Pourtant on leur faisait confiance. Ellianne, du moins, leur faisait confiance, et c’était suffisant. Cela avait toujours été suffisant. Elle était la Dame après tout, même si maintenant on la nommait Archiduchesse d’Anok. Et cette confiance valait aussi pour le personnage qui se tenait à la droite du Trône, là où était jadis Calarenne, lequel était maintenant décalé d’une place avec le plus grand naturel. Lui aussi semblait vouer une confiance absolue à ce nouveau venu, ce qui en soit était le plus étrange. Ellianne faisait confiance à un tas de gens avec spontanéité, et souvent avec justesse, mais le mot « méfiance » semblait avoir été créé pour le Protecteur. Seulement là, visiblement, il semblait s’agir de son frère. Entre lui, la grande expansion territoriale, le nouveau système qui en avait découlé, les changements et mouvements de population divers et le nouvel époux d’Ellianne - son seul époux s’entend, hein, mais il était tout beau tout nouveau - nombre d’Enfant d’Alwinion était un peu paumés, même s’ils suivaient toujours fidèlement leur Dame.
Elles deux étaient du moins un peu mieux loties de ce côté-là. Elles avaient eût plus gros à accepter, et amplement le temps de s’habituer à Julius et à sa culture. Et c’était pour cela, avait dit Ellianne avec un grand sourire, qu’elles avaient été choisit. C’était le plus juste. C’était nécessaire. C’était ce que leur dictait leur devoir, pour le bien-être de l’Anok et de l’Alwinion.
« Et puis de toute façon, c’est pas comme si vous aviez le choix ! »
Ce qui était totalement vrai, au fond. Elles avaient donc accepté, et s’étaient avancées toutes deux à l’appel de Medar, le nouveau venu, d’abord Kalio puis Valéria, venant s’agenouillée devant le Trône du Soleil et de la Lune et la ravissante souveraine qui y siégeait.
« Kalio d’Alwinion de la Clairière d’Or, de la Lignée des Kaliana, de la Maison Princière des Alwine, Cheftaine de Bataille du Peuple des Fées, je te nomme ce jour Chevalières de Kaliana, sous mon vasselage direct, et Ambassadrice de l’Empire Souverain d’Eternia au près du Grand Duché de l’Est, le Duché de Lorrain. »
La Fée s’était inclinée, sous le regard de sa Damoiselle et de sa Chef de Guerre, pour recevoir l’accolade ducale - en gros, un câlin… Ben ouai, on était en Alwinion, quand même…
« Valéria d’Alwinion, de la Kwaené des Vaérindel, membre du Cercle des Kwaené, je te nomme ce jour Chevalières de Vaérindel, sous mon vasselage direct, et Ambassadrice du Duché d’Anok au près du Grand Duché de l’Est, le Duché de Lorrain. »
Et, après avoir été investie de même façon, la jeune femme c’était reculée d’un pas, avec sa compagne. On leur avait alors expliqué les détails pratique de leur nouveau post, et aussi apprit qu’elles partiraient le lendemain matin pour la Lorraine. Vu leur formation, elles s’intégreraient plus facilement. On leur fournirait une escorte de haut rang, et un complément les attendrait à la frontière du Duché pour les accompagner jusqu’à Lupus, qui devrait les reconnaître comme Ambassadrices officielles, toutes les deux, puis pour tout ce que les Lorrains jugeraient bon pour elles. Suivit le laïus habituel de Sarissa sur leur devoir, compléter par Calarenne, fort grave, alors qu’Ellianne souriait comme une folle et que Medar en arborait un plus fin et plus sardonique. Puis elles avaient été faire leurs préparatifs pour le départ et le voyage qui suivrait…
En partant, elles avaient découvert que leur escorte officielle était menée par Ecand, le nouveau Vicomte de Mélovine, grave et sérieux, mais qui leur sembla tout de suite sympathique. Il menait dix Centaures d’élites, avec arc, flèches, lance, épée et bouclier, ainsi que dix Messagers de la Nuit, silencieux dans leurs armures noires, montés sur leurs grands et puissants chevaux noirs, capable de distancer la plupart des montures à la course, et encore de courir plus longtemps, qui maniaient leurs épées avec une redoutable intensité et un talent qui s‘exprimait dans un mortel silence. On leur avait aussi donné des montures, histoire de faire plus homogène en cas de pépin. Une Fée courant à la vitesse d’un cheval et un fauve géant accompagnant une vingtaine de cavaliers lancés au galop faisait assez suspect par les temps qui courraient, tandis qu’une petite compagnie mixte ferait plus… sérieux. Elles n’avaient pas négociées, du reste. C’était raisonnable, et les ordres étaient les ordres.
Leur petit groupe avait donc traversé à cheval le Vicomté d’Ecand, qui avait fait préparer les relais spécialement pour eux, le long de la piste des Messagers de la Nuit, qui eux préparaient des chevaux frais aux intervalles appropriés. Le voyage tranquille et paisible c’était poursuivit à travers Mélovine, jusqu’à Fort-Soleil, où le Baron en personne leur avait accordé l’hospitalité et avait renouvelé intégralement leurs vivres, remplacés les quelques pièces d’équipement défectueuse et fournit treize des meilleurs chevaux des Messagers, apportés quelques jours plus tôt par ceux-ci. Rien n’était laissé au hasard pour elles deux, qui représenteraient le premier lien diplomatique de l’Anok dans ce nouvel Empire qui était en train d’être construit. Sans compter que se présenter affamées et dépenaillées n’était pas du meilleur goût quand on arrivait en temps qu’ambassadrices de deux des formations politiques les plus importantes du continents…
Au-delà du Fort et de la frontière qu’il marquait, elles étaient remontées vers le nord-nord-est, et la frontière du Comté de Trahers-Noctame, fief de leur propre Consort, en vues desquelles elles arrivaient maintenant, à l’endroit prévu à l’avance, chevauchant doucement vers les Lorrains qui devaient normalement les attendre là…
Dernière édition par Ellianne le Ven 7 Jan - 16:13, édité 1 fois