de ce qui étaient "mes" contrées ! Tu es plus proche des humains que tu ne veux le paraître, Medar...peut-être, tout de même, moins sombre qu'eux. Alors, laisses-moi m'éloigner, veux-tu ? Ta sale gamine et toi avez déjà réussi à m'imposer de rester à Etemenorkia, même si c'est en marge des affaires. Je n'ai pas à m'en réjouir.

    Le mensonge était bien dosé et saupoudré sur la vérité. Même Medar ne pouvait réellement distinguer le faux du vrai, bien qu'il puisse avoir ses théories. D'ailleurs, Lupus avait prit ses précautions: depuis "l'intrusion" d'Ellianne lors de son sacre, il avait fermé hermétiquement son esprit, le recouvrant d'un voile noir occultant ses pensées et connaissances. Il n'était pas magicien, mais n'était pas qu'un guerrier bourrin non plus.

    - Même Chaos n'est pas éternel, Medar. Et il s'équilibre avec Ordre, puis le remplace, et se fait remplacer par lui. Même Néant coexiste avec Existence. Je te croyais suffisamment sage et plongé dans les arcanes pour savoir qu'il n'y a pas de dominance d'une chose ou de l'autre, quelle qu'elle soit, mais seulement des phases de supériorité temporaires. L'équilibre est la clé. Le seul camp gagnant, c'est celui de l'opportunisme, qui change: et l'opportunisme ne va pas qu'avec la noirceur.

    Lupus était certain de sa conception de l'Univers, et n'en démordrait jamais: lui faire admettre le contraire était perdu d'avance, et Medar ne l'ignorait sans doute pas...d'ailleurs, Lupus n'ignorait pas que Medar ne l'ignorait pas...bref, ils n'ignoraient pas ça, tous deux.

    - Crois ce que tu veux, Medar. Tu ne comprendras jamais mes intentions profondes. J'ai besoin de repos, c'est tout.

    Certes, mais, ce qui n'était pas dit, c'était "quel type de repos"...
    Le lorrain détourna la tête, la voix redevenant calme.

    - Il y a longtemps que je devrai vous avoir quitté. Je ne suis plus de ce monde, Medar, si tant est que je l'ai jamais été. La Guerre contre l'Ennemi m'a coûté cher, plus cher que tu ne pourrais l'imaginer...et ensuite, Orkandia, puis la Guerre du Trône et l'emprisonnement, et enfin la Controverse et cette pseudo-mort sous les remparts... Je n'existe pas vraiment: ça, je pense que tu peux t'en rendre compte...

    Il se redressa un peu, et s'avança vers une fenêtre donnant sur la capitale, le dos tourné vers Medar.

    - Je suis las, "Yeux-rouges". Il y a des fardeaux que je n'aurais jamais dû porter: aujourd'hui, j'espère juste que les autres n'en paieront pas les conséquences. J'ai voulu épargner à mon peuple la souffrance en faisant certaines choses moi-même...j'hésitais déjà à l'époque à faire ces choix, sachant leurs conséquences. Aujourd'hui, je suis peu de choses de constater le mal que cela a engendré...
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    Message par Ellianne Mar 24 Mai - 22:03

    Ce qu'il voulait... N'était-ce pas la plus vaste des questions ? Ils se l'étaient tous demandés, à un moment ou à un autre, tous autant qu'ils étaient, même ceux qui étaient avec lui depuis le tout début. Il se souvenait encore, des souvenirs si clairs, de temps anciens et enfuis, quand les mondes étaient encore jeunes et presque informés, avant que le Dessein ne prenne véritablement place, dans ce qui était maintenant les Limbes mais portait alors un autre nom. C'était un temps de rire et de joie, une joie étrange maintenant, incompréhensible à ceux qui vivaient sur cette terre qu'on appelait à présent Eternia, étrangère à ce siècle, ce millénaire, ce cycle, cette phase de l’existence. Il se souvenait d'un jour, même si « jour » n'avait pas le même sens, d'un verre fin et aérien remplis d'un liquide cristallin aux reflets de toutes les couleurs d'alors, dont certaines n'auraient même pas pu être vues aujourd'hui, et du plateau qui se dressait entre sa sœur et lui, le plateau d'un jeu qu'aucune main mortelle n'avait jamais joué. Il se souvenait de chaque trait de sa beauté inaccessible au présent et à ses barrières, de ses yeux pétillants, son sourire sans pareille. Elle était amusé ce jour là – leur amusement à eux – et sa voix était rieuse quand elle s'était élevée, après qu'il eût bougé une pièce, la regardant de ses yeux rouges, d'une autre teinte qu'aujourd'hui.

    « Oh, mon frère, que peux tu bien vouloir ? »

    Sa voix – elle ne pouvait retenir ici, pas plus que les mots ne pouvaient être prononcés par une bouche mortelle ou parfaitement entendu dans un air mortel et par des oreilles mortelles – avait été amusée, mais sincère. Même elle ne le comprenait pas totalement. Même Calarenne, qui n'avait jamais posé la question de vive voix mais dont les yeux, si bleus, étaient pour lui des portes ouvertes sur son âme, ou ce qui lui tenait lieu d'âme. Peut-être étaient-ils venu à bout de leurs interrogations, tous les deux, car c'étaient des êtres sages, subtils et très anciens, qui le connaissait mieux que personne, mais pas totalement, il ne le pensait pas. Même Ellianne ne pouvait toujours vraiment le comprendre, quoi qu'elle accepta toujours ce qu'elle ne comprenait pas sans réserve, quand cela venait de lui. Alors, en regard de tout cela, comment aurait-il pu demander à Lupus de le comprendre, même s'il avait voulu de cette compréhension ? De savoir ce qu'il voulait, au fond ? Le Lorrain le connaissait depuis longtemps, à l'aune où l'on mesurait aujourd'hui ces choses, et vivait depuis bien plus longtemps encore, mais le Spectre ne s'attendait vraiment pas à ce qu'il comprenne, qu'il ait ou non été sincère en posant la question.

    D'ailleurs, il ne prétendait pas non plus le comprendre. Les choses auraient été beaucoup moins amusantes s'il avait tout compris, à cela comme à nombre d'autres données. Encore une fois « amusante » n'était qu'un ersatz de mot, n'avait pas le même sens qu'aujourd'hui. Medar n'avait pas besoin de voile sur ses pensées, quoiqu'il y en eût bel et bien un, autant pour empêcher les mortels de plonger dans la folie en les sondant que pour se garder de certains membres de la famille, ou des Dieux, Démons et autres êtres aux noms divers qui étaient assez sages, anciens et puissants pour lire quelque chose. Il n'avait jamais été lui-même ni Dieu ni Démon, seulement un Spectre, au sens très ancien d'un mot venu de très loin. Certains des siens c'étaient fait dressé des autels, avaient construit des religions autours d'eux. Ce n'était pas difficile, avec les mortels, et c'était parfois utile, il devait le reconnaître. Au fond, sans doutes n'était-ce pas des mensonges, quand on y réfléchissait, car qui pouvait dire au juste ce qu'était un Dieu ? Tout ce qui était construit autours l'était, par contre. Mais au fond, leur singularité tenait à leur nature très ancienne, et à rien de plus. Nul autre que les siens n'aurait pu déchiffrer quelque chose de vraiment utile en lui, car la langue dans laquelle il pensait, ainsi que la tournure même de sa psyché étaient bien trop étrangères à presque toutes les autres créatures passées ou à venir dans les méandres des possibles.

    Ce fût cet être qui écouta Lupus jusqu'au bout, sans l'interrompre, son sourire aussi fin qu'une lame ne le quittant pas. Il l'observa disséminer les allusions, perçu une certaine part de mensonge mêlé à la vérité si intimement que même son esprit subtil ne pouvait tout démêler, pas avec lui. Il vit évoluer les circonvolutions de ses considérations sur l'équilibre de l'univers, la place des choses et tout le reste, son sourire s'agrandissant. Et puis, quand il eût fini, il éclata de rire. Un rire aux milles nuances, terriblement beau et charmeur, remplit d'amusement, mais aussi d'ironie, de cynisme, et de bien d'autres choses, dont certaines étaient anciennes et souvent n'avaient pas de noms. Ce n'était pas un rire qui cherchait à blesser, ou à faire quoi que ce soit. Il savait que le Lorrain l'ignorerait probablement. Comme pour bien d'autres choses avec eux deux, il savait aussi que le Lorrain savait qu'il le savait, et ainsi de suite. Un rire aux nombreuses raisons, aussi, qu'il n'explicita bien sûr pas. Les explications étaient rarement siennes dans ce genre de cas.


    « Ah, Lupus, Lupus... Quand exista-t-il quelqu'un comme toi dans les univers, où que ce soit sur la durée ? Pourtant, il y a vraiment des choses que tu ne comprendras jamais, j'en ais peur. C'est triste, quelque part... D'autres l'ont fait, que tu as connu et qui étaient plus jeunes que toi. Moins sages aussi, sans doutes... Mais ils avaient certains avantages que tu n'as pas, bien entendu, et même le plus intelligent d'entre eux n'a jamais su voir une évidence qui vous échappe tous... »


    Il ne se moquait pas, il était réellement amusé. Il ne s'attendait pas vraiment à ce que l'autre comprenne, ou à ce que ses convictions changent. C'était un amusement qui s'adressait à lui-même seulement, car il pouvait voir des liens qui n'avaient pas été vus, tout comme sans doutes d'autres lui échappaient qui étaient perçus par d'autres. Celui-ci avait un sel particulier, toutefois, car tout avait été vu, seul un détail n'avait pas été perçu, mais un détail tellement important. Un détail qui aurait permis de comprendre, autant que cela pouvait être compris, et peut-être même d'agir. Il ignorait qu'ils étaient Quatre, l'avaient toujours été, et n'avait pu donc déduire ce que lui-même était, le Spectre aux yeux rouges qui ne l'étaient pas toujours en apparence, même s'ils ne changeaient jamais, au fond. Secouant la tête, il abandonna ces pensées pour revenir à l'être qui était avec lui ce jour-là, et qui ne s'approchait même pas de la compréhension du problème, s'il était bel et bien plus vieux et plus sage que l'autre...

    « Tu confonds Chaos et autre chose que tu connais mieux, mon vieil ami. C'est une erreur commune... Ils sont si facile à confondre, et non sans raisons, au fond. Allez, va, je n'essaye pas de te convaincre, je m'amuse juste un peu au passage... »

    Oh non, il n'essayerait même pas de le convaincre. Tout était là, au Lorrain d'établir les liens s'il le voulait. Et s'il ne le faisait pas, hé bien tant pis pour lui. C'était un choix, comme n'importe quel choix, et le droit à l'échec était un droit, comme n'importe quel droit...

    « Je pensais quand même que tu avais vu, toi qui t'es réclamé si longtemps de lui, qu'il y avait un troisième principe... Mais si tu ne vois pas la Neutralité au moment même où tu te défais de son manteau, peut-être vieillis-tu bel et bien, en fin de compte... »

    Lui aussi semait ses mots de mille allusions, mais il l'avait toujours fait, avait toujours été dispersé. Cela se voyait plus dans certaines incarnations, moins dans d'autres. Ici, c'était clairement un plus, mais cela ne le dérangeait pas. Cela l'amusait, plutôt. Il se rappelait un écho du passé, ici mais loin sous la surface, en un temps différent et sous un monde différent de ce qu'il était aujourd'hui, bien différent en vérité...

    « Quant aux humains... Bien sûr que je suis proche d'eux. Ou disons qu'ils sont proches de moi, si on veut respecter un ordre chronologique d'apparition dans la Trame... Mais tu es bien plus lié à ce monde que moi, en vérité, vieux loup. À ce qui domine en ce monde, ou à ce qu'il reste de ce monde, en fonction du point de vue. »

    L'Ennemi... Un événement ancien, maintenant. Mais ce n'était pas un hasard si son incarnation avait été en sommeil lors de cette guerre, si elle ne s'était éveillée qu'après. Les légendes d'un peuple étant les savoirs de ces ancêtres, après tout, on pouvait tirer bien des conclusions quand on était sage... Il n'en parla pas, toutefois. Pas de cela, pas cette fois.

    « Je voulais te parler... Hum, pour bien des raisons, en vérité. Pour le plaisir, d'abord. Ces petites conversations ravives toujours des souvenirs plaisant, et tu m'amuses souvent assez en toi-même pour que je me plaise à ces échanges. Tu t'es toujours impliqué d'avantage que moi, en vérité, bien plus que moi dans la trame des choses que tu entreprenais. C'est pour cela que tu n'arrives pas à prendre le même recul. Je ne tiens à rien en ce monde, mon ami, je n'ai jamais tenu à rien. Ellianne est née pour mourir un jour, quoiqu'elle ait des choses à accomplir en vérité avant cela, dans nos plans. Mais elle est déjà devenue assez ce qu'elle devait pour que sa mort ne soit qu'un ennui passager. Elle est presque des nôtres, et les « morts » ne nous arrête pas plus que les tiens ou ceux qui viennent de vous... »

    « Nous », mais il ne disait pas qui. Peut-être le Lorrain savait-il, peut-être pas. Peut-être avait-il comprit ce qu'il avait dit, peut-être ne l'avait-il pas fait. Ce n'était pas important pour lui, pas ici. Il se contentait de semer, mais ne s'occupait pas des pouces.

    « Mais il y avait autre chose... Je voulais juste te prévenir. Te prévenir que ta petite comédie est aussi transparente que du cristal en surface, quoi que les profondeurs soient plus brouillées. J'ai vu bien des motifs, je sais les déchiffrer. Tu n'es sûrement pas aussi fatigué que tu veux le laisser paraître, et si je ne peux être sûr de ta mort je doutes qu'elle soit si imminente que cela, pas sur une échelle humaine. En tous cas, je sais que tu ne t'arrêteras pas à une paisible retraite, pas encore. Je trouve plus intéressant de t'en prévenir. Tu peux tromper Ellianne, Vosgiens, tous tes « amis », ou disons ceux qui pensent à toi comme un ami. Mais pas moi, et quand tu mettras tes pièces en mouvement, je te regarderais avec plaisir. »

    Il s'inclina, ironique et un peu moqueur, sans se soucier que le Lorrain le regarda ou non. Il n'avait pas tout dit, et ne comptait pas le faire. Il fallait bien qu'il garde quelques atouts dans sa manche, sinon l'intérêt aurait re-basculé de l'autre côté...

    « Je doutes que tu changes grand chose à ce que tu comptes faire, quoi que ce soit, mais la partie sera bien plus amusantes si tu sais avec certitudes que je suis là, ton collègue quand tu seras ici, et que plus d'une partie se déroule. Rien de plus. »

    Et le Spectre n'ajouta rien sur le moment. Il en avait dit assez. Lupus était bien plus lié que lui à cette terre, en vérité, il l'avait prouvé par le passé. Quand Medar était partit, il n'avait pas demandé, et il n'était revenu que parce qu'on l'avait renvoyé. Et le Loup était revenu de lui-même, pour ses raisons, et d'autres encore maintenant. Ce qui changeait tout, bien sûr, d'un certain point de vue, celui qui comptait pour le Premier Conseiller...
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    Message par Lupus Jeu 26 Mai - 11:45

    Lupus, toujours debout, pencha la tête de côté en fixant Medar. Puis, soudain, un sourire mauvais fendit le visage barbu en deux.

    - Ah, Medar, Medar...rien qu'en disant qu'il existe des êtres moins sages que moi, tu prouves que tu ne me connais pas du tout...

    L'ancien Grand-Duc se redressa de toute sa taille. Un petit rire cruel secoua la carcasse imposante pendant une poignée de seconde.

    - Tu ne sais véritablement rien de moi, je le crains; tout comme je ne pense pas te connaître. Nous sommes certainement fermés l'un à l'autre. D'ailleurs, je ne suis pas certain d'avoir vu mon propre fond le plus sombre...j'ai dû m'arrêter en surface, sur l'une des carapaces de ma personnalité, horrifié par ce que je voyais.

    Le même rire secoua à nouveau le grand homme.

    - Enfin...alors, sire Premier Conseiller, puis-je me retirer ? Que je puisse commencer à jouer mes pièces. Car, vu ce que tu viens de me dire, rien ici n'est vraiment intéressant. Et, tu m'excuseras, mais j'ai mieux à faire que de t'amuser.

    Un sourire "trop" aimable sur le visage, Lupus s'affaissa un peu, redevenant aux yeux des non-initiés un vieillard fatigué et gentil. Pour lui, l'entretien était terminé...
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    Message par Ellianne Sam 28 Mai - 1:37

    Paisible en apparence, Medar regarda l'ancien Duc rire et sourire avec cruauté, son propre sourire ironique et amusé aux lèvres, semblant porter le reflet de tout le cynisme du monde. Oh, que les émotions mortelles étaient inappropriées, avec eux, avec lui ! Alors c'était l'ironie, le cynisme, bien sûr, il n'y avait rien d'autre. Et ici, d'autres choses identifiables brillaient dans son regard carmin, en plus de l'amusement toujours bien présent, croissant presque au fur et à mesure que parlait le « Lorrain ». Quand il eût fini, il secoua doucement la tête, souriant toujours.

    « Oh, Lupus... Que d'arrogance ! Prétendre savoir ce que je sais et ne sais pas ! Peut-être est-ce toi qui ne te connais pas assez toi-même... Ou qui surestime grossièrement la sagesse que peuvent avoir certains mortels de ma connaissance. »

    Certes, le Spectre savait de quoi il parlait quand il discourait sur la sagesse, quelque soit l'aune à laquelle on la mesura. Son regard brillait toujours, et il n'avait aucun masque à faire tomber, car il n'en portait aucun... Aucun qui ait quelque rapport avec la présente discussion, tout du moins.

    « Quant à ta noirceur... Ah, vieux loup ! Tu ne sais rien de noirceur et d'horreur, comment pourrais-tu comparer quoi que ce soit ? Mais va, ne me crois pas, garde encore tes illusions. Tu es aussi têtu qu'un rocher, tu apprendras donc en temps voulu. Bientôt, je pense, et peut-être plus tard, encore une fois. »

    Rien de lui dans tout cela. Pas une phrase, pas un mot. De sa noirceur, il ne disait rien. Medar n'était pas noir, ou tout du moins il ne se considérait pas comme tel. Mais le « Lorrain » n'aurait sans doutes pas pu comprendre, de toute façon, la nuance était si subtile... Il avait perdu le seul qui aurait pu comprendre des années plus tôt, avec bien d'autres gens...

    « Et puisque tu désires te retirer, va donc, fidèle Conseiller de l'Impératrice. Tu m'auras bien amusé, quoique tu penses de cette activité. Et j'aurais pris plaisir à tout ceci, en vérité. Je pense que je prendras plaisir à la suite aussi... Peut-être découvriras-tu quelques petites choses avant la fin, qui changeront ton point de vue sur quelques autres... »

    Et rien d'autre. Il inclina la tête et il sortit, sans lui laisser le temps de rien ajouter. Il n'avait rien de plus à dire : que Lupus aille mettre en branle ses pièces. Les légendes, les anciennes légendes, et le savoir d'autrefois... Peut-être ferait-il le lien, peut-être pas...

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