Empire d'Eternia

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    Deux nouvelles ambassadrices...

    Lupus
    Lupus


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    Deux nouvelles ambassadrices... - Page 2 Empty Re: Deux nouvelles ambassadrices...

    Message par Lupus Sam 22 Jan - 19:46

    Entre l'alcool du soir précédent et la pluie du matin, Siana -qui semblait parfaitement bien tenir la bouteille, n'ayant pas le moindre mal de tête malgré les "quelques verres" (plus exactement deux ou trois bouteilles...) qu'elle avait avalés- pensait que la pauvre Valéria allait être bien embêtée... De fait, le ciel n'était pas loin d'être aussi noir qu'en pleine nuit. La pluie tombait rudement, et à grosses gouttes; toutefois, point d'orages ou de coups de tonnerre. Les lorrains s'étaient contentés, stoïquement, de remettre leurs longs manteaux et de rabattre leurs capuches noires: le tissu épais était trempé, et eux aussi, mais au moins l'impression de prendre la pluie sur le dos et la tête était-elle diminuée, et le vent, qui soufflait assez mort, ne leur donnait-il pas froid.
    Dans les rues, en partant, il faisait encore noir comme au cœur de la nuit, et nul habitant ne sortit le nez de chez lui à cette heure. Le vide se confirma tout au court de la matinée: la population, autant que faire se peut, restait cloîtrée chez elle, et l'épais rideau de pluie, empêchait de voir trop loin de soi, et donc de repérer d'éventuels passants.
    Quand le soleil se leva au-dessus des nuages, il apporta une faible luminosité sur la route, mais pas grand chose tout de même. Finalement, vers le milieu de la matinée, la troupe pénétra enfin dans les montagnes. Les routes pavées permettaient tout de même d'aller grand train, bien que Siana ait fait un peu réduire le rythme, de peur des éboulements dans les routes montagneuses. Le spectacle de l'entrée dans l'immense massif montagneux lorrain n'eut donc pas lieu pour les alwinionais...pour cette fois seulement. De fait, nul n'y voyait à plus de cent mètres, tout juste assez pour distinguer les pentes sur lesquelles ils évoluaient. Ils auraient pu être aussi bien au fond des vallées que sur les plus hautes cimes, seuls les lorrains l'auraient su, de par leur habitude à parcourir ce chemin.

    Finalement, ce n'est qu'une ou deux heures après midi que la pluie cessa: une crête venait d'être franchie, et les nuages n'avaient pas encore envahie cette région. Ce furent donc d'immenses montagnes qui apparurent, éclairées par un soleil soudain, tandis que les lorrains de l'arrière-garde sortait de la nappe de nuage, retenue par la crête, formant une mer blanche à l'Ouest. Siana et ses hommes retirèrent leurs manteaux et les essorèrent, avant de les remettre. Pour un orkandien normal, le froid aurait parut glacial. Pour les lorrains qui y étaient habitués, Valéria la féline, Kalio la Fée, les Messagers de la Nuit, et très certainement pour Ecand et les centaures, ce n'était pas grand chose. Siana souriait même en sentant le vent souffler sur elle. Mais les lorrains remirent quand même leurs lourds manteaux sur leurs épaules, gardant toutefois les capuchons rabattus.

    - Bien ! Maintenant, Ecand, les filles...regardez droit devant, par là...

    Siana tendit le bras un peu au Nord-Est. Dans la direction de son bras, luisait sombrement une immense chose, sur une montagne qui se détachait plus haut que toutes les autres.

    - Ploèmiaris, ses murailles et son donjon qui brillent au soleil...On devrait être au pied de la montagne de la forteresse d'ici trois heures, et il nous faudra deux heures de plus pour monter. On mangera en bas, dans la vallée qui serpente juste en-dessous, là, et que l'on suivra jusqu'au pied de Ploèmiaris.

    Elle sourit aux trois alwinionais, puis fit se remettre en route la troupe, descendant presque en ligne droite la route pavée vers une petite bourgade qui était effectivement au pied de la montagne qu'ils venaient de franchir. Tout le long de la vallée, serpentait une grande rivière, qui même jusque sur cette haute crête semblait briller de mille feux.
    Tout au long de la descente, Siana ne cessa de se passer la main dans sa masse de cheveux, tentant vainement de les lisser: l'humidité du voyage sous la pluie les faisait friser de façon assez impressionnante... La lorraine souriait toujours, mais avec une petite moue de dépit...
    Ellianne
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    Message par Ellianne Ven 28 Jan - 17:51

    L’opinion que Valéria, si quiconque la lui demandait, n’importe qui, c’était que Kalio était une fille géniale. Ce jour-là, elle aurait même été prête à le reconnaître devant l’intéressée. Avant de partir, alors que la féline regardait d’un air franchement déprimée la pluie qui tombait drue, son amie avait une chose merveilleuse. Magique. Sensationnelle. Elle avait prise la cape qu’avait fournie l’aubergiste à l’ambassadrice archiducale, et avait fredonné tout doucement un de ses féériques sortilèges sur le tissu, le caressant avec délicatesse, et presque avec tendresse tout en tissant tout aussi doucement, oh oui tout doucement, à la manière des Fées, son pouvoir entre le tissu bien réel et tangible du vêtement. Et quand elle la lui avait rendue, elle était magique. La meilleure magique qui soit. Elle était imperméable. Pas vaguement, avec ce qu’un passant lambda aurait pu faire à la main, avec du goudron ou que savait-elle, mais totalement. On aurait pu s’en servir pour transporter de l’eau si on l’avait mit en coupe. Valéria lui avait sauté au cou avec un couinement de joie.

    Kalio, quant à elle, regardait son amie à travers la pluie, un sourire amusée aux lèvres. La capuche rabattue sur la tête, la féline était tout de même mouillée, par l’eau qui entrait dans cette ouverture, notamment, mais du moins avait-elle le dos sec et, à la façon dont elle tenait le tissu sur ladite tête, les oreilles aussi, ce qui était sans doutes le plus important, de ce qu’elle en savait. Du reste, un peu d’eau ferait partir les effets de l’alcool, légers sur elle. Son sourire s’accentua quand elle songea qu’Ecand, la mine brouillonne, avait rejeté son offre de faire la même chose avec la cape qu’il avait tiré de ses bagages - un homme prévoyant, au moins ! - expliquant ce refus par un vague « Ca ne me fera pas de mal, et peut-être même du bien… ». Lui était plus touché, et une bonne douche froide lui ferait le plus grand bien, en effet. Ses deux amis - elle considérait déjà mentalement le Vicomte comme tel - avaient visiblement eût un peu de mal à s’habitué aux alcools lorrains, nouveaux pour eux, mais elle était sûre que ça leur passerait. Lesdits alcools étaient tout aussi nouveaux pour elle, bien sûr, mais elle, elle était une Fée, et ça changeait bien des choses, tant naturellement que culturellement.

    L’ambassadrice impériale elle-même ne portait pas de cape, d’aucune sorte, laissant la pluie ruisseler sur son corps élancé et gracieux, imbibant ses vêtements et les collant à elle, trempant ses longs cheveux blancs et tambourinant sur sa peau. Elle allait jusqu’à lâcher de temps en temps un de ses éclats de rires d’argent et de cristal sur cette bien morne compagnie, et se retint plusieurs fois de ne pas piquer des deux pour partir librement au galop sur la route ou au-delà. Elle pouvait comprendre l’inconfort que cela présentait pour les autres, de ses amies à Ecand en passant par les Lorrains et les Alwinionais. Les Messagers de la Nuit, aussi impassible que de coutume, étaient enveloppés dans leurs longues capes, alors que les Centaures, dont la pluie ne faisait encore que vaguement partie de la culture et qui semblaient ne pas vraiment s‘en soucier, la laissaient comme elle couler sur leur personne. Ils avaient juste sortit de leurs bagages des toiles cirées dans lesquelles ils avaient enveloppés leurs arcs, prouvant que les dernières années de guerre ne c’étaient pas faites tous les jours sous le soleil. Pour le reste, ils défiaient les torrents comme ils défiaient la chaleur ou l’orage, dans l’étrange mélange d’harmonie et d’opposition qui était le leur.

    Elle, elle aurait probablement cédé et aurait lancé son cheval au galop si ça avait été l’orage. Ledit cheval l’aurait sans doutes fait aussi facilement que par beau temps, car il semblait aussi concerné que les rochers par la pluie, comme tous les autres chevaux des Messagers, y comprit ceux que montaient Ecand et Valéria. L’orage lui faisait toujours cet effet là, comme à toutes les siennes, et, si elle était probablement la doyenne de la compagnie, elle n’en restait pas moins bien jeune, pour son Peuple et dans une bonne partie de son esprit. Mais la croire particulièrement attachée à la pluie aurait été une erreur. Quand, finalement, ils sortaient de la zone que celle-ci frappait, elle poussa, en retrouvant le soleil, une exclamation de joie qui valut celle de sa féline compagne, qui rejeta soudain son capuchon en arrière pour se laisser caresser par ses rayons. Elle était une Fée, une Fée de la Brume, et si elle avait une résonnance intraduisible avec celle-ci, elle vibrait également de chaque parcelle de la nature chaque fois qu’elle sortait de ses méandres infinis. Surtout ici, si « proche » - à son échelle particulière - de chez elle, sur la terre à laquelle sa naissance même l’avait primordialement liée.


    « Enfin ! »

    Alors que Siana parlait, Valéria secoua sa cape ruisselante d’eau sur la face extérieur, puis la retira et la tint un moment au vent puissant, ce qui suffit à la sécher, puisqu’elle ne c’était même pas chargée d’eau. Kalio écarta elle-même grand les bras à ce même vent, sentant ses cheveux et ses habits, plus trempés les uns que les autres, claquer sous son action, alors que les rayons solaires l’éclairait et la réchauffait bien assez, à ses yeux, pour contrebalancé le froid.

    « Bah, une bonne douche nous aura fait du bien, même si je ne suis pas mécontent d’en être sortit. Allons, dans quelques heures nous serons arrivés, et nous pourrons profité de l’hospitalité de Lupus. Je suis sûr qu’il mettra une bonne flambée à notre disposition une fois que nous nous serons présentés à lui comme il convient. »

    Un ronronnement de plaisir anticipé échappa à Valéria à cette idée, ce qui fit sourire Ecand. Il se tenait toujours dans sa cape trempée, claquant elle aussi au vent, ne semblant pas le sentir plus que ça, ce qui était normal après tous ceux qu’il avait sentit, son profil grave mis en relief par ce sourire et l’environnement derrière eux, qui semblait étrangement faire écho à sa personne. Tous comme les Messagers, il avait choisit de laisser le tissu sécher sur lui. Quant aux Centaures, ils avaient l’air étrangement farouches et fiers, sortant ainsi de la pluie qui leur avait rendu les apparences d’une rudesse qui avait toujours été leur, pour entrer dans le soleil et le vent.

    « Oui, allons-y ! Je ne serais pas fâchée de me sécher un peu devant un bon feu bien généreux. »

    Kalio retint un gloussement. La féline avait bien vite trouvé tout un tas de place devant tous les feux qu’on lui avait présenté, sous la forme d’un gros chat généralement. Elle suivit Siana, un sourire encore plus éclatant qu’avant aux lèvres, et, cette fois, son amie daigna le lui rendre.
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    Message par Lupus Ven 28 Jan - 20:45

    Il fallut une bonne demi-heure à la compagnie pour descendre jusque dans la vallée, puis pas loin de trois heures de plus pour arriver, en suivant le fond de la vallée, jusqu'au pied de la montagne-forteresse.
    Dans la vallée, ils avaient longée une assez large rivière, et traversé plusieurs petits villages, qui s'étaient raréfiés en approchant de Ploèmiaris. Les flancs des montagnes étaient couverts d'arbres immenses, certains atteignant les quarante mètres de hauteur, forêts quasi-inviolées: les lorrains n'y prenaient guère que ce dont ils avaient besoin, comme quelques arbres pour construire une maison ou faire du bois de chauffe, ou bien du gibier. De nombreux enfants étaient également occupés à la pêche, assit sur le bord de la route qui longeait la rivière. Plusieurs, les plus jeunes souvent, venaient à chaque fois au-devant de la troupe, admirant surtout les centaures, Valéria et Kalio. Les deux femmes leurs paraissaient des anges, surtout Kalio; et les centaures étaient rares dans la Marche Montagneuse des lorrains. Hommes et femmes étaient croisés plus rarement, plutôt occupés dans les bois ou à la culture des rares champs placés dans le fond de la vallée.

    Mais enfin, donc, ils arrivèrent au pied de Ploèmiraris. La montagne, immense, se perdait dans le ciel bleu. La troupe arriva au pied d'une muraille, noire et étrangement lisse, enserrée entre deux falaises, au-devant de laquelle coulait une rivière étrangement droite. Siana fit s'arrêter le groupe, tandis que l'un des deux porteurs d'étendards s'avançait au-devant du pont-levis abaissé. La lorraine éleva la voix à l'adresse des alwinionnais.

    - Voici l'entrée de Ploèmiaris. Cette haute muraille défend le seul accès praticable de la montagne.

    Elle tendit le bras vers le Nord, à leur gauche.

    - Là-bas, les falaises continuent en s'élevant toujours plus haut. Elle sont si droites et hautes qu'aucune armée ne pourrait y passer, même avec des tours de sièges: les falaises font plusieurs centaines de mètres de haut.
    A l'Est et au Sud, un grand fleuve empêche tout passage. Ces falaises-là vont jusqu'au fleuve, protégeant le flanc Sud-Ouest.

    Elle désigna les falaises accotées à la muraille sur le flanc droit du groupe, puis pointa du doigt une masse miroitante, plus loin au Sud.

    - C'est le fleuve d'Ademar. Il est si puissant qu'aucune embarcation ne peut y naviguer, et si profond et large que nul ne pourrait le combler pour attaquer ensuite la montagne. Bref, le fleuve empêche une attaque contre la montagne aussi bien par l'Est que par le Sud.

    Elle désigna ensuite la rivière qui coulait au pied des murailles, devant eux.

    - Ce canal a été creusé pour protéger le flanc Ouest. La rivière vient de plus loin, au Nord-Ouest, et se déverse au Sud, dans le fleuve. Le canal empêche les tours d'assaut d'attaquer la muraille, et de celle-ci nos archers infligeraient de terribles pertes à tout assaillant, avant qu'il n'ait pu passer les murailles...

    Le pont-levis, long de dix mètres en plus de la jetée de bois qui s'avançait sur dix mètres de plus depuis la rive Ouest du canal vers la muraille, s'abaissa. Un son de cor, profond et grave, résonna, et le porte-étendard traversa. Siana fit suivre.

    - Cette sonnerie avertit les portes suivantes de l'arrivée d'un ami...

    De fait, dans le lointain résonnèrent tour à tour plusieurs sonneries semblables, qui finirent par se perdre dans le vent. Le message était transmis jusqu'à la forteresse même...

    - Maréchal...

    La vingtaine de gardes lorrains visibles une fois passées les murailles s'inclinèrent vers la compagnie. Si quelques-uns se cachaient sous les lourds et amples manteaux noirs habituels, quelques autres portaient l'armure de plates complète, le visage caché par les heaumes sombres. Mais la plupart allaient le visage découvert, vêtus simplement de tuniques et de bottes noires, l'épée au côté, et souvent un plastron de cuir sombre autour du tronc.
    L'homme qui avait parlé s'avança.

    - ...nous ne vous attendions pas si tôt.
    - Le temps à empiré, à l'Ouest. J'ai fais hâter le pas.
    - D'accord. Ce sont les invités ?
    - Oui, ils m'accompagneront tous.

    Le soldat haussa les sourcils, fixant les centaures et les Messagers de la Nuit.

    - Vous êtes sûre ?
    - Capitaine, cette garde alwinionaise est une garde d'honneur, et c'est une ambassade. Vous croyez peut-être à une armée d'invasion ?

    L'officier rougit un peu, vexé.

    - Entendu, entendu. C'est vous qui commandez, après tout.

    Il fit une petite grimace, et Siana répondit simplement par un sourire satisfait. Puis elle fit signe de poursuivre, et la troupe commença à grimper la longue route pavée qui serpentait sur le flanc de la montagne. Chaque tronçon, mesurant à peu près deux cents mètres de long, était placé juste au-dessus du tronçon de route précédente, et les virages tournaient à trois cent soixante degrés.
    Juste avant de commencer la montée, les lorrains démontèrent, et avancèrent sur la route en tenant simplement la longe de leurs montures. Siana se tint aux côtés de ses amies et d'Ecand.

    - La route est assez large pour que dix hommes passent de front, mais il est normalement interdit de marcher à plus de deux de front, pour éviter que des messagers montant ou descendant en urgence ne soient ralentis. Toute cette zone est dévolue à la guerre. Les villages sont rares, par ici, car l'on ne veut pas que les villageois ne puissent se réfugier que dans la citadelle, en cas d'attaque. Il vaut mieux qu'ils partent dans la montagne: ils y survivraient plus facilement, et ne risqueraient pas d'être capturés.

    Les lorrains avançaient en essayant d'économiser au mieux leur souffle, la pente étant très raide. Ce n'était d'ailleurs que pour ne pas fatiguer leurs chevaux qu'ils avaient démonté.

    - Ploèmiraris est une montagne placée au carrefour de plusieurs grandes vallées. Elle contrôle quasiment toutes les grandes routes du centre de la Marche Montagneuse. Aucune armée ne pourrait y transiter sans passer par Ploèmiraris, et donc sans subir nos attaques ou devoir mettre le siège contre nous...

    Les flancs de la montagne étaient très raides, presque droits, et recouverts de sapins essentiellement. Siana se tut durant la plus grande partie du trajet. Ils passaient régulièrement de grandes portes fortifiées accolées à la montagnes, et tenues, chacune, par une vingtaine de gardes. En fait, les portes étaient placées presque tous les cent mètres d'altitude...

    Enfin, la route devint moins raide, et il n'y eut plus de lacet montant. La route, qui progressait maintenant droit vers le Nord, s'arrêta soudain devant la dernière fortification: un pont-levis. En-dessous, plusieurs centaines de mètres de vide.

    - Le corps de garde de la forteresse même...trois pont-levis successifs, le vide étant la punition des imprudents qui s'avanceraient trop...

    Le pont levis s'abaissa lentement. Et en effet, juste derrière la fortification d'une vingtaine de mètres de large, c'est-à-dire la taille de la route, et de seulement dix mètres de profondeur, une deuxième pont-levis s'abaissa, laissant apparaître à son tour un troisième pont-levis.
    La troupe put enfin s'avancer, alors que le soleil commençait déjà à approcher des crêtes des montagnes sur la flanc gauche de la compagnie, à l'Ouest, prenant une tente dorée. Le dernier corps de garde était long de presque cinquante mètres: un tunnel surplombé de mâchicoulis, percé de fines fenêtres de tirs pour les archers, et protégé par des herses remontées et des portes de mithril rentrées dans les murs. Ces murs, comme ceux des portes précédentes et de la muraille en bas, étaient noirs et bizarrement lisses.

    Enfin, la troupe déboucha dans ce qui était Ploèmiaris même. La forteresse occupait le sommet aplanit de la montagne: le chemin venant du corps de garde montait encore sur une vingtaine de mètres d'altitude avant de déboucher véritablement dans le cœur de la forteresse.
    La compagnie s'avança au milieu de l'immense cour que dominait le noir "donjon" de Ploèmirairs...cependant, ce dernier paraissait à lui seul être une terrible et haute forteresse...
    Comme une couronne ceignant une tête, la muraille noire de la forteresse ceignait le pourtour du sommet plat de la montagne, protégeant d'un ultime assaut montagneux. Accolés à l'intérieur, étaient des bâtiments de pierre: écuries, casernement, entrepôts de vivres, de matériels divers et d'armes. Régulièrement, la muraille s'arrêtait au profit d'une large tour ronde. Sur les tours comme sur les murailles, patrouillaient des lorrains en armures, ombres de plus en plus sombres à mesure que le soleil baissait.
    Dans la cour même, s'activaient encore quelques dizaines de lorrains. Ici, plusieurs, torse nu, alternaient rapidement course, bonds, pompes, roulades... Là, une poignée s'entraînaient à l'épée, un maître d'armes passant entre les adversaires pour crier les ordres. Plus loin, une dizaine d'archers, alignaient, décochaient à toute allure leurs flèches sur des cibles placées rien de moins que deux cents pas plus loin.

    Mais Siana les fit avancer vers le donjon, le centre de Ploèmiaris. Les murailles du donjon étaient cinquante mètres d'un noir et lisse à-pic. Les portes ouvertes et la herse relevée permirent à la troupe d'entrer dans la petit cour centrale. La présence de soldats étaient ici plus nette: des gardes en armures noires, armés de hallebardes et d'épées, et équipés de boucliers, étaient postés devant chaque porte, et régulièrement sur les chemins de ronde.
    Les murs intérieurs de la forteresse étaient percés de grandes et larges fenêtres, témoignant de la hauteur des étages, qui devait avoisiner en moyenne des les cinq mètres de haut.

    L'ombre s'emparait déjà de cette cour intérieure, les murs cachant les ultimes rayons du soleil: les seules sources de lumière convenable étaient des torches accrochées aux murs. La compagnie, enfin, pu démonter, et avancer à l'intérieur même du noir donjon, et un soldat vint glisser quelques mots à Siana, puis se retira. Les couloirs étaient longs et nombreux, et des escaliers montaient dans les étages et descendaient sous terre. Les lorrains de l'escorte avaient prit un air plus grave et des postures plus raides, alors que durant les trois jours de voyage ils s'étaient un peu laissés aller: ils rajustaient au millimètre près les ceintures, les plus des tuniques, les manches... Siana baissa la voix, tout en marchant.

    - Lupus est évidemment prévenu, désormais...je sais exactement où vous mener.

    Elle dirigea le groupe d'un pas assuré dans les couloirs, ne prenant aucun escalier. Après deux ou trois minutes d'une marche à un pas rapide, elle s'arrêta devant une porte à deux battants de fer.

    - La forteresse dispose d'un grand hall de réception, mais il n'a jamais été utilisé depuis la Guerre contre l'Ennemi. Cette salle est plus modeste, et plus adaptée à un accueil chaleureux...

    Elle sourit doucement aux trois alwinionais, puis poussa sur les battants, dévoilant la salle.
    Celle-ci était effectivement assez modeste pour réceptionner une ambassade étrangère, mais après tout les lorrains considéraient les alwinionais comme des amis, depuis la fin de la Controverse...sinon avant, malgré certains combats. La pièce était un rectangle d'environ dix mètres de large sur vingt-cinq de long, et de quatre mètres de hauteur. La pierre noire du sol et des murs était recouverte de tapis et tapisseries d'un blanc nuageux, sur lequel étaient dessinées diverses scènes assez simplistes, représentant essentiellement des activités agricoles, et quelques unes de chasse ou de pèche. Quatre cheminées, deux sur le mur de gauche et deux sur le mur de droite, réchauffaient et éclairaient la pièce. Entre les cheminées, des chaises de bois brun, sur lesquelles étaient posés des coussins, étaient accolées aux murs.
    Au fond, enfin, était posé, à même le tapis sur le sol, et non sur une estrade comme il aurait certainement sied, un siège de métal noir, avec dessus le grand Lupus, seigneur des lorrains; sur une chaise semblable, à la droite du seigneur et très légèrement en retrait, était assit Vosgiens; deux gardes en armures toutes noires, avec heaumes fermés, hallebardes en main et épées au côté, étaient debout, de chaque côté des deux hommes. Derrière eux, le mur était recouvert de la seule tapisserie qui dépareillait avec le reste de la décoration: la tapisserie était d'or, et sur toute sa largeur et sa hauteur, c'est-à-dire sur le mur de dix mètres de large qu'elle couvrait, était représenté un unique loup noir. Avec plus d'attention, on distinguait qu'en fait le loup avait été placé sur l'étendard des lorrains, et qu'il recouvrait la presque totalité de la diagonale rouge du drapeau, et cachait totalement les trois aiglons blancs.

    Dès que les portes furent ouvertes, Siana s'avança jusqu'à cinq mètres du siège de Lupus, inclina la tête, puis se rangea de côté pour que les ambassadrices puissent se présenter. Les gardes lorrains, eux, ne furent que deux à entrer dans la salle, se rangeant de chaque côté des portes: les autres restèrent dans le couloir et refermèrent les portes.

    Lupus et Vosgiens se levèrent, faisant face aux alwinionais.
    Vosgiens était un vieil homme dont la maigreur squelettique était à peine dissimulée par la tunique noire et le plastron d'argent qu'il arborait sur le torse. Ses joues creuses étaient cachées par la longue barbe brune parsemées de fils d'argent. Chaque centimètre carré de la peau de son visage était parcouru de profondes cicatrices, ce qui enfonçait davantage ses yeux jaunes dans leurs sombres orbites, dominés par des sourcils gris et broussailleux. Ses longs cheveux, semblables à sa barbe, tombaient sur sa nuque et un peu sur le dos. Il était d'une taille égale à sa descendante, soit leux mètres dix. Pour l'heure, il dévisageait tour à tour les trois nobles alwinionais.
    Lupus fut plus lent à se lever. Il dépassait de quinze bons centimètres son second, et était lui aussi tout vêtu de noir: une tunique et un pantalon très simples, de coupe assez pauvre; des bottes de cuir noir montant presque jusqu'aux genoux; une ceinture noire à laquelle était passé le fourreau sombre contenant sa large épée à double tranchant, elle aussi de ce sombre métal que les lorrains utilisaient pour tout. La longue barbe noire tombait en pointe sur la poitrine de l'homme, tandis que ses cheveux, coupés très courts, semblaient presque gris tellement la peau apparaissait en-dessous; toute sa peau, d'ailleurs, était d'une pâleur presque cadavérique, comme à son habitude. Son fin et long nez aquilin séparait ses deux petits yeux verts dans lesquels passaient des lueurs jaunes, et ses sourcils épais leur donnait de la profondeur. Ce qui marquait le plus ce visage, cependant, c'était ce sourire à la fois amusé et sadique qui était en fait un rictus inconscient.
    Mais Lupus, lui aussi, avait les joues creusés. Il était de toute évidence très fatigué, épuisé par quelque chose. Un tel aspect aurait sans doute justifié, dans bien des seigneuries, que le seigneur ne paraisse pas pour accueillir ses invités. Mais en Lorraine, on n'appréciait pas de manquer à ses devoirs, pour quelque raison que ce soit.

    Les deux plus puissants lorrains s'inclinèrent devant l'ambassade alwinionaise, sitôt que Siana se fut portée de côté. Vosgiens éleva sa voix rauque et semblable à un aboiement:

    - Alwinionais, soyez les bienvenus dans le Grand-Duché de l'Est, terre lorraine, et plus particulièrement en notre forteresse et siège, Ploèmiaris. Monseigneur, le Grand-Duc Lupus, seigneur de tous les lorrains, vous souhaite la bienvenue en sa demeure. Je suis le Comte Vosgiens Elemanquia De Arnis, seigneur de la Marche Est, nommé "Comté Frontalier" pour l'Empire. Nous espérons que Son Altesse Impériale se porte bien, de même que vous, et que votre voyage vous a été agréable.

    Vosgiens se tut, continuant à fixer de ses yeux jaunes les alwinionais. L'accueil du vieil homme semblait froid, mais c'était dû à son caractère, et non aux alwinionais eux-mêmes; mais Siana lui jeta quand même un regard de reproche, en coin.
    Lupus prit à son tour la parole, de sa voix grave et profonde. Mais elle était lente et fatiguée, cette voix, tranchant avec les accents que de nombreux seigneurs orkandiens avaient autrefois pu entendre dans certains lieux d'Etemenorkia. Toutefois, elle se voulait chaleureuse, et Lupus réussit à transformer son rictus en un sourire, malheureusement plus fatigué encore que sa voix et son apparence.

    - Ambassadeurs de l'Empire et de l'Alwinion, salut ! Je suis heureux de vous voir ici, car le but de toute ambassade est la paix avant tout, et l'Empire et l'Alwinion sont nos supérieurs, voisins et amis...

    Vosgiens sembla tiquer au "supérieurs". Après tout, seuls les lorrains eux-mêmes connaissaient la vraie puissance de leurs terres: pouvaient-ils ou non concurrencer l'Empire ? C'était une très bonne question. Mais il fallait aussi se souvenir que les lorrains étaient là bien avant l'Empire d'Asahi lui-même...
    Le ton de Lupus se fit soudain un peu plus paternel et bien moins officiel, bien que toujours très fatigué, et il adressa un sourire à Siana, avant de reporter son regard sur les alwinionais.

    - Siana ne vous a pas trop embêtés, j'espère, jeunes gens ? Enfin...ce soir, vous pourrez vous reposer ici, en toute sécurité. Et en toute confiance, j'espère.

    Il fit un geste, et les deux lorrains qui s'étaient rangés aux côtés des portes amenèrent aux alwinionais des chaises qui étaient contre les murs, avant de retourner à leurs places.

    - Je vous en prie, asseyez-vous.
    Ellianne
    Ellianne


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    Message par Ellianne Sam 29 Jan - 16:38

    En bas, dans la vallée, les deux jeunes femmes, et particulièrement Kalio, avaient répondu par des sourires radieux aux jeunes gens qui devançaient leur petit groupe, alors que les centaures restaient de marbre, graves et dignes, comme il se devait à des guerriers de leur sorte. Le duo d’ambassadrices avait retrouvé sa propre gravité une fois en vue des premières fortifications de la puissante forteresse des Lorrains. Ecand c’était lui aussi redressé, sa cape aillant séchée au vent, reprenant l’air grave et la dureté militaire qui lui était propre dans les situations officielles. Calarenne ne lui avait pas apprit que la stratégie guerrière, le maniement des armes et la façon d’aborder certaines personnes qu’on ne citera pas ici. Il l’avait également formé aux arts de la diplomatie et de la dignité, arts qu’il avait largement eût le temps d’étrenner au cours des années, principalement lors des absences de son professeur ou de Medar, et dans l’ancien Anok. À présent qu’il représentait sa Dame, il arborait donc son air « officiel », aussi digne, grave et sérieux que les Centaures.

    Ce qui n’empêchait pas ses yeux d’être attentif alors qu’ils montaient les différents niveaux du chemin, toujours en scelle. Après avoir échangé chacune un bref regard avec lui, puis ensemble, Valéria et Kalio avaient fait de même. Elles auraient pu grimper à pied, mais ils montaient les chevaux des Messagers, et ceux-ci, juste derrière eux, auraient pu être froissés par une telle attitude. Oh, ils n’auraient rien dit, ils ne disaient jamais rien de ce genre, mais Ecand les connaissait bien, et les deux jeunes femmes se rangèrent à son avis. Le Vicomte reporta ensuite son attention sur les fortifications. Elles rappelaient assez, par bien des côtés, celles de l‘ancienne Citadelle d‘Anok, au sommet du Mont qui dominait l‘ancien Pays d‘Anok. Il nota toutefois la présence des trois pont-levis, auxquels ils n‘avaient pas pensés… Ou peut-être que le Maître y avait pensé mais que le site ne l‘avait pas permis. Il nota mentalement de lui demander, à l‘occasion, un imperceptible sourire étirant ses lèvres avant qu‘elles ne reprennent leur impassibilité.

    L’escorte alwinionaise laissa les trois nobles continués avec les seuls Lorrains au bas des escaliers, après que les chefs de chaque groupe aient échangé un rapide signe de tête avec Ecand. Les Centaures n’étaient pas faits pour les escaliers, et les Messagers n’appréciaient guère de cheminer trop longtemps à pied, surtout que ce n’était pas nécessaire. Ors, ils estimaient leurs protégés en sécurité au cœur de la forteresse lorraine, et restèrent donc avec leurs compagnons aux six membres, aux bons soins de quelques Lorrains qui étaient arrivés pour s’occuper d’eux et les mener vers des quartiers appropriés. L’homme et les deux jeunes femmes continuèrent donc seuls derrière Siana, faisant eux aussi confiance aux enfants de la Lorraine. Après tout, ils étaient maintenant au rang de leurs plus proches alliées, une alliance encore renforcée par l’union matrimoniale entre Julius et Ellianne, sans compter les nombreux liens tissés entre l’Alwinion et la puissance lorraine après la seconde bataille d’Etemenorkia.

    Ils entrèrent finalement dans la « petite » salle de réception, avec ces murs ornés de tableaux simples et chaleureux, sa large bannière au loup et ses quatre cheminées, détail qui arracha un ronronnement de plaisir anticipé et involontaire à Valéria. Elle retrouva néanmoins sa concentration en un instant, découvrant en même temps que Kalio les deux hommes dont-elles avaient souvent entendu parler, Lupus et Vosgiens. Ils avaient tous les deux l’air fatigué, surtout le Duc, mais souhaitèrent tout de même la bienvenue aux trois alwinionais comme il convenait. Les dernières remarques du Seigneur de Lorraine leur arrachèrent un sourire, mais cela ne les empêcha nullement de s’incliner en un bel ensemble, Ecand de façon militaire, les deux dames avec une grâce exquise quoi que particulière à chacune, car la grâce de la féline et celle de sa féérique compagne n’étaient pas exactement pareilles.

    « Votre Grâce. »

    « Votre Grâce. »

    « Votre Grâce. »

    L’homme s’avança d’un pas de plus, en sa qualité de responsable de la « mission » - si on pouvait appeler ça comme ça - et membre de plus haut rang de la délégation alwinionaise.

    « Nous vous remercions pour votre hospitalité, Duc Lupus, Comte Elemanquia. Madame la Comtesse ne nous as nullement importunée, je vous rassure, mais fût au contraire d’une bien agréable compagnie. J’ajouterais, de plus, que ce serait plutôt à moi de présenter mes excuses à l’avance et de joindre mes vœux à ceux de ma Dame pour souhaiter que les deux phénomènes que nous vous envoyons ne vous complique pas trop l’existence. »

    Deux regards noirs foudroyèrent son dos, mais il n’en tint pas compte le moins du monde. C’était le message à transmettre, et il avait en partie élevé Ellianne. Et les deux ambassadrices n’arrivaient pas à la cheville de celle qui les avaient envoyés là.

    « Permettez que je me présente, je suis Ecand, Vicomte de Mélovine. Je doute que vous gardiez souvenir de ma modeste personne, même si j’ai déjà eût dans le passé l’occasion de vous rencontrer tous les deux, au service de Maître Medar. C’est un réel plaisir de vous revoir. »

    Connaissant le protocole alwinionais - mis au point par Medar, et tenant sans doutes majoritairement à l’esprit cynique d’icelui - la Fée s’avança d’un pas.

    « Voici Dame Kalio, d’Alwinion de la Clairière d’Or, de la Lignée des Kaliana, de la Maison Princière des Alwine, Cheftaine de Bataille du Peuple des Fées, Chevalières de Kaliana et Ambassadrice de l’Empire Souverain d’Eternia au près du Grand Duché de l’Est, le Duché de Lorraine. »


    La jeune - tout était relatif - femme exécuta une révérence exquise, différente du simple salut précédent, à la manière des Fées de l’Alwinion. Valéria, de l’autre côté d’Ecand, avança d’un pas à son tour, toute aussi au fait des convenances.

    « Et voilà Dame Valéria d’Alwinion, de la Kwaené des Vaérindel, membre du Cercle des Kwaené, Chevalières de Vaérindel et Ambassadrice du Duché d’Anok au près du Grand Duché de l’Est, le Duché de Lorraine. »

    La féline fût un peu moins exquise, mais remua les oreilles en saluant, ce qui arracha un léger rire à Ecand. Qui abandonna d’ailleurs son ton grave et formel une fois les présentations faites.

    « Bien sûr je suppose que vous saviez déjà tout cela, mais ce sont les rigueurs du formalisme, il faut bien que nous fassions semblant d’être des gens sérieux… Merci pour les sièges, messires. Il y a pas mal de route à faire dans votre forteresse. »

    Le Vicomte prit place, remarquant avec un sourire que Valéria rapprochait discrètement son fauteuil de la cheminée la plus proche.

    « Je remet donc les deux ambassadrices entre vos mains, Votre Grâce, ce qui met fin à ma mission d’escorte jusqu’à vous. »
    Lupus
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    Message par Lupus Sam 29 Jan - 19:48

    Lupus s'était rassit en même tant qu'eux, et maintenant couvait de son regard les trois alwinionais, un peu souriant.

    - Je vous remercie, sire Ecand. En encore une fois, tous trois, soyez les bienvenus. J'ai eu l'occasion d'entendre quelque peu parler de vous, mesdemoiselles...en bien seulement, je vous rassure.

    Siana sourit, et Lupus croisa son regard, lui rendant son sourire. Elle alla se prendre elle-même une chaise, et la ramena aux côtés des alwinionais, s'asseyant à côté de Kalio.

    - Mais je vous en prie, appelez-moi simplement Lupus. Vous savez comment nous sommes, nous autres...

    Il amena soudain son point devant sa bouche, et toussa un peu. Vosgiens haussa un sourcil, mais Siana ne cilla même pas...

    - Mes excuses... Nous avons mis à votre disposition une suite complète, pour vous, mais aussi pour les vôtres. J'ai cru comprendre qu'il y avait des centaures, dans votre garde, n'est-ce-pas ? Nous avons prévu des chambres au rez-de-chaussée, j'espère que cela leur conviendra ?
    Vous pourrez ainsi vous reposer pour partir ensuite dans un voyage vous permettant de découvrir un peu nos contrées...


    Il leur adressa encore un sourire, puis Vosgiens prit la suite, de sa voix rauque:

    - Bien. Nous verrons les dispositions de la suite de votre voyage plus tard, si vous le voulez bien. Pour nous, il va de soi, sire Ecand, que vous et votre garde poursuivrez le voyage avec les ambassadrices...mais bien évidemment, si jamais vous avez d'autres obligations...

    Le vieil homme donna un coup de tête de côté, laissant sa phrase en suspend.

    - Si vous le voulez bien, nous allons passer à table. Il est déjà presque la huitième heure après midi, et la chevauchée par le temps à l'Ouest n'a rien dû avoir de réconfortant, je pense ?

    Vosgiens leur adressa un petit sourire, qui suffit à le rendre un peu plus humain. Puis il fit signe au lorrain en armure à sa droite, qui se décala de quelques pas pour dévoiler, sous la tenture blanche du mur, une petite porte de bois.

    - Si vous voulez bien vous donner la peine...

    Les trois alwinionais et leurs trois hôtes passèrent dans la salle d'à côté. D'une dizaine de mètres de côté, le tapis de sol était d'un rouge sang, et ceux des murs d'un jaune pâle, semblable à la lumière du soleil. Une unique mais grande cheminée illminait la pièce, et une fenêtre fermée par une vitre unie donnait sur l'extérieur de la forteresse, vers l'Ouest, sur les crêtes désormais noires des montagnes, et sur un reste de soleil doré dans le lointain.
    Tous se placèrent autour de la grande table de bois sombre, ronde, qui était le principal mobilier de la pièce, le reste consistant en chaises et en quelques petites étagères arrivant à la taille des lorrains. Il n'y avait aucun garde, mais une porte ouvrait sur un petit couloir très court, ouvert lui-même sur une grande salle où s'activaient des lorrains vêtus de tuniques grises, et d'où sortaient des effluves alléchantes.

    En quelques minutes, la table noire fut couverte d'assiettes de porcelaine, de couverts d'argent et de verres en cristal, par des lorrains et des lorraines qui effectuaient le service, en silence. Des plats de viandes, de poissons et de légumes arrivèrent rapidement, fumants. Quelques vins rouges furent ouverts et placés aux côtés des convives, de même que de grandes carafes d'eau.
    Bientôt, Siana fut occupée à couper une viande de volaille, accompagnée de pommes de terre coupées en fines tranches et rôties; Vosgiens s'était attaqué à une volaille semblable, et rongeait méthodiquement les os des cuisses. Si les deux Elemanquia prenaient volontiers du vin, Lupus, de son côté, ne touchait qu'à de l'eau claire. Le grand homme passait son temps silencieusement, et plus à fixer ses cinq convives qu'à manger lui-même: de fait, il n'avaient prit que très peu de ce qui semblait être une soupe de poisson, brune et épaisse.
    Vosgiens, et surtout Siana, tenaient bien la conversation, surtout la jeune fille, qui passait son temps à plaisanter avec ses deux amies et à taquiner Ecand et Vosgiens. Surtout ce dernier, d'ailleurs; lequel répondait avec une dignité totalement feinte, en essayant maladroitement de dissimuler de larges sourire.
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    Message par Ellianne Ven 11 Fév - 18:02

    Les deux jeunes femmes avaient longuement séjournée dans la société lorraine au cours de la formation qu’elles avaient effectuées sous la tutelle de Siana, et Ecand avait eût largement le temps de leur en parler, sur le chemin qui allait de la Clairière du Soleil et de la Lune à la frontière avec le Comté de Trahers-Noctame et la Lorraine. Sans compter le temps passé avec leur escorte, et tout ce qu’il avait su au part avant. Ors, Ecand, et c’était peut-être sa principale qualité, apprenait vite. Très vite, même. C’était ce qui en avait fait, dès le début, l’esclave préféré de Calarenne, puis le premier de tous ses élèves, jusqu’à devenir peu ou prou son disciple. L’Humain était doté d’un esprit rapide, capable d’englober de nombreuses choses rapidement et de les retenir. Et cela faisait très longtemps qu’il avait apprit l’art de parler. Il s’y était largement exercé - même trop à son goût par moment - en participant à l’éducation d’Ellianne. Il apprenait souvent bien plus de choses qu’on n’aurait pu le croire rien qu’en parlant avec les gens.

    Il ne fût donc nullement surprit par les manières des deux Lorrains, pas plus, naturellement, que ses deux compagnes. Ecand n’était pas, du reste, un homme compliqué. Il savait se contenter de joies simples et de satisfactions évidentes. Les habitants de Lorraine lui avait presque toujours paru sympathiques, au cours des longues années passées en Orkandia. Presque toujours parce qu’il avait toujours eût du mal à trouver les traitres ou les donneurs de leçon sympathiques, par exemple, mais tout le monde avait ses petits défauts, hein ? Il opina plusieurs fois du chef au cours du discours des deux plus puissants et influents Lorrains, approuvant plusieurs fois. Oui, ils feraient volontiers fi du formalisme. Oui, les dispositions prises pour leurs gardes étaient totalement satisfaisantes. Oui, il avait pour instruction de surveiller encore un peu ses deux protégées, plus ou moins forts selon leur comportement. Oui, le voyage avait été long et, certes oui, ils passeraient volontiers à table.

    Les deux autres, quant à elles, avaient d’emblé apprécié Lupus et Vosgiens, allez savoir pourquoi, encore que la fatigue et l’apparente maladie, fût-elle légère, du Duc paru… dérangeante à Valéria. Valéria aussi était une fille simple, du point de vue de son Peuple tout du moins. Elle pensait parfois en des termes que les Humains, Elfes et autres Nains n’auraient sans doutes pas employés. Surtout ici. Elle connaissait les pouvoirs de Siana, et aussi de Vosgiens, car leur amie leur avait parlé de lui, pendant leur formation. D’un point de vue purement logique - de la logique Vaérindel, s’entend - Lupus était donc leur chef de meute, et un chef de meute n’est pas sensé être fatigué ou malade. Un Ancien peut être tout ça, oui, mais un chef de meute, normalement… Non. C’était encore plus troublant avec la connaissance toute particulière de la société lorraine qu’elle partageait avec Kalio. Lupus n’était pas un Ancien - pas comme eux l’entendaient, en tous cas - et il aurait bel et bien dû être chef de la meute lorraine. Elle ne dit rien, mais son trouble était clairement affiché.

    Enfin, elle n’en accueillit pas moins avec enthousiasme l’idée du repas, fidèle à elle-même, et passa avec les autres dans la petite salle à manger. D’autorité, elle occupa la place la plus proche de la cheminé, et les deux autres l’encadrèrent, pour lui éviter de faire une boulette, Kalio prenant place près de Siana, et Ecand entre Valéria et Vosgiens. La féline occupait donc plus ou moins une place d’honneur - en face de Lupus - mais aucun Alwinionais n’accorda la moindre importance à la chose. Par contre, la Fée leva un sourcil interloqué en voyant la vaisselle et les couverts raffinés. Le Vicomte, lui, afficha même une moue devant la façon dont la table était disposée mais, polit, il ne dit rien. Bien sûr, Valéria ne remarqua rien de tout cela. Valéria vit juste la nourriture. Les Vaérindel n’avaient jamais vraiment été réputés pour leur petit appétit, et la jeune - encore une fois, question de perspective - femme ne faisait pas exception à la règle, loin de là.

    Les deux autres estompèrent leurs signes d’étonnement - nous dirons ça comme ça - et mangèrent eux aussi de bon appétit, le voyage les aillant en effet mit d’appétit. Ecand ripostait aux taquineries de Siana sans se gêner le moins du monde, et discutaient aimablement avec les trois autres, respectant le silence du Duc comme il aurait respecté celui de n’importe qui d’autre. Kalio riait avec son aime et lançait aussi quelques piques aux autres, alors que Valéria semblait démontrer une fois de plus son don inné pour faire n’importe quoi en mangeant, même parler, parvenant, en soutenant une petite conversation en duo avec l’un ou l’autre, à ingurgiter autant de nourriture que ceux qui se taisaient, sans jamais postillonner, crachouiller, mal articuler ou même parler ostensiblement avec la bouche pleine. On avait consacré du temps à son éducation « extérieure ». Un « on » nommé plus précisément Sarissa, et qui n’avait pas vu de raison d’être plus tendre avec elle qu’avec sa féérique compagne. Les Fées étaient des filles formidables, leur princesse tout autant, mais « noblesse » était un mot totalement dénuée de sens pour elles tant elles en faisaient preuve par nature en toutes sortes d’occasions.

    Ce ne fût que vers la fin du repas, sirotant doucement un verre de vin après avoir reposé son couvert, qu’Ecand en revint finalement à ce qui avait été dit avant de manger. Ecand pouvait parler de choses et d’autres avec une libéralité parfois étonnante, et fragmenter une conversation en milliers de morceaux. En fait, ce n’était même pas qu’il pouvait. Il le faisait sans même y penser, et voilà tout. Ellianne avait imprimé sa marque sur lui sans doutes bien plus encore qu’il n’avait imprimé la sienne sur elle.


    « L’Élue m’as donné pour consigne de veiller à ce que ces deux jeunes personnes soient bien installées l’une et l’autre, ainsi que de vérifier qu’elles ne vous causeraient pas trop d’ennuis avant que vous ne les aillez prit en main. »

    « Hé ! »

    « Désolé, jeune fille, mais j’atténue encore grandement ce qu’elle m’a dit très exactement. Dame Ellianne me connait depuis très longtemps, et il lui arrive souvent de se laisser aller à différentes petites finauderies quand elle me parle… Plus encore que d’ordinaire. »

    Ecand était un homme simple, on l’a dit, et il avait rapidement appelé tous ses compagnons par leur prénoms, Lorrains comme Alwinionais. Pourtant, il disait toujours « l’Élue » pour Ellianne - il consentait à présent à lui donner du « Dame Ellianne », « Sa Grâce » ou « Sa Majesté » de temps à autres - et « le Maître » ou « Maître Medar » pour le Premier des Conseillers de celle-ci. Il en était généralement ainsi de tous les anciens anokiens, surtout s’ils avaient un rang quelconque, et plus encore des saint-medariens du temps de la Tribu - cette dernière catégorie se résumant véritablement à bien peu de personnes.

    « Je crains donc que vous ne deviens supporter ma compagnie encore quelques temps. Quand vous jugerez que je vous ais assez importuner et que je serais sûr que Siana les as bien reprit en main, je repartirais chez moi. Je ne sais pas encore pour l’escorte, mais je pense en garder au moins une partie. Cela me permettrait de laisser quelques personnes avec elles un petit moment si d’aventure mes affaires m’appelaient d’urgence. J’ai un Vicomté à gérer, et vous savez tous ce que c’est de gérer un territoire semi-autonomes. Il y a parfois des aléas… »

    Oh, il avait confiance dans les gens qu’il avait laissé en Mélovine s’occuper de ses affaires - sinon ils ne les y auraient pas laissé - mais il n’avait pas été nommé à ce post pour rien, non plus, et il savait bien que certaines choses devraient prendre le pas sur cette mission, le cas échéant.

    « Et sinon, à part ça, y a un dessert ? »
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    Message par Lupus Ven 11 Fév - 23:40

    Le temps que le petit monde se restaure, le soleil s'était définitivement couché. Par les fenêtres vitrées, l'on pouvait désormais voir un ciel sans nuage, étoilé, avec la traîne de la galaxie traversant le ciel. A cette altitude, et malgré leur distance réelle, les étoiles paraissaient un peu plus brillante que depuis les plaines d'Orkandia. La Pleine Lune elle-même paraissait également bien plus grosse, mais pour l'heure, elle était cachée d'un autre côté de la forteresse.

    Durant tout le repas, Lupus ne s'était pas départit de son léger sourire, un peu paternel. Il avait regardé manger les trois alwinionais et les deux lorrains comme une grand-mère pourrait regarder ses petits-enfants dévorer des plats préparés par elle: un air satisfait et aimant. Enfin, c'était là l'impression que Lupus donnait: quant à savoir si c'était réellement ce qu'il ressentait, c'était bien sûr une toute autre histoire.
    Les trois alwinionais lui plaisaient. Ecand était intelligent, et surtout direct. Les deux femmes étaient pour l'heure peu évaluées par ses propres yeux, mais le seigneur se reposait totalement sur Siana sur cette question.
    Vosgiens, lui, était par nature plus méfiant -et surtout, n'était pas fatigué. Aussi, il gardait au fond de lui une réserve, bien qu'il fisse tout pour qu'elle ne paraisse pas. Il était un peu comme un garde du corps qui voit des gens apparemment sympathiques s'approcher de son protégé: un peu aux aguets sous des airs de tranquillité. Enfin, ce n'était qu'un fond de ce sentiment qu'il ressentait présentement, trouvant agréable de parler avec les jeunes -plus ou moins, en réalité, bien sûr- alwinionais.

    Finalement, Ecand repartit sur les affaires. Lupus, c'était affreux de l'avouer, se forçait alors depuis déjà un temps à garder les yeux ouverts, clignant sans cesse de paupières. Vosgiens, lui, plus alerte, décortiquait les paroles de l'alwinionais.
    Et puis, quand la féline demanda la suite, Lupus se secoua un peu, cherchant lui-même à se réveiller, et avec un sourire toujours léger tapa deux fois dans ses mains. Des serveurs passèrent la porte avec quelques desserts divers: pour l'essentiel, c'était des tartes aux fruits: pomme, poire, mirabelle, myrtille, quetsches. Vinrent aussi quelques plats pâtissiers, et notamment des religieuses, et des espèces de napolitains. Les plats furent rapidement disposés, et les convives purent se servir posèment.

    Lupus se pencha alors un peu en avant vers Ecand, lui répondant de sa voix lasse:

    - Mon cher Ecand, sachez que vous n'êtes en rien importun. En fait, j'apprécie beaucoup l'idée que vous accompagniez Kalio et Valéria dans ce voyage. Vous me paraissez un jeune homme intelligent -d'ailleurs, la gamine vous a confié un vicomté, tout de même-, et je suis en fait heureux de savoir qu'il y aura au moins une personne de raisonnable pour garder les trois sœurs...

    Siana faillit s'étouffer avec sa part de tarte, et foudroya Lupus du regard. Celui-ci se contenta de sourire, un peu amusé.

    - Et puis, j'ai bien l'impression que vous êtes avide de savoir. Un grand bien. Et comme vous êtes un voisin, je veux que vous en sachiez autant que possible sur nous, vous aussi. S'il faut que lorrains et alwinionais vivent en paix, il faut nécessairement qu'ils se connaissent un peu...

    Vosgiens hocha légèrement la tête, marquant son approbation totale. Surtout sur le fait que quelqu'un de posé soit présent pour surveiller les trois gamines.
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    Message par Ellianne Ven 18 Fév - 18:33

    Ecand voyait à peu près toujours tout ce qui se passait autours de lui. Il avait été forcé d’apprendre à le faire, pendant bien des années, à la guerre et à la paix, par les événements qui s’étaient succédés comme des marées sur ceux à qui il avait voué sa vie et sur les endroits qu’il avait chéri de toute son âme, parfois heureuses, parfois funestes. Il avait apprit, bien des années plutôt, dans le malheur et les larmes, à faire attention au moindre signe corporel. La Peste Rouge le lui avait appris, et cela avait été une bien dure leçon pour lui. Kalio avait le don naturel et impossible à raté des Fées d’Alwinion pour accrocher les moindres détails et les plus petites nuances de son regard carmin, cette faculté qui semblait particulièrement exacerbée dans la Maison des Alwine, et qui était sans doutes pour beaucoup dans les qualités de généraux qui s’étaient développée au fil des âges. Quant à Valéria, même si elle semblait fort absorbé par le repas, elle avait prouvé plus d’une fois qu’elle ratait rarement quoi que ce soit d’important, pour tout un tas de raisons, où l’instinct et ses sens animaux jouaient probablement une part tout à fait respectable.

    Tout cela pour dire qu’aucun ne passa à côté des signes de fatigues évidents de Lupus ou même de la tension sous-jacentes de Vosgiens. On jugeait souvent les deux damoiselles immatures - on le leur avait fait savoir plusieurs fois rien que ce jour-là - mais il ne fallait pas croire que l’Alwinion envoyait n’importe qui chez les Lorrains, qui jouaient une grande part dans la protection de la frontière orientale de l’Empire Eternien. Elles étaient deux des éléments les plus prometteurs de la « jeunesse » alwinionaise. On notera au passage la large gamme d’années recouvertes par le terme « jeunesse » dans les Bois des Brumes et les terres maintenant rattachés à eux, tant était diverse la société qui y vivait. De nombreuses races étaient établies dans la Forêt depuis des siècles ou plus, et Ellianne, qui avait reçue ses premières notions de politique et de gouvernement dans l’ancienne Citadelle d’Anok, n’avait fait que renforcer cette mixité en ouvrant grand les frontières à tous les êtres dignes de confiances et utiles qui pouvaient bien vouloir y venir, phénomène encore beaucoup plus attractif maintenant que les territoires sous sa coupe étaient ressortit de l’unique catégorie : « enfer cotonneux de brouillard permanant et presque vivant, remplie d’arbres et de ruines glauques ».

    Aucun des trois ne fit le moindre commentaire sur leurs hôtes, car s’étaient des gens bien élevés, après tout. Par contre, l’arrivée des desserts suscita un petit ronronnement de joie - on ne visera personne, mais ce n’est pas non plus une précision vraiment nécessaire - et les allusions à un certain manque de raison chez certaines personnes par un grand sourire et deux moues boudeuses. Lesquelles furent un peu atténuées tout de même par la suite. Ecand écouta avec attention le Duc de Lorraine, approuvant ses diverses paroles de quelques hochements de tête, tout en se servant d’une part de tarte dont il préleva une bouchée avant de répondre, peut-être légèrement pensif.


    « Je vous remercie de ces compliments, Lupus. Quoique je doutes que l’Élue ait réellement pris en compte des critères aussi mesquins que mon intelligence ou mes compétences quand elle a choisis de me bombarder Vicomte. Ce sont des considérations bien trop basse pour Son Impérial esprit. Disons plutôt qu’elle devait être contente de me revoir, et que Maître Medar a dû ensuite trouver une raison à ce soudain titre qui me tombait sur le coin de la figure… Il n’y avait personne pour s’occuper de ces terres, à l’Est, alors il m’a collé ça sur le dos… »

    Un doux sourire s’inscrivit sur son visage rude, un sourire beaucoup plus vieux que lui. Il n’était plus le jeune homme innocent qu’il avait été, même s’il était encore loin d’être vieux, et les années lui semblaient peser chacune comme une décennie sur ses épaules mortelles. Il aimait Ellianne plus que tout autre vivant, et il aurait sacrifié sa propre vie ou l’univers entier jusqu’à la plus lointaine étoile pour Medar, mais il lui arrivait de se sentir las, terriblement las. Il regrettait… ah, tant de choses ! Et tellement de temps du passé… Mais il continuerait encore, et encore, par devoir, et par amour.

    « J’avoue également mon amour du savoir. Il faut aimer le savoir quand on vous l’enfonce à grand coup de pied dans le derrière, sans quoi on n’arrive pas très loin. Je crois que c’est pour ça que j’ai été le seul à survivre longtemps à l’enseignement de Calarenne. Tous les autres n’ont pas appris assez vite, et il n’y a jamais eût la moindre cession de rattrapage avec lui… »

    Peut-être était-ce le lieu, l’heure, le repas, la fatigue de la journée ou le voisinage de ces gens, il n’aurait su dire, mais il sentait tous les poids de ces années décuplées peser sur lui, et son regard exprimait une lassitude qui n’était pas à sa place chez un homme mortel, car elle n’aurait jamais dû avoir le temps de germer en une vie d’Homme. Il prit une profonde inspiration et se secoua. Ce n’était pas le temps ni le lieu pour ça, et il était trop terre-à-terre pour se laisser aller longtemps à la lassitude alors qu’il y avait des choses à faire, ou à dire.

    « Je serais grandement honoré d’en apprendre plus sur votre peuple qui garda si longtemps ses distances avec le reste du continent Orkandien. Et vivement intéressé, aussi. Ces deux damoiselles m’ont parlé de vous, mais j’ai toujours aimé voir les choses de mes yeux, et dans toutes la complétitude qu’elles pouvaient m’accorder. »

    Il s’essaya, et réussi, à un sourire un peu plus convainquant, mais qui redevint vite pensif. Son esprit était loin, très loin, sur les remparts de cette cité qu’il avait appris à aimé de toute son âme, qu’il avait vue être tirée de rien, et retourner à rien. Il était à une heure bien précise, d’un jour bien précis, sur ces remparts noirs et austères qui protégeaient le cœur de sa vie, où il avait reçu la bien dure leçon que toutes les choses n’étaient pas bonnes à entendre. Un soupir lui échappa.

    « J’ai bien peur, toutefois, de ne pouvoir jouir de ce privilège aujourd’hui. Je vous serais reconnaissant de m’excuser et de me montrer mes appartements. Je crains d’avoir besoin d’être un peu seul, si vous n’y voyez pas d’inconvénients. Il y a des choses… bah, ce n’est pas important. Si vous aviez la bonté de me faire conduire quelque part ou je puisse me reposer, la nuit chassera ces tourments de rien, bien inexcusables, enfantés par une fatigue que mon inconséquence fait sans aucuns doutes grossir démesurément. »

    Son sourire n’était même plus un peu convainquant, maintenant, et il retomba bien vite. Il laissa son morceau de tarte à moitié mangé sur son assiette, et son regard se perdit dans le lointain. Oui, c’était le lieu, il le voyait maintenant. Ce n’était pas le bon lieu pour se souvenir, mais le lieu l’avait quand même rappelé à ses souvenirs, et la conversation n’avait pas aidé, que du contraire. Mais ce n’était pas de leur faute. Oh, par Hadès, Chaos et les Flammes Immortelles… Il regrettait tant…
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    Message par Lupus Sam 19 Fév - 0:13

    Siana et Vosgiens s'entre regardèrent, puis Siana fixa Kalio et Valéria, tandis que Vosgiens jetait un coup d'œil à Lupus. Mais ce dernier se contenta de conserver son léger sourire. Il n'était, dans le fond, que trop content de pouvoir prétexter cela pour se retirer...

    - Je vais vous raccompagner, moi-même. Hersius, Raïs ?

    Deux gardes en vêtements de toile noire, simplement l'épée au côté et les bottes aux pieds, entrèrent dans la salle à manger.

    - Aidez le vicomte au besoin, et suivez-moi.

    Les deux gardes s'approchèrent se placèrent de chaque côté du vicomte, un peu en retrait. Lupus se leva également, appuyant lourdement ses bras sur la table pour réussir à se lever, puis les quatre hommes disparurent par une porte.

    Les deux Elemanquia se regardèrent à nouveau, un peu interloqués, puis se tournèrent vers les deux alwinionaises.

    - Euh...si nous passions sur le balcon ? A moins que vous ne préfériez rejoindre vos chambres ?

    Vosgiens n'attendit pas la réponse et sortit sur la balcon qui dominait la forteresse -et donc toute la montagne même, et donc les environs-, par une porte dans le mur, où il s'arrêta et fixa, pieds écartés, la Pleine Lune, face à lui, les yeux jaunes plongés dans une réflexion intense. Siana se leva et s'approcha des deux autres, leur posant à chacune une main sur l'épaule, se voulant rassurant -et, peut-être, ayant un peu besoin d'être elle-même rassurée.

    - - - - - - - - - -

    Lupus poussa sur la porte, et la chambre se révéla. Elle était assez modeste -et pourtant, tellement luxueuse aux yeux d'un lorrain !-, meublée d'un confortable lit double recouvert d'épaisses couvertures blanches, d'une table de travail avec sa chaise -dessus, un encrier, une plume et une pile de parchemins vierges-, et d'une grande armoire de bois sombre et d'un coffre, tous deux destinés à accueillir les affaires du logé. Une fenêtre vitrée, dont les volets battants en métal étaient fermés, donnait sur le Sud.

    - Voici votre chambre, Ecand. Reposez-vous bien.

    Les trois lorrains sortirent, puis les deux gardes firent face à Lupus.

    - Raïs, restes ici, à la disposition du vicomte. Fais mander les ambassadrices et le médecin s'il te semble qu'il lui arrive du mal.

    Raïs, au teint hâlé et aux petits yeux d'un brun rougeâtre, avec une courte barbe et des cheveux mi-longs, hocha la tête.

    - Hersius, relèves Raïus à quatre heures.

    Hersius, également le teint hâlé, mais les yeux gris, portant une moustache énorme et un bouc, mais la tête totalement rasée, acquiesça à son tour, puis disparut dans un couloir. Lupus jeta un regard à la porte de la chambre d'Ecand, et murmura:

    - Reposez-vous, Ecand...reposez-vous. Et soyez certain qu'Ellianne est plus intelligente que vous le pensez. Enfin, j'espère.
    - Monseigneur...qu'a-t-il, selon vous ?
    - J'espère que ce n'est rien de plus que ses propres pensées, et la fatigue du voyage...peut-être un coup de froid, aussi. Enfin, veillez-le bien, Raïs.

    Lupus se détourna, posant une main confiante sur l'épaule de Raïs, puis s'en alla à son tour. Le garde s'appuya dos au mur, à côté de la porte, bras croisés

    Lupus arriva au détour d'un couloir. Il s'appuya du bras contre le mur, respirant soudain avec difficulté. Il lui fallut cinq bonnes minutes avant de pouvoir se redresser, et, le pas titubant, il s'avança vers sa propre chambre, tournant dans plusieurs couloirs, la tête lui tournant.

    - Eh bien...deux malades...j'espère au moins qu'Ecand n'a rien de ce que j'ai...

    Lupus ne rencontra, heureusement pour lui -ou pas ?-, personne. Une lourde porte de bois finit par se refermer derrière lui, et une minute plus tard, allongé sur un lit lorrain, il sombrait dans des cauchemars éveillés...
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    Message par Ellianne Ven 25 Fév - 18:02

    L’attitude des Lorrains sembla pour le moins incongrue à Ecand. Il y avait quelque chose qui avait dû lui échapper, quelque part, pour qu’on lui adjoigne deux « aides » juste parce qu’il avait exprimé le désir de gagner sa chambre un peu avant l’heure. Peut-être que c’était un tabou lorrain que de demander à se retirer, mais cela lui semblait tout de même rudement tordu, pour le coup. Toutefois, c’était un homme polit, et il avait trop de choses en tête pour commencer à poser des questions, aussi se contenta-t-il de suivre Lupus sans faire attention aux deux gardes. Il ne fit même pas remarquer que, selon toutes les apparences, c’était le Duc qui aurait bien eût besoin d’un soutient, contrairement à lui. Décidément, ces habitants de l’Est-Orkandia étaient vraiment tordus par moment, pour aller donner aux autres une aide dont-ils auraient eût besoin. C’était comme si un vieillard avait prêté sa canne à un bien portant pour clopiner péniblement à côté de lui. Ah, les nobles et leur fierté déplacée…

    Leur incongru petit groupe fini par arriver à une porte qu’ouvrit Lupus, découvrant une chambre simple et correcte, avec tout ce qu‘Ecand jugeait lui-même nécessaire à une bonne chambre - il y manquait peut-être un bassin d‘eau pour se rafraichir, mais qui était-il pour pinailler comme ça ? - et pas grand-chose de trop. Au moins, s’ils manifestaient visiblement des accès de fierté encore plus débiles que les nobles du reste d’Eternia, ils avaient visiblement bel et bien les goûts justes qu’on lui avait décrit en matière d’ameublement. À moins que ce ne fût que pour la galerie, allez savoir…


    « Voici votre chambre, Ecand. Reposez-vous bien. »

    « Merci, Lupus, et je vous en souhaites autant. Vous semblez en avoir autant besoin que moi. »

    Voilà, cela avait été dit avec toute la politesse et le tact qu’il avait en stock. Il inclina la tête devant le Duc et se glissa dans sa chambre, qu’il parcouru à nouveau du regard. En fait, il n’était pas vraiment fatigué, et il le savait aussi bien que toute personne avec les yeux en face des trous. Il sourit doucement en avançant vers la table. Ils avaient visiblement leurs travers - c’était rassurant - mais les Lorrains avaient vraiment bon goût pour certaines choses, ou alors une étrange intuition. À moins qu’ils n’aient un dossier sur lui, bien entendu. Un instant, la pensée qu’il était peut-être mis aux arrêts, avec ces deux gardes qu’on avait si expressément fournis « pour veiller sur lui » lui traversa la tête, mais il se contenta de sourire un peu plus, un sourire qui n’avait pas grand-chose d’honnêtes. Sa vie n’avait, au sens propre comme au figuré, aucune valeur. Cela aurait été bien stupide, mais il ne voyait pas ça comme dans le genre des Lorrains. D’accord, ils avaient un honneur des plus malléables, mais tout de même, ils manquaient beaucoup trop de style pour une manœuvre si complexe…

    Souriant toujours, un sourire maintenant un peu mélancolique, il prit une feuille, déboucha l’encrier et y trempa sa plume. Puis il se mit à écrire, et les mots coulaient de la pointe de son instrument comme un fleuve inextinguible, formant phrases et paragraphes avec ainsance. Écrire lui avait toujours fait du bien, beaucoup de bien, et Chaos savait s’il en avait besoin, quand il plongeait ainsi dans ses regrets et ses souvenirs de ce qui n’était plus que des ombres agitant sa mémoire…

    *****************************************

    Kalio et Valéria, restées avec le Comte et la Comtesse Elemanquia, n’y comprenaient pas grand-chose de plus, malgré la connaissance un brin plus poussée qu’elles avaient de la société lorraine. Elles levèrent plusieurs fois le sourcil et rendirent à Siana un regard qui oscillait entre franche incompréhension et soupçons d’un truc pas net.


    « Heu… Ca va ? Vous vous sentez bien tous les deux ? »

    « Tu nous aurais caché qu’il était interdit de se retirer à l’avance, la société p… lorraine ? »


    La féline éclata de rire et leva les yeux au ciel en marmonnant quelque chose dans sa propre langue, avant de retourner s’intéresser aux desserts restés sur la table avec un doux ronronnement de gourmandise, l’air pas préoccupée ou inquiète pour deux sous.

    « Tient, explique toi avec nos amis canins, moi je vais enquêter voir si la tarte n’était remplie d’un poison rare, puisqu’ils ont l’air tellement inquiet pour notre si mignon ami. On sait jamais, c’est peut-être mortel que pour les humains. »

    « Val’, tu n’es pas plus humaine que moi. »

    « Donc je ne risque rien, tu vois. Mais les félins sont plus doués que les toutous pour flairer les trucs nocifs, je t’assure. »

    « Mais oui, c’est ça… »

    Le ton de l’ambassadrice archiducale avait d’abord été franchement moqueur à l’adresse de Siana, puis remplit d’une mauvaise fois outrancière destinée à sa collègue impériale, qui se contenta de sourire, de l’air à la fois attendri et amusé qui était généralement destiné tout spécialement à Valéria.

    « Incorrigible… Bon, sérieusement, tu nous explique ce qui cloche où vous comptez tous tirer une tête d’enterrement en bande pour le restant de la soirée ? »

    Kalio leva un sourcil interrogateur à l’attention de son amie, s’étant dégagée de son étreinte presque gênante tant elle était incongrue en même temps que sa féline compagne, qui en avait profité, dans le même mouvement, pour aller réaliser ses « vérifications » sur les tartes et autres desserts. Elle hésitait entre le sardonisme et l’interlocation devant le comportement soudain franchement irrationnel de leurs hôtes, et spécialement de Siana, chez qui la chose l‘étonnait encore plus.
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    Message par Lupus Sam 26 Fév - 4:14

    Siana fixa tour à tour ses deux amies, puis Vosgiens, par l'ouverture donnant sur la balcon, qui haussa les épaules, l'air légèrement dubitatif. Puis elle passa sous sa masses de cheveux blond sa main, se massant le cou, et répondit, l'air un peu perdue:

    - Euh...c'est que, nous pensions que...Ecand était un peu, disons...malade ? Je ne sais pas: un regard perdu et une soudaine demande de se retirer, ça nous paraît être un malaise maladif, non ?

    Elle tourna à nouveau son regard vers Vosgiens.

    - Ou alors, on est sous la pression à cause de Lupus...

    Elle soupira, et secoua légèrement la tête.


    - Ma foi, on se sera trompés, désolée. On est peut-être trop sur les nerfs, ces temps-ci...


    Elle sourit un peu à l'adresse de la féline.

    - Quant à nos plats, je ne pense pas que tu ait quoi que ce soit à craindre, Val'...les lorrains sont par nature incorruptibles, et aucun n'a un intérêt rationnel à vous éliminer. Et je ne détectes rien, ce qui est un gage de sécurité suffisant, quoi que tu puisses affirmer.

    Évidemment, la canine s'était mise à taquiner la féline...
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    Message par Ellianne Ven 4 Mar - 18:15

    Kalio eût un éclat de rire spontané et argentin, plus amusé que moqueur, comme souvent avec elle. Il lui arrivait parfois d’être onctueusement sardonique, mais elle ne se moquait jamais vraiment, sauf à dessein, bien sûr. Ici, ce n’était qu’un éclat d’amusement, aussi beau et cristallin qu’une myriade de clochette d’argent bruissant sous la brise, à la manière des Fées de l’Alwinion.

    « Définitivement, vous être bizarres. Dans les sociétés civilisées, voyez vous, les gens éprouvent parfois de la lassitude après une longue route parcourue, alors qu’ils ont mangé et bu plus que de raison. Et, m’a-t-on dit, car bien sûr dans l’auguste compagnie du Peuple cela ne saurait advenir, il arrive aussi que ces outrecuidants aient l’audace d’exprimer publiquement ladite lassitude, préférant l’avouer que d’en porter le lourd fardeau. »

    Le doux sardonisme qui était le sien par moment repointait le bout de son nez, alors que son regard pétillant traduisait le peu d’importance qu’elle accordait à l’incident. Pour le plaisir, elle en remis toutefois une bonne couche, histoire d’être sûre.

    « Onc n’oserais-je avancé l’audacieuse hypothèse assurément infondée que dans l’infortunée société qui a établit sa domination sur ce riant pays de montages et de vallées les nobles seigneurs et gentes dames soient trop policés, guindés et raides étant des mots qu‘aucun homme ne pourrait appliquer à un digne Fils de la Lorraine, pour exprimer de si cavalière façon leur lassitude, icelle étant peut-être jugée inconvenante, nonobstant l’évident intérêt à s’en défaire au plus vite ou, tout du moins, à ne la faire subir qu’au vide des appartements privés. »

    Son sourire étincelait littéralement, et Valéria émit un bruit fort peu inconvenant pour une dame digne de ce nom en se retournant à demi de la table où elle était occupée.

    « On se calme là, les enfants. J’ai eût assez de salamalecs pour la journée moi ! »


    « Voyons, gente Dame, T’aurais-je… »

    « Kalio, tu la vois cette part de tarte, hein ? Tu veux vraiment tester mon habilité au tire alimentaire en risquant de te la ramasser dans la tronche ? »

    « Je suis entourée de brutes ! »

    « Mais oui, c’est ça… »

    L’ambassadrice archiducale avait reproduit à merveille le ton qu’avait eu un peu plus tôt sa collègue impériale pour prononcée les mêmes paroles, et la Fée éclata à nouveau de son rire d’argent et de cristal, ses yeux rouges pétillants plus que jamais.

    « Tu es pire que moi, par moment. »

    « Tu t’ennuierais, sinon ♥ »

    « Sans doutes que oui, en fait. »

    Et elle rit à son tour, rejointe bien vite par son amie. On aurait dit qu’elles avaient passées toutes leurs vies à se chamailler et se lancer des piques amicales pour terminer sur des éclats de rire.

    « Bon, plus sérieusement, Ecand va très bien, j’en mettrais ma main au feu. C’est un soldat : si ça allait mal, il l’aurait dit. Ce n’est pas le genre d’homme à faire des cachoteries pour le plaisir ou à donner dans la demi-mesure. »

    « Moi non plus, d’ailleurs. C’est pour ça que, quoi que tu en dises, ma veille, je vais vérifier moi-même la nourriture de messire le Comte ! »
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    Message par Lupus Sam 5 Mar - 0:07

    Siana secoua la tête d'un air désespéré en écoutant ses amies -mais elle ne pouvait retenir un immense sourire qui éclairait son pâle visage.

    - Ma damoiselle l'Ambassadrice Impériale, ma damoiselle l'Ambassadrice d'Alwinion, nous autres lorrains sommes gens pragmatiques, forts, endurants, rationnels. Je vous convie donc à bien comprendre que lorsque nous demandons à nous retirer, ce n'est jamais autrement que sous l'emprise d'un problème si éminent qu'il altère de toute évidence et de façon conséquente nos capacités mentales ou physiques. Une simple fatigue, même excessive, ne saurait selon nous rentrer dans une telle catégorie: certains de nos hommes se sont déjà écroulés sur un champ de bataille, atteints de la seule fatigue, ayant refusé de se retirer plus tôt des combats au profit d'hommes plus frais.
    Par conséquence, une simple fatigue n'aurait pu, à nos yeux, expliquer que le Sire Vicomte Ecand se retire ainsi, et il nous est apparut, de par les normes de notre propre peuple, qu'il ne pouvait qu'être malade. Je vous prie donc d'accepter nos infinies excuses pour cette erreur absolument intolérable que nous avons commise, et...

    Siana et son ton guindé furent soudain interrompu par ce qui sembla un grognement, mais qui n'était autre que Vosgiens qui se ramenait pour ronchonner de sa voix rauque:

    - Bon, Sia', au lieu de dire des âneries, je pense que tu pourrais simplement leur dire qu'on a gaffé, non ? Ce serait plus simple.

    Le vieil homme croisa les bras, ses yeux jaunes se fixant tour à tour sur chacune des trois femmes. Puis, soudain, il s'arrêta sur Kalio, et un sourire tira une partie de ses nombreuses cicatrices faciales.

    - Dame Kalio, hormis pour Dame Valéria et Sire Ecand, pour lesquels je ne me prononcerais évidemment pas, je puis vous affirmer que, puisque vous n'êtes en-dehors d'eux entourée que de lorrains: oui, vous êtes environnée de brutes.

    Le rire qui suivit semblait être simplement une respiration courte et essoufflée. Mais pourtant, à la façon dont Vosgiens secouait les épaules, on comprenait qu'il riait. Drôle d'humour, en vérité. Siana adressa une grimace blasée à ses amies.

    - Hum...Je crois finalement qu'il n'y a pas qu'Ecand et Lupus qui soient fatigués...

    Vosgiens vit sa grimace, et cessa aussitôt de rire.

    - Bon, dans ce cas, je vais également me retirer. J'ai encore une tonne de parchemins à vérifier et signer avant que les messagers ne partent à la cinquième heure du matin, quand le chemin de la forteresse sera suffisamment praticable pour être emprunté sans danger. Les affaires administratives ne cessent pas parce que des ambassadrices arrivent.

    Il inclina la tête avec profondeur vers les deux alwinionaises...plus profondément, sans doute, et assurément avec moins de rigueur protocolaire, qu'il ne l'aurait fait devant des officiers de l'Armée Impériale ou d'autres alwinionnais...peut-être même l'Impératrice n'aurait-elle pas eu droit à ce qui était, de la part du vieillard réservé et "un peu" hautain, un véritable de geste de respect et de...sympathie ?

    - Je vous souhaite une bonne nuit, mes damoiselles. Nous continuerons nos affaires demain.

    Avec une autre inclinaison de la tête, Vosgiens se glissa par une porte et disparut.
    Siana se tourna vers ses amies.

    - D'habitude, il me fait la bise...'faut croire qu'il me boude et m'a inclue dans les "damoiselles".

    Elle sourit.

    - Bon, ma foi...je vous laisse le choix: on continu à discuter de ce qu'il vous plaît, ou je vous montre vos chambres, les filles ?
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    Message par Ellianne Ven 18 Mar - 17:42

    Les deux compères échangèrent de grands sourires en entendant le petit manège de Siana, amusée de voir leur amie rentrer dans le jeu, et tout autant de suivre l’échange entre les deux loups. Elles rendirent ensuite gravement son salut à Vosgiens. L’un dans l’autre, elles l’aimaient plutôt bien, mais on leur avait tout de même recommandé de s’en méfier, ses convictions étant jugées peu favorables à l’Empire. Peut-être bien que les côtoyer le ferait changer quelque peu d’avis, on pouvait rêver, mais, en attendant, elles n’avaient pas prise la consigne à la légère, et toute cordiale que puisse être leur attitude, elles n’en avaient pas oublié qui elles étaient et ce qu’elles faisaient là. Une fois le vieil homme partit, le duo d’ambassadrices se tourna vers Siana, de fins sourires sur leurs belles lèvres.


    « N’empêche que c’est bien ce que je disais : votre peuple a de graves problèmes au niveau de sa synergie avec le reste des êtres pensants de ce monde. »


    « Parce que tu trouves que nous on est synergiques, hein ? »


    « Justement : ils sont pires que nous, c’est donc que c’est très grave. »


    « Il faut toujours que tu retombes sur tes pattes, hein ? »


    « Tu crois quoi, j’suis pas un félin pour rien. »


    La Fée leva au ciel les étendues jumelles de son regard carmin, dans un geste qu’elle accomplissait plusieurs fois par jour. Tels étaient leurs rapports, et, en fait, elles n’auraient voulu changer cela pour rien au monde, même si elles l’avaient pu.


    « Mouai… N’empêche que, je crois que la suggestion de Sia’ n’est pas dénuée de bon sens. Tu n‘aurais visiblement pas volé une bonne dose de sommeil. »


    « Dis plutôt que tu dois faire ton jardin. »


    « Aussi, ce n’est pas faux. »


    « Ah, ces Fées ! Allez, c’est bon, je viens avec toi ! De toute façon, maintenant que j’ai le ventre bien plein, je ferais bien une p’tite sieste. »


    « La nuit on appel ça dormir, ma chère. »


    « Bof. Qu’est-ce que la nuit et le jour pour un Vaérindel ? Le Soleil et la Lune poursuivront bien leur course sans moi, et peu me chaud, dans le fond, de savoir lequel du Seigneur ou de la Dame établit sa cours sur le riant firmament qui est la marque abjecte de la condition de ce monde, de part sa pâle clarté sans barrière. »


    « Oulà, il faut vraiment qu’on aille dormir, on dirait. Que je parle bien, ça va. Sia’, passe encore. Mais toi, ça commence franchement à devenir grave. C’est que tu vas devenir civilisée si tu continues à de débrumer le cerveau ! »


    « Ah ! Ah ! Ah ! Très drôle, je t’assure… »


    Et elles continuèrent leur petite joute encore un moment, jusqu’à ce que Siana se mette en route pour les mener toutes les deux aux chambres que leurs hôtes avaient préparer pour les fantasques ambassadrice qu’Ellianne avait choisit de dépêcher chez eux…

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    Message par Lupus Ven 25 Mar - 11:43

    Le chemin entre la salle où la petite compagnie avait mangé et les chambres des ambassadrices -accolées l'une contre l'autre, et juste à côté de celle d'Ecand- ne fut pas long. Pourtant, dans les couloirs de pierre sombre éclairés par des torches ou des cheminées placées régulièrement, les trois femmes croisèrent pas moins de quatre patrouilles de cinq gardes en seulement trois minutes de marche. Cela semblait toutefois tout à fait normal, car Siana ne réagit pas -et après tout, pour la forteresse principale des lorrains, c'était quelque peu logique- et continua à converser normalement.

    - Il n'empêche, Kalio, je suis d'accord avec Val'. La nuit, le jour...bof, y'a pas de grande différence, si ce n'est la luminosité. Nous autres lorrains faisons la différence juste parce que c'est pratique pour définir le passage d'un cycle d'une journée à l'autre, c'est-à-dire pour, tout simplement, faire un calendrier...

    Elle sourit. Après tout, elle était lycanthrope, et les loups ne vivaient ni seulement la nuit, ni seulement le jour...

    - Bon, je dois avouer que l'histoire de la course sur le riant firmament, que j'ai pas réussis à retenir d'ailleurs, était tout de même de trop, c'est vrai.

    Elle passa un bras autour de la féline, et l'embrassa sur la joue après l'avoir attirée contre elle. Eh, 'fallait pas que Valéria se vexe, quand même !
    Elles arrivèrent enfin devant les portes des chambres, que Siana ouvrit en clanchant la porte. Cela découvrit des pièces assez simples mais vastes, exactement comme celle d'Ecand. La marque d'adaptation pour les alwinionais était tout de même les lits doubles de première qualité que comportaient chacune des trois chambres...et par "première qualité", ce n'était pas aux seuls yeux des lorrains.

    - Voilà vos domaines. La porte juste à droite, là...

    Elle désigna de la main la porte suivante sur le même mur.

    - ...c'est la chambre d'Ecand. Vous avez une serrure sur vos portes, avec la clef à l'intérieur...j'ai jamais eu de problèmes de voyeurs, mais vous pouvez tout de même être méfiantes.

    Elle leur adressa un clin d'œil amusé, puis les embrassa tour à tour.

    - Aller, je file. J'ai aussi deux-trois trucs à faire avant d'aller me coucher. Dormez bien, mes amies, et si y'a besoin de quoi que ce soit, sortez dans les couloirs en hurlant, y'aura bien un garde pour rappliquer et vous demander ce dont il y a besoin. Quand vous serez réveillées, y'a une salle de toilette juste là...

    Elle désigna la porte en face des chambres des trois alwinionais.

    - ...avec bacs, eau froide et chaude, et tout c'qui faut. Ensuite, rendez-vous à la salle à manger pour le petit déjeuner, je pense que vous aurez aucun problème à vous orienter, et au besoin demandez aux gardes. On y sera, Vosgiens et moi.

    Elle s'en fut de son long pas de grand bout de femme, ses bottes de cuir marquant la régularité du pas martial quel avait adopté depuis très longtemps déjà. "Deux-trois trucs", c'était en fait une jolie pile qui allait certainement la maintenir éveillée encore deux bonnes heures, pour le moins.
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    Message par Ellianne Ven 8 Avr - 18:04

    Les deux jeunes femmes avaient suivit en riant Siana, répondant à ses petites piques tout en plaisant entre elles. Un bon repas, des amies, c’était plus qu’elles n’en demandaient pour être heureuses, et aucune des deux ne se formalisa le moins du monde à propos des patrouilles que leur petit groupe croisa dans les couloirs. C’était bien le genre de Lorrains d’être aussi militaristes, et puis après tout c’était leur première place-forte, tout de même. Elles découvrirent avec plaisir des chambres toutes simples mais bien assez confortables à leur goût, meilleures, leur semblait-il, que celles qu’on leur avait alloué au temps de leur formation. Elles écoutèrent en souriant les recommandations et les consignes de Siana, tout comme en ce temps-là, aillant apprit à faire confiance à ses paroles claires et précises qui leur avaient toujours suffit depuis qu’elles se connaissaient.

    « Bonne nuit, Sia’. Ne te surmène pas trop avec tes « deux trois trucs », hein. Il faut que tu sois en forme demain matin pour le petit déjeuné. »

    « Exactement. Dors bien, ma chérie. »

    Chacune embrassa la femme-louve en retour, puis elles se tournèrent l’une vers l’autre en souriant doucement, heureuse d’être là malgré le château de pierre propre à les emprisonner. Elles avaient eût le temps de s’habitué à pire pendant leur formation, mais aussi depuis que le territoire alwinionais ne se cantonnait plus à l’antique Forêt des Brumes.

    « Toi aussi dors bien, Val’. Fais de beaux rêves… Ou passe dans la chambre d’à côté pour voir si Ecand est partant pour les concrétiser. »

    « Ah, ah. Très drôle, Kalio. Toi, ne passe pas la nuit à faire de ta chambre une serre, oki. Je veux que toi aussi tu sois en forme demain. »

    « Ne t’en fais pas, va, je serais bien réveillée demain. Allez, bye. »

    « Bye. »

    Elles s’embrassèrent et rentrèrent chacune dans leur chambre, aucune des deux ne jugeant utile de la verrouiller. Les Fées vivaient en communauté et les tanières des Vaérindel n’avaient jamais connu de portes… Valéria s’empressa de se changer en un gros chat et de sauter sur le lit pour se blottir dans les couvertures. Une fois bien mise, elle ferma les yeux et s’endormit aussitôt, comme elle savait si bien le faire. Sa consœur impériale, elle, sortit plutôt des bagages qui avaient été apportés par les Lorrains des pots de terre, où elle planta une partie des graines qu’elle transportait sur elle. Elle commença ensuite à chanter très, très doucement, de façon inaudible même pour ses voisins. Et les graines se mirent à germer, et les plantes à pousser. Une partie, des plantes grimpantes, tapissa bientôt les murs et le plafond d’un fin treillis de verdure, alors que les autres s’épanouissaient dans leurs pots. Alors, se ressourçant dans cette bulle de vie au cœur de la pierre, la Fée s’endormit-elle d’un sommeil infiniment plus réparateur que celui qu’elle avait eût depuis le début du voyage…

    *****************************************

    Ecand avait écrit une bonne partie de la nuit, pourtant, en bon soldat, il se réveilla dès que Kalio toqua légèrement à sa porte, jugeant l’heure de se lever venue. Valéria fût un peu plus difficile à tirer du lit, et un peu grognonne après que son amie l’ait fichue à terre avec sa couverture, ce qui fit que le Vicomte fit ses ablutions en premier, suivit de la Fée. La féline, elle ne se sentait pas d’humeur à autre chose que sa toilette naturelle, qui la rendit parfaitement propre du reste. Elle ne prenait des bains que rarement, et plus pour se détendre qu’autre chose. Le trio d’alwinionais se mit ensuite en route vers la salle à manger, qu’ils trouvèrent sans problème en demandant deux fois la direction à des gardes qu’ils croisèrent et qui les renseignèrent volontiers. Ils entrèrent donc dans la salle à manger, plus frais et dispos que la veille, les deux filles espérant vivement y retrouver leur amie, ainsi que, pour Valéria surtout, un bon petit déjeuné, soucis quelque peu partagé par Ecand...
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    Message par Lupus Jeu 14 Avr - 21:53

    Vosgiens était assit, vêtu de ses vêtements noirs tirés à quatre épingles, mangeant une énorme tartine de pain beurrée, tout en fixant les yeux sur le parchemin qui culminait sur une haute pile posée sur la table, une plume dans l'autre main, écrivant frénétiquement. Il salua les trois alwinionais en inclinant la tête, réussissant à grimacer un sourire malgré l'énorme bouchée qu'il mâchait lorsqu'ils étaient entrés; évidemment, il ne pu se laisser aller à un "bonjour", au risque de s'étrangler.
    Si Vosgiens était parfaitement réveillé, actif et ayant même peigné sa crinière et sa barbe, sa voisine et descendante n'était pas vraiment dans le même cas: à moitié endormie, Siana chancelait presque sur sa chaise, devant un broc de lait fumant, ses cheveux d'un blond presque blanc en tous sens. Elle s'adressait à Vosgiens, qui ne l'écoutait de toute évidence que d'une oreille assez inattentive, hochant ici ou là la tête:

    - ...ment pas raisonnable. L'exploitation de cette mine devrait se faire vers le Sud-Est, pas vers le Sud. Y'a le fleuve qui passe trop près. Et Partinius m'a dit que pour la forêt, y'avait surexploitation: Coranam devrait se calmer ! Oh, salut, les amis...

    Il lui avait tout de même fallut quelques bonnes secondes pour capter que les alwinionais était là. Elle se leva en poussant des mains sur la table, et alla tous les embrasser sur chaque joue, y compris Ecand, les yeux mi-clos par la fatigue.

    - Installez-vous...y'a du pain, du beurre, toutes sortes de confitures et de gelée, du lait...je peux faire apporter d'autres choses, si vous préférez...

    Vosgiens en avait enfin terminé avec sa tartine, et il tendit la main pour se remplir un petit verre d'un liquide transparent comme de l'eau -de la liqueur de prune, en vérité.

    - Bonjour, damoiselles, sire. Désolé, je manquais de m'étouffer.

    Sa bouche s'étira légèrement pour faire un sourire en coin.

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